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Polygon : pourquoi le prix du MATIC pourrait augmenter ?

David Rajaonary
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Bientôt vers les 5 dollars ? Polygon enregistre déjà presque trois fois plus de transactions qu’Ethereum, et le MATIC continue sa lente mais progressive montée en puissance. Les partenariats médiatiques pleuvent pour cette surcouche d’Ethereum : Meta, Nike, Walmart, Reddit, … Prenons un peu de recul et mettons le cap aujourd’hui sur différentes données on-chain de l’écosystème Polygon : transactions, NFTs et surtout la DeFi.

MATIC : le jeton surperforme activement le marché

Commençons par le signe le plus évident du succès de Polygon : la performance de son jeton natif, le MATIC. Celui-ci a, rappelons-le, deux fonctions principales :

  • Régler les frais de réseau sur le réseau Polygon,
  • Servir de collatéral pour les validateurs du réseau.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeton MATIC tient la dragée haute au reste du marché. A commencer par Bitcoin (BTC) et Ethereum (ETH), comme le montre le graphique suivant, mettant côte à côte les trois jetons.

Depuis juin 2022, on voit que le MATIC n’a cessé de prendre de la hauteur face au BTC et à l’ETH ! Concrètement, le MATIC a imprimé un magnifique +72%, tandis que le BTC a perdu 23% et l’ETH a de son côté perdu 19,9%.

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Polygon : les raisons d’un succès

polygon vs ethereal

Polygon est, comme vous le savez, une sidechain d’Ethereum. Lancée en 2020, ses créateurs indiens (Polygon Labs) l’ont pensée comme une réponse aux problèmes de congestion d’Ethereum. En février 2021, en pleine euphorie et au plus haut du précédent bull run, Ethereum montrait ses limites : le réseau était inutilisable pour quiconque disposait de peu de fonds, la faute à des frais indécents (presque 100 dollars !) et une lenteur exaspérante.

La faiblesse des frais. Certainement l’atout-maître de Polygon dans une période où l’argent ne coule pas à flot.  Ses frais dépassent très rarement quelques centimes, un envoi de milliers d’’USDT Polygon (le PoS USDT) coûtant à peine 0,10 dollars …

La rapidité (et sécurité) des transactions. Une autre caractéristique puissante de Polygon, avec à peine quelques secondes d’exécution. Ici il faut rappeler que toutes les transactions qui passent par Polygon sont inscrites dans le registre d’Ethereum, en sa qualité de sidechain.

Il n’est pas étonnant que Polygon Labs, la branche commerciale de l’équipe, soit aujourd’hui soutenue par les fonds de capital-risque les plus puissants de l’écosystème (à l’image de Sequoia Capital, Animoca Brands, Softbank et Coinbase Ventures).

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MATIC : les données on-chain les plus solides du marché

Mettons le cap sur les données on-chain pour comprendre l’étendue des réussites de l’écosystème Polygon. Polygon est, comme nous l’avons souligné, une sidechain. Qu’est-ce que cela signifie ? Pour faire simple, disons qu’une sidechain est une blockchain-fille dérivée d’une blockchain-mère. La sidechain possède ses propres caractéristiques, mais toutes ses transactions sont envoyées sur la blockchain-mère, permettant de bénéficier de la sécurité. Et surtout, la charge de chaque sidechain n’impacte en rien pas la rapidité des transactions sur la blockchain-mère.

En tant que sidechain d’Ethereum, Polygon apporte donc toute une série d’outils pour permettre à Ethereum de passer à l’échelle. Difficile de les citer tous, mais quelques-unes sont réellement révolutionnaires :

Les Supernets. Des mini-réseaux composés de blockchains bâties avec un kit d’outils clés en mains (Polygon Edge), le tout étant connecté à Ethereum.

Les zk. Une nouvelle technologie permettant à Polygon de ne plus être qu’une sidechain avec ses propres nœuds mais de véritablement hériter de la sécurité d’Ethereum !

Les revenus en frais de Polygon explosent

Le MATIC tourne à plein régime et les validateurs s’en frottent les mains. En effet, les revenus en frais sur Polygon, qui sont payés en MATIC rappelons-le, ont atteint sur la première semaine de février un record à 1,58 million de dollars. Un record hebdomadaire qui résulte d’une multiplication par 6 depuis début janvier. Il faut aussi dire que le MATIC avait gagné 44% entre début janvier et ce record, ce qui contribuait à augmenter les revenus des validateurs lorsqu’on les mesure en dollars …

Polygon Analytics (c)

Mais quelles applications alimentent cette activité ? Le top 50 des dApps de Polygon est dominé par les jeux mais aussi les applications DeFi à l’image d’Uniswap. Mais les applications sociales gagnent du terrain. En février, deux dApps sociales sont entrées dans le top 5 par adresses actives uniques. Il s’agit de Galxe (48 000 utilisateurs) et de Lens Protocol (44 000 utilisateurs).

Polygon Analytics (c)

Uniswap sur Polygon brasse 3x plus de transactions

Uniswap est un échangeur décentralisé, le plus gros du marché. Fer de lance de la DeFi sur Ethereum, il a été déployé sur Polygon fin 2021. Une semaine après son lancement, il brassait déjà 35% des volumes d’échanges de cryptos sur Polygon. Une part de marché qui, au moment où nous rédigeons cet article, dépasse les 80%. D’une année à l’autre, cela représente un volume multiplié par 3 !

