Référence mondiale de l’audit et du conseil aux entreprises, Deloitte s’est essayé depuis 2022 à la blockchain. Sa branche conseil est devenue spécialiste des certificats numériques réutilisables dans les tâches KYC (connaître le client) et KYB (connaître l’entreprise). Avec des cas d’utilisation plutôt réussis : respect des normes bancaires, finance décentralisée (DeFi), vérification de l’âge pour le e-commerce, levées de fonds. Et depuis quelques semaines, le transport maritime.
Deloitte et son partenaire Nexxiot vont utiliser la blockchain KILT
Le 10 octobre dernier, Deloitte Consulting AG, branche conseil du géant de l’audit, avait annoncé un partenariat avec la société Nexxiot. Nexxiot est depuis plusieurs années un partenaire bien connu des armateurs et compagnies de fret maritime : elle équipe les conteneurs (TC) de dispositifs intelligents qui transmettent en temps réel des données GPS, température, humidité, chocs, ouvertures et fermetures des conteneurs.
Le partenariat porte sur la création d’un dispositif dit KYX (know your client, know your cargo). Pour faire simple, des certificats numériques réutilisables par les exportateurs et importateurs pour leurs marchandises, avec des données vérifiées sur l’origine, la qualité, la quantité, le poids, la valeur, le transporteur, le destinataire et le trajet des cargaisons. Ces certificats sont émis par Deloitte en tant qu’autorité de confiance, en utilisant les données fournies par Nexxiot et d’autres sources.
Mais il fallait encore une blockchain fiable et open source. C’est donc le protocole KILT de Polkadot qui a été choisi. KILT est un protocole de vérification d’identité basé sur la blockchain développé par Polkadot pour ses chaînes filles, les “parachains”. L’information nous vient du média CoinDesk, qui a recueilli les propos d’Ingo Rube, fondateur du protocole KILT,en marge de la conférence India Blockchain Week.
Le premier client de la solution de Deloitte sera Hapag-Lloyd, géant du transport maritime (une flotte de 258 navires et environ 11,8 millions de conteneurs transportés chaque année). L’armateur va donc pouvoir tester ses certificats numériques avec ses clients exportateurs/importateurs, les autorités douanières et les assureurs. Les certificats seront stockés sur un portefeuille fourni par Deloitte, une extension de navigateur.
Après Hapag-Loyd, c’est Vodafone, géant britannique des télécoms, qui est sur les rangs pour tester les certificats de Deloitte dans ses services de connectivité, de cloud, d’internet des objets et de sécurité.
🔎 Les échecs de TradeLens, we.trade et Serai, d’autres plateformes blockchain dédiées au maritime
Deloitte et Nexxiot ne sont pas les premiers à explorer l’intégration de la blockchain dans la logistique. En effet, IBM avait précédemment lancé un projet similaire nommé TradeLens en partenariat avec le géant danois Maersk. Malgré quatre années prometteuses et une centaine d’acteurs, TradeLens a dû annoncer la fin de son service en novembre 2022, sur fond de tensions sur le fret mondial et de frilosité des entreprises.
Ce fut le troisième gros projet de ce type à se saborder, après notamment we.trade (soutenu par une poignée de banques historiques dont la Société Générale, Deutsche Bank, Banco Santander et HSBC) et Serai (filiale de la banque britannique HSBC). A chaque fois le même constat : la blockchain était solide, mais le cas d’usage a pris l’eau, faute d’avoir atteint une taille suffisante à la rentabilité …
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