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Layer 2 : pourquoi certaines blockchains renoncent à leur indépendance pour devenir des couches secondaires d’Ethereum ?

David Rajaonary
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(Episode 4 sur 5) Ethereum, dans son succès, ne fait pas que des heureux. De plus en plus de blockchains alternatives peinent à attirer des utilisateurs et des liquidités. Certaines décident alors de se convertir … en layer 2 d’Ethereum. La première équipe à avoir sauté officiellement le pas fut Celo. Puis d’autres ont suivi, Canto, Astar, Gnosis, Palm, IDEX … Pourquoi font-elles ce choix ? Est-ce un choix économique ou technique ? Explications.

C’est notre focus du jour, après avoir examiné la philosophie des couches secondaires/layer 2, puis expliqué l’intérêt de la “connaissance nulle” en vue de l’adoption de masse d’Ethereum.

Se convertir en L2 pour Ethereum : le pari économique forcé de certaines blockchains en manque de traction

Comme vous le savez, le marché des blockchains est très concurrentiel derrière Ethereum et Bitcoin.

Il existe des centaines de projets alternatifs qui tentent de se différencier par leur technologie, leur vision ou leur communauté. Mais tous ne rencontrent pas le même succès.

Selon DeFiLlama, qui surveille la valeur verrouillée dans chaque réseau, Ethereum domine largement le classement avec plus de 21 milliards de dollars, suivi par Tron (6,65 milliards) et la Binance Smart Chain (2,86 milliards).

Derrière ce trio, les autres blockchains affichent des chiffres bien plus modestes, souvent inférieurs au demi-milliard.

Face à cette situation, certaines blockchains ont fait le pari de se convertir en layer 2 d’Ethereum.

✅ Les avantages

🟢 Profiter des effets de réseau et de la demande croissante pour les solutions de scalabilité. Les utilisateurs et les protocoles hébergés sur Ethereum sont à la recherche de moyens pour réduire les coûts et augmenter la performance de leurs applications. Les layer 2 sont la solution.

🟢 Bénéficier de la sécurité et de la neutralité d’Ethereum. Les layer 2 dépendent de la blockchain principale pour le règlement final des transactions et la disponibilité des données. Ainsi, ils héritent de sa robustesse et de sa résistance à la censure.

⚡ Les risques

⭕ Faire face à la concurrence déjà féroce entre les layer 2. Optimism, Arbitrum, zkSync ou Polygon dominent déjà le terrain. Comment se différencier et se faire une place dans ce marché ?

⭕ Gérer la complexité technique. Se convertir en layer 2 implique de modifier l’architecture et le fonctionnement d’une blockchain. Il faut notamment adapter la machine virtuelle, le langage des smart contracts, le protocole de consensus ou le mécanisme d’incitation. Des changements difficiles à réaliser mais aussi à sécuriser (les hacks !).

 

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1. Celo, la blockchain mobile 📱

Présentation : Celo est ce qu’on appelle une blockchain “mobile-first” lancée en avril 2021 : l’idée est d’apporter une dimension mobile à l’écosystème de la finance décentralisée, majoritairement pensé pour les ordinateurs.

Celo a la particularité d’associer une clé publique à un numéro de téléphone. Ainsi, avec un numéro authentifié par les validateurs, on peut accéder à des services aussi divers que le transfert d’argent, le  paiement, l’épargne ou le crédit avec un stablecoin, le Celo dollar (cUSD).

Chiffres-clés :

  • TVL : 90 millions $
  • Capitalisation des stablecoins : 106 000 $
  • Volume d’échange quotidien : 100 000 $

La décision : Le 31 juillet, Celo a bouclé un vote de gouvernance pour se convertir en layer 2 d’Ethereum. Sur 131 votants, 128 ont voté pour la migration.

Vitalik Buterin lui-même s’est invité dans la section des commentaires. Commentant la décision par un “Incroyable et excité de voir ça !”, il a ajouté au passage quelques suggestions techniques à l’attention des développeurs de cLabs.

La technologie retenue : Le choix s’est porté sur la technologie d’Optimism, l’OP Stack. Mais cLabs ne compte pas rester un simple rollup optimiste, puisqu’il est question de passer à terme à un rollup à connaissance nulle (ZK).

Objectifs : Nul doute que Celo souhaite accéder à une plus grande communauté, car Celo joue la carte de l’inclusion financière.

On peut imaginer Celo booster ses applications de paiement transfrontalier à frais faible, et faire aussi bien que l’application Strike de Jack Dorsey sur le réseau Bitcoin.

 

2. Canto, la première blockchain gratuite 🪙

Présentation : Canto est un réseau assez atypique qui a pour objectif de favoriser les biens publics sur la blockchain.

Pour cela, Canto a décidé de mettre en place trois infrastructures publiques gratuites : un échangeur sans frais pour ceux qui apportent de la liquidité (Canto DEX), un marché du crédit (Canto Lending Market) et un stablecoin servant d’unité de compte (le NOTE).

Chiffres-clés :

  • TVL : 42 millions $
  • Capitalisation des stablecoins : 37 millions $
  • Volume quotidien : 1,45 million $

La décision : le 6 septembre dernier, la communauté Canto a décidé d’abandonner Cosmos pour migrer vers Ethereum en tant que layer 2.

