Théorisé en 2001 par un banquier de Goldman Sachs, Jim O’Neil, le terme des BRIC(S) a rapidement été adopté pour définir ces pays qui ne sont pas encore assez développés pour prétendre influencer l’échiquier économique et politique mondial, mais qui sont en bonne voie pour le devenir.
Mais jusqu’à aujourd’hui, tous ces pays n’avaient en commun que cet acronyme. Les choses ont rapidement changé avec les nouvelles sanctions qui frappent certains d’entre eux. Ces fameux BRICS, semblent désormais vouloir jouer selon leurs règles, et cela commence par changer de monnaie de référence. Il se trouve que celle-ci pourrait potentiellement être une cryptomonnaie !
Pourquoi les BRICS veulent se dédollariser ?
Alors que les pays les plus développés peinent à dépasser les 2 % de croissance, des pays comme l’Inde et la Chine culminent à presque 6 % de croissance. Avec un tel développement, les BRICS ont su rattraper le retard qu’ils avaient sur les pays occidentaux et la question de leur hégémonie monétaire se pose.
Si le dollar est actuellement incontournable, c’est parce qu’il est accepté partout dans le monde et disponible en abondance. Bien sûr, le fait que les États-Unis soient la plus grande puissance au monde aide, et la confiance en sa monnaie n’en est que renforcée.
Mais voilà, le contexte géopolitique actuel rend les choses difficiles aux BRICS, et une véritable scission a eu lieu. Que ce soit la Russie, le Venezuela ou l’Iran, il devient compliqué pour des pays d’accéder au dollar.
L’or : la valeur refuge qui déjoue le dollar
Malheureusement pour les États-Unis, cette crainte qu’ont les BRICS non-alignés avec l’Occident d’être coupés du dollar, n’arrange pas ses affaires.
Rien qu’en 2022, la Chine a acheté pour 62 tonnes d’or entre le mois de novembre et le mois de décembre, et en détient maintenant plus de 2000 tonnes. Même chose pour la Turquie qui a ajouté 148 tonnes d’or à son stock et qui atteint maintenant 542 tonnes en 2022. La liste est longue, et elle s’accélère.
🇨🇳 China's gold reserves
2003: 599 tonnes
2013: 1054 tonnes
2023: 2113 tonnes pic.twitter.com/BRDiiMreYJ
— The Spectator Index (@spectatorindex) September 1, 2023
Au final, on constate que les achats d’or ont bondi de 150 % en 2022 atteignant 1136 tonnes, contre moins de 500 tonnes par an lors des 12 dernières années.
La Chine prend de plus en plus l’ascendant avec sa monnaie, Renminbi (Yuan)
Des pays comme la Chine se voient donc contraints de modifier leurs habitudes pour payer leurs fournisseurs de pétrole. Celle-ci a d’ailleurs créé sa propre bourse des matières premières à Shanghai pour répondre à ce besoin en 2018.
Si le pétrole qui y est échangé ne représente que 5 % des flux mondiaux, il s’agit là des prémices à l’organisation d’un système parallèle à celui des États-Unis. Ce n’est pas tout, Pékin prend de plus en plus de poids économiquement, et ses ambitions suivent.
La Chine souhaite internationaliser sa monnaie (renminbi), au même titre que le dollar. Des pays, comme le Brésil, se montrent d’ores et déjà favorables à l’initiative chinoise et souhaitent régler leurs achats à la Chine en Yuan.
Bien que cette solution fasse les comptes des BRICS pour le moment, le dollar reste omniprésent et le Yuan n’en est qu’à ses prémices en termes de conquête du monde. Pour y remédier, les BRICS sont actuellement entrées en discussion pour établir la création d’une monnaie commune et multinationale, bien loin du système SWIFT américain.
La dédollarisation des BRICS : un enjeu de taille qui pourrait être réglé avec de la crypto
Pour les BRICS, le projet le plus ambitieux serait de créer ce qui ressemble à l’euro, adopté par 11 États membres en 1999. Mais la négociation d’une telle monnaie pourrait être difficile étant donné les asymétries de pouvoir qui existent et les enjeux politiques différents de chaque pays.
