Aliaksandr Klimenka est un personnage sulfureux, connu pour son implication dans la défunte bourse crypto BTC-e. Arrêté en Lettonie fin décembre, extradé dans la foulée, il a comparu hier devant un tribunal de San Francisco. Klimenka et d’autres sont accusés d’avoir blanchi plus de 4 milliards de dollars sur leur exchange, dont les serveurs étaient gérés depuis les Etats-Unis.
Le fondateur de la défunte plateforme BTC-e devant la justice américaine
Le nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Et pourtant, BTC-e était un haut lieu d’échange de cryptoactifs de 2011 à juillet 2017. Son aspect le plus controversé ? Une approche laxiste en matière de vérification d’identité (KYC), qui lui a valu une vaste clientèle d’individus liés au cybercrime organisé, souhaitant garder un haut degré d’anonymat.
En juillet 2017, BTC-e fut finalement fermée par les autorités américaines, à la suite d’une enquête pour blanchiment d’argent et autres activités illégales. Plus de 4 milliards de dollars auraient été blanchis via la plateforme, dont les serveurs étaient gérés depuis les Etats-Unis.
Aliaksandr Klimenka a été arrêté en Lettonie le 21 décembre dernier, à la demande des États-Unis. Il a comparu hier devant une juridiction de San Francisco. Son acte d’accusation est particulièrement chargé : BTC-e aurait facilité des transactions pour des cybercriminels du monde entier et aurait reçu « les produits du crime provenant de nombreuses intrusions informatiques et incidents de piratage informatique, d’escroqueries au ransomware, de stratagèmes d’usurpation d’identité, d’agents publics corrompus et de réseaux de distribution de stupéfiants (…) »
Un lien avec l’affaire Mt. Gox et ses 647 000 bitcoins volés
Aliaksandr Klimenka, 42 ans, n’est pas seul dans l’affaire BTC-e. Selon le Département de la Justice US, il aurait géré la plateforme avec l’aide active de son associé Alexander Vinnik et d’autres partenaires d’affaires.
Le nom d’Alexander Vinnik ne vous est peut-être pas inconnu. Son nom a été mentionné en relation avec le piratage de Mt. Gox, l’une des plus grandes bourses de cryptomonnaies de l’époque, qui a fait faillite en 2014 après le vol de 647 000 bitcoins (plus de 27 milliards de dollars au cours actuel).
Bien que les détails précis du rôle de Vinnik dans le hack de Mt. Gox soient complexes, un acte d’accusation de 2019, gardé secret jusqu’en 2023, montre son rôle dans le blanchiment des bitcoins volés à Mt. Gox. Les enquêtes ont révélé que des fonds provenant de Mt. Gox auraient transité par des comptes associés à BTC-e.
Surnommé M. Bitcoin dans les milieux cryptophiles russes, Vinnik avait été arrêté en Grèce en 2017 pendant ses vacances. Au coeur d’un bras de fer entre la Russie et les Etats-Unis, il fut brièvement incarcéré en France pour le blanchiment des rançons obtenues via le rançongiciel Locky et condamné à cinq ans de prison ferme – avant d’être extradé vers les Etats-Unis.
Sources : Département de la Justice des Etats-Unis (DoJ)
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