Les mots sont choisis, mais Canto Commons, le cercle de développeurs de la communauté Canto, a préféré orienter sa communication vers le “maintien du staking et de validation” pour les utilisateurs actuels.

La technologie retenue : le choix de l’équipe s’est porté sur un rollup à connaissance nulle (ZK). Il sera construit avec le Polygon Chain Development Kit (CDK). Le CDK est un ensemble d’outils open source qui permet aux développeurs de créer leurs propres blockchains de type Layer 2 basées sur les preuves à connaissance nulle (ZK).

Ce qu’il faut savoir, c’est que les blockchains créées avec le CDK bénéficient de la liquidité partagée et de l’interopérabilité offertes par Polygon, ainsi que de la sécurité et de la neutralité d’Ethereum.

Objectifs : avec son infrastructure gratuite, Canto voulait de longue date jouer les premiers rôles pour la tokenisation des actifs réels (immobilier, titres financiers), prochain méga-chantier de la galaxie crypto.

Avec les frais faibles d’un L2, elle va pouvoir avancer dans cette vision de démocratiser la finance décentralisée.

 

3. Astar, la parachain de Polkadot qui valait 1 milliard

Présentation : Astar est une blockchain se concentre sur le marché japonais, un marché pour lequel elle avait notamment levé 22 millions de dollars début 2022. A nouveau, l’équipe a levé 3,5 millions de dollars auprès de Sony en juin dernier.

Astar a été lancée avec l’idée d’être une plaque tournante pour la DeFi sur Polkadot. En effet, l’écosystème Polkadot est conçu de manière à ce que la chaîne principale n’héberge pas d’applications, qui sont plutôt logées sur des “parachains”. Astar fut la troisième parachain de l’écosystème, et a brièvement dépassé le milliard de dollars en TVL en avril 2022 !

Chiffres-clés :

  • TVL : 28 millions $
  • Capitalisation des stablecoins : 7,28 millions $
  • Volume quotidien : inconnu

La décision : c’est le 13 septembre dernier que l’équipe a annoncé sa propre solution pour devenir une couche secondaire d’Ethereum, nommée Astar zkEVM.

Il faut savoir qu’actuellement, Astar est l’une des parachains de Polkadot, mais qu’elle peut communiquer avec Ethereum et Solana. Un avantage qu’elle veut à tout prix conserver.

Raison pour laquelle l’équipe parle d’”extension vers Ethereum”, plutôt que de migration !

La technologie retenue : Là encore, c’est le Chain Development Kit (CDK) de Polygon qui a été retenu

Pour les développeurs, l’enjeu est de construire un ZK Rollup compatible avec l’EVM tout en préservant le code et les connaissances éprouvés après des années de travail avec Solidity.

Objectifs : L’équipe, menée par Sota Watanabe, a déjà mené des projets avec les géants Sony, Toyota et surtout des agences gouvernementales. Depuis ses débuts (janvier 2022), elle ambitionne de devenir une plaque tournante multi-chaînes, en se connectant à Near, Solana, Cosmos et donc Ethereum.

Etre à la fois une parachain de Polkadot et un L2 pour Ethereum lui permettra sûrement de garder son avance en termes d’interopérabilité. A coup sûr, cela permettra d’augmenter le nombre de développeurs qu’elle avait déjà réussi à attirer avec son programme Build2Earn (développer et gagner de l’argent) de 100 millions de dollars.

 

Accepter la dépendance à Ethereum 🤝, voilà le principal écueil auquel s’exposent ces désormais ex-réseaux L1 . Se convertir en layer 2 signifie en effet renoncer à une partie de sa souveraineté et de son identité . Il faudra se plier aux règles et aux évolutions d’Ethereum, qui peut avoir des priorités ou des intérêts différents.


Sources : Canto, Astar, Celo


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David Rajaonary

David Rajaonary

David est analyste financier indépendant, et décrypte chaque dimanche pour vous l’actualité de la crypto et de la finance de la semaine. Il écrit régulièrement quelques papiers pour analyser des acteurs clés de la DeFi, des stablecoins et des monnaies numériques de banques centrales.

Diplômé en Finance et Comptabilité, David exerce depuis 10 ans dans l’Audit, le Conseil en management et l’Analyse financière. Ses premiers pas dans la crypto datent de 2020, avec l’étude de projets de monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et de registres distribués (blockchains privées).

Depuis, David écrit régulièrement sur la percée des projets Ripple (XRP), Stellar Lumens (XLM) et Chainlink (LINK). Dans ses articles, il vous montre comment ces projets blockchain s’immiscent et transforment silencieusement le monde bancaire et celui de l'investissement.

Paiements transfrontaliers, transferts d’argent, bancarisation des populations vulnérables, prêts, tokénisation de titres financiers, tokénisation de biens immobiliers, lutte contre la fraude, sécurité … sont le fil conducteur de ses articles.

(Petit disclaimer : il s’exprime à titre personnel et son traitement de l’actualité ne constitue en rien des conseils d’investissement, ni des incitations à acheter ou à vendre des cryptomonnaies. Les prises de position, critiques et conclusions sont établies toujours dans le respect des principes d’éthique et de transparence journalistiques)

Quand il ne rédige pas sur la crypto, David aime explorer l’histoire de l’Art africain et des civilisations arabes.

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