Jugez-en avec l’aide du graphique suivant (Uniswap en rose fuschia) :

Dune Analytics (c)

Le nombre d’utilisateurs d’Uniswap Polygon, parlons-en justement. Les utilisateurs actifs hebdomadaires d’Uniswap Polygon ont été multipliés par 3 d’une année à l’autre, malgré une baisse d’environ 20% des utilisateurs d’Uniswap Ethereum sur la même période. Bien entendu, la grande majorité des traders d’Uniswap sont toujours à trouver du côté d’Ethereum (148 000) bien que la part de Polygon augmente à vitesse grand V (34 000).

Les NFTs sur Polygon dépassent le milliard en volumes d’échanges mensuels

Le boom des NFTs Polygon n’est pas étranger non plus aux revenus en hausse pour les validateurs. Alors qu’Ethereum (ETH) a maintenu sa domination sur le marché NFT avec un volume total de ventes de 1,6 milliard de dollars en février, DappRadar a constaté que le volume des transactions sur Polygon a augmenté de 147 % en un mois.

L’analyste @niftytable sur Dune Analytics a mis en évidence que les collectionneurs ont échangé pour 109 millions de dollars en NFT Polygon sur la plateforme OpenSea en février. Le bond des ventes de NFT Polygon sur OpenSea était dû en partie à l’augmentation du nombre de traders, probablement en raison de la suppression des frais pour contrer le concurrent Blur.

Dune Analytics (c)

Pour remettre un peu de contexte, la belle histoire des NFTs Polygon a débuté en mai dernier. Alors que la spectaculaire implosion de l’écosystème Terra (LUNA) faisait fuir les investisseurs, Meta annonçait un programme pilote pour permettre aux créateurs de partager leurs illustrations sur Instagram (1,28 milliards d’utilisateurs) sous la forme de NFT Ethereum et Polygon.

Le 2 novembre, Meta déployait donc un “kit de développement” pour permettre à ses utilisateurs vérifiés de créer, présenter et vendre leurs œuvres sur Polygon. On mettra bien sûr de côté les frais élevés prélevés par Meta, de l’ordre de 15 à 30% …

Mais ce sont surtout les NFT du réseau social Reddit qui ont attiré la lumière sur Polygon dernièrement Outre-Atlantique. Lors du dernier Super Bowl, Reddit a voulu “capturer son histoire pour que les générations futures s’en souviennent” sur Polygon. Ainsi plus de 1,80 million de portefeuilles détenant un NFT de la collection Super Bowl LVII x Reddit ont été créés en quelques heures, et ils sont 7 millions à détenir un NFT Reddit à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Le MATIC est aussi poussé par l’intérêt institutionnel

Un dernier mot pour conclure ce mini-dossier sur les ressorts du MATIC. Comme on le devine au partenariat avec Meta et ses NFT Instagram, le bon coup de Polygon Labs a été de jouer la carte “corporate” en attirant avant tout les entreprises traditionnelles.

Polygon Labs a en effet sorti le chéquier, avec un fonds de 100 millions de dollars pour aider à l’adoption de Polygon. Un fonds de cette taille a rapidement valu des critiques à l’équipe, accusée “d’arroser” l’écosystème pour s’imposer coûte que coûte …

Plusieurs grandes marques et institutionnels ont sauté le pas :

Starbucks a développé un programme de fidélité, baptisé “Starbucks Odyssey” sur une base hébergée par Polygon. Le programme en version beta pemet déjà de collecter des NFTs et d’accéder à des évènements exclusifs.

La banque centrale de Singapour a développé son ‘Project Guardian” sur Polygon, une idée de monnaie numérique MNBC impliquant plusieurs grandes banques telles que JP Morgan, la DBS et les japonais de Softbank.

La banque JP Morgan a justement émis ses premiers dollars SGD tokénisés dans l’opération, puis les a utilisés pour acheter et vendre des obligations d’Etat de manière fort symbolique.


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David Rajaonary

David Rajaonary

David est analyste financier indépendant, et décrypte chaque dimanche pour vous l’actualité de la crypto et de la finance de la semaine. Il écrit régulièrement quelques papiers pour analyser des acteurs clés de la DeFi, des stablecoins et des monnaies numériques de banques centrales.

Diplômé en Finance et Comptabilité, David exerce depuis 10 ans dans l’Audit, le Conseil en management et l’Analyse financière. Ses premiers pas dans la crypto datent de 2020, avec l’étude de projets de monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et de registres distribués (blockchains privées).

Depuis, David écrit régulièrement sur la percée des projets Ripple (XRP), Stellar Lumens (XLM) et Chainlink (LINK). Dans ses articles, il vous montre comment ces projets blockchain s’immiscent et transforment silencieusement le monde bancaire et celui de l'investissement.

Paiements transfrontaliers, transferts d’argent, bancarisation des populations vulnérables, prêts, tokénisation de titres financiers, tokénisation de biens immobiliers, lutte contre la fraude, sécurité … sont le fil conducteur de ses articles.

(Petit disclaimer : il s’exprime à titre personnel et son traitement de l’actualité ne constitue en rien des conseils d’investissement, ni des incitations à acheter ou à vendre des cryptomonnaies. Les prises de position, critiques et conclusions sont établies toujours dans le respect des principes d’éthique et de transparence journalistiques)

Quand il ne rédige pas sur la crypto, David aime explorer l’histoire de l’Art africain et des civilisations arabes.

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