Après l’introduction boursière de géants locaux comme Didi, Khanzun ou encore Full Truck Alliance sur les marchés américains, les autorités chinoises ont récemment lancé des enquêtes contre ces entreprises. Des enquêtes qui empêchent dorénavant le téléchargement des applications concernées sur le sol chinois.
Si ces mesures ont eu un impact boursier direct sur les entreprises concernées, le gouvernement chinois souhaite aller encore plus loin et de manière plus globale. En renforçant notamment le contrôle sur toutes ses entreprises nationales cotées à l’étranger.
Les Annonces du Gouvernement Chinois
Le communiqué des autorités chinoises, publié dans la journée met en avant la volonté de “réprimer les activités illégales sur le marché des titres, punir les émissions frauduleuses, la manipulation du marché et les délits d’initiés“.
L’abus de position dominante est aussi traqué par les autorités chinoises qui n’hésitent pas à sanctionner lourdement ses champions nationaux comme ce fut le cas il y a quelques mois avec Alibaba. Avec à la clé, une amende record de 2,8 milliards de dollars infligée au champion national.
Les autorités entendent également serrer la vis sur les sources de financement des investissements de leurs mastodontes du numérique. Pékin indique qu’il souhaite aussi garder un oeil sur le ratio d’endettement.
L’Enjeu Stratégique de la Protection des Données
Mais derrière cette volonté affichée, c’est surtout la protection des données qui semble motiver Pékin. Notamment lorsque l’on sait que le géant Didi est depuis longtemps soutenu par le mastodonte américain Apple. De son côté Full Truck Alliance est soutenu par Google via la maison mère Alphabet.
Pour ces raisons, le gouvernement vient d’ouvrir des enquêtes pour tester la sécurisation des données de ces entreprises. Une procédure qui empêche désormais les utilisateurs chinois de télécharger les applications mobiles des groupes concernés. En coulisse, il se murmure que le gouvernement aurait cherché par de nombreux moyens à éviter l’introduction boursière (IPO) d’un groupe comme Didi. Un souhait finalement vain mais qui explique aujourd’hui le recours et les différentes enquêtes menées par les pouvoirs publics.
Une démarche plus restrictive également motivée par la guerre commerciale sans merci que se livrent les deux plus grandes puissances mondiales. Au niveau géopolitique, il semblerait que Pékin souhaite contester la main-mise des entreprises américaines sur le contrôle des données des utilisateurs. Au royaume de la data, la Chine entend donc bien se faire une place au soleil.
Qu’Attendre de ces Mesures ?
Par ce biais, le gouvernement chinois entend bien limiter les introductions boursières de ses champions nationaux à l’étranger. Et la claque reçue aujourd’hui sur les marchés par Didi (-23 %), Khanzun (-15 %) et Full Truck Alliance (-19 %) a de quoi dissuader.
Mais la volonté de durcissement pourrait aussi avoir un impact direct sur l’ensemble des entreprises chinoises cotées à l’étranger. Et plus particulièrement celles indexées sur les marchés américains. Laissant notamment craindre une baisse du cours de l’action Alibaba, cotée sur la plus grande bourse mondiale : le New York Stock Exchange.
En novembre dernier, Jack Ma, PDG d’Alibaba avait d’ailleurs du céder aux sirènes de Pékin concernant l’introduction boursière de sa fintech “Ant Group”. Si les réticences gouvernementales ne datent pas d’hier, il semblerait que Pékin souhaite serrer encore plus fortement la vis.
Les données publiées par le Financial Times témoignent que près des deux tiers des entreprises chinoises ayant réalisé une IPO aux USA depuis début Janvier, affichent un cours inférieur à leur cours d’introduction. Sur un échantillon d’une quarantaine d’entreprises.