Et là n’est pas le plus difficile, les BRICS devraient mettre au point un mécanisme de taux de change, posséder un système de paiement efficace ainsi qu’un marché financier à la hauteur de la tâche qui lui incombe.
Et ça tombe bien, une toute nouvelle technologie pourrait répondre à ces problèmes, la cryptomonnaie !
La cryptomonnaie : une alternative toute trouvée pour les BRICS
À vrai dire, les enjeux cités précédemment ne sont plus vraiment un frein étant donné les avantages considérables que les BRICS pourraient tirer d’un nouveau système monétaire propre.
Des experts comme Denis Smirnov, un consultant blockchain russe, a mis en exergue chez BFM, la réduction considérable des coûts de transaction que pourrait procurer une cryptomonnaie.
S’il est possible de réduire les risques de change, il est préférable d’effectuer les paiements commerciaux directement et non par l’achat de dollars, c’est évident. La grande majorité des économies mondiales, plus ou moins grandes, travaillent désormais sur cette question.
Il est encore difficile de s’imaginer à quoi ressemblera la prochaine cryptomonnaie des BRICS, les solutions sont encore étudiées et cela prendra du temps.
Si l’adossement à une autre cryptomonnaie a été envisagé, cela ne permettra pas de contrecarrer l’hégémonie du dollar. Au lieu de cela, les pays des BRICS planchent plutôt pour une monnaie numérique adossée au dollar.
Olinga Taeed, un membre du conseil et conseiller expert du “China E-commerce blockchain Committee” a déclaré que les Chinois étudiaient la possibilité d’émettre un jeton adossé à l’or. Elle ajoute :
Trump a rendu transparent l’utilisation établie de longue date de l’instrument financier du dollar pour faire pression sur l’Iran, la Russie, la Chine, etc… à des fins non financières.
Les experts s’accordent sur les avantages d’une monnaie numérique pour les BRICS, mais il y a plusieurs problèmes
Selon les experts, la multipolarisation du monde actuel rend inévitable la création de nouveaux systèmes financiers. Pour le moment, la Chine semble en être le principal bénéficiaire, car elle possède la capacité d’élargir son marché très rapidement en cas de guerre économique avec les USA.
Cependant, tout n’est pas rose et certains risques sont à prendre en compte. Tout d’abord, il ne faut pas nier le fait que les monnaies nationales des BRICS ont chuté de 20 % face au dollar lors des 20 dernières années.
Et il n’est pas du tout sûr que l’établissement d’une cryptomonnaie BRICS inverse la tendance. Il faudrait que le dollar perde considérablement en influence dans le monde pour renverser les choses.
Enfin, Teemu Alexander Puutio, un expert à l’École des services professionnels de l’Université de New York, déclare ceci :
La capacité de la monnaie soutenue par les BRICS à gagner du terrain dépendra en grande partie de sa capacité à faciliter réellement les échanges au lieu d’ajouter une autre couche de complexité technologique pour l’utilisateur final – Les BRICS ne sont cependant pas les seuls dans ce cas et il reste difficile de savoir si la monnaie numérique dominante du futur sera publique, comme l’e-Euro ou le yuan numérique, ou privée, comme la Libra.
Brits Summit Over
– No announcement of a gold backed digital currency.
– United States Dollar lives on
– Expansion of BRICS will only hinder their ability to agreeBRICS will not create and destroy the West look the doomers believe. It is simply a catalyst for news narratives.…
— BABA (@BabaCugs) August 27, 2023
Pour conclure, il est possible que les BRICS aient à réfléchir sérieusement sur l’établissement d’une cryptomonnaie pour leur nouveau système financier. Mais pour le moment, le dollar continue de régner et les fondations d’un tel projet sont encore loin de voir le jour. Les BRICS devront se montrer davantage déterminés pour arriver à l’établissement d’un tel projet.
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Source : Le Temps, CoinTelegraph, Le Point, Reuters
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