Les rebondissements s’enchainent dans le cadre de l’affaire de la faillite de FTX ! Dernière surprise en date, on a appris hier soir que c’est le désormais ex-patron de la plateforme, Sam Bankman-Fried, sur instruction du gouvernement des Bahamas, qui a mené le piratage massif de FTX qui a eu lieu la semaine dernière, quelques heures après le placement de la société sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaines.
Selon un communiqué publié hier, les autorités des Bahamas ont ordonné à Sam Bankman-Fried de transférer des centaines de millions de dollars de cryptomonnaie depuis les réserves de FTX vers un portefeuille crypto contrôlé par la Commission des valeurs mobilières des Bahamas, le régulateur financier du pays.
Dans le communiqué, la Commission a précisé que le 12 novembre, des fonctionnaires “ont pris l’initiative d’ordonner le transfert de tous les actifs numériques de FTX vers un portefeuille numérique contrôlé par la Commission, pour en assurer la garde.” La note ajoute que FTX a reçu l’ordre de déplacer les actifs “pour protéger les intérêts des clients et des créanciers.”
Retour sur la saga de la faillite de FTX
Rappelons que FTX a vu ses clients se précipiter pour retirer leurs fonds, suite à des rumeurs de liens étroits avec Alameda Research (la société de trading également cofondée par SBF), de fraude et de mauvaise gestion.
A suivi une crise de liquidité qui a fait trembler l’ensemble du marché des cryptomonnaies. La société a dans un premier temps gelé les fonds des clients, avant que l’on apprenne l’ampleur des dégâts, avec un trou de 9,4 milliards de dollars dans le bilan lié à un prêt de fonds de clients à Alameda Research.
Vendredi dernier, la société a donc fini par se placer sous la protection de loi sur les faillites US, avant que l’on apprenne le lendemain que FTX a été victime d’un “piratage” présumé, au cours duquel plus de 600 millions de dollars de cryptomonnaies ont été transférées vers des portefeuilles externes.
L’avocat général de FTX.US, Ryne Miller, avait à ce moment confirmé que certains actifs avaient été transférés dans un portefeuille froid (non connecté) “pour atténuer les dommages” à la suite de l’incident. Des rumeurs avaient ensuite circulé selon lesquelles le pirate aurait été identifié, sans que son identité soit révélée.
Mais dès jeudi, FTX a finalement révélé que le gouvernement des Bahamas avait obtenu un “accès non autorisé” aux systèmes de FTX en demandant à Bankman-Fried de transférer les fonds.
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Les autorités des Bahamas mettent la main sur les fonds de FTX
Après avoir été transférés, les cryptomonnaies ont été échangées contre de l’ETH. De ce fait, l’autorité des Bahamas détiendrait plus de 330 millions de dollars d’Ethereum, ce qui en fait le 35e plus gros détenteur de la seconde plus importante cryptomonnaie du marché.
D’un point de vue légal, la question de savoir si la Commission a répondu de manière appropriée reste en suspens, et l’affaire prend désormais la tournure d’une bataille de juridiction.
Le nouveau PDG de FTX, John Ray, qui a succédé au fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, lorsque la société s’est placée sous la protection du chapitre 11, a déclaré jeudi dans un document judiciaire que la saisie des actifs par le gouvernement des Bahamas “bafouait” la loi américaine sur les faillites, qui exclut que les créanciers ne saisissent les actifs des sociétés en faillite.
Le nouveau PDG a également informé la cour qu’en enquêtant sur le piratage, FTX a appris que Bankman-Fried et Gary Wang également cofondateur de FTX, avaient effectué des transferts “non autorisés” sur ordre du gouvernement des Bahamas pendant qu’ils étaient “effectivement sous la garde des autorités des Bahamas”, selon le dépôt. Cela suggère que ces transferts auraient pu être effectués plus ou moins sous la contrainte.
Bataille de juridiction entre les Bahamas et les Etats-Unis
Toutefois, FTX a accusé Bankman-Fried de collusion avec les liquidateurs des Bahamas dans le cadre d’une stratégie visant à “saper” la procédure de faillite de FTX aux USA et transférer des actifs à l’étranger.
D’ailleurs, Bankman-Fried a publiquement regretté d’avoir activé le chapitre 11 aux États-Unis et qu’il souhaitait “gagner une bataille juridictionnelle” pour retirer la juridiction de la procédure de faillite au Delaware.
De leur côté, les autorités réglementaires des Bahamas se défendent en déclarant que FTX Digital est en cours de liquidation aux Bahamas et ne fait pas partie de la procédure de faillite américaine. Les Bahamas avaient retiré la licence de FTX Digital et entamé une procédure de liquidation involontaire la veille du lancement de la procédure de faillite aux États-Unis
Pour terminer, on notera que le fin mot de l’histoire devrait être connu la semaine prochaine, alors que l’équipe de restructuration de FTX aux États-Unis affrontera les liquidateurs des Bahamas devant un tribunal américain mardi prochain, pour déterminer qui gèrera la faillite de FTX et disposera des fonds subsistants.
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David Marcel
Rédacteur
