Scepticisme et position tranchée. Lors d’une récente intervention face au Comité sénatorial des banques, du logement et des affaires urbaines de Washington, Jamie Dimon, patron de la banque JPMorgan Chase & Co., n’a une nouvelle fois pas mâché ses mots. Face aux législateurs américains, il s’est une nouvelle fois fendu d’une déclaration anti-crypto et affirmé qu’en tant que gouvernant, il n’aurait eu aucune hésitation à mettre au pas la totalité de l’industrie crypto.
Une antipathie de longue date : depuis 2014 au moins, J. Dimon critique Bitcoin
JUST IN – JPMorgan Chase CEO Jamie Dimon: “I’ve always been deeply opposed to crypto, #Bitcoin, etc.”
“If I were the government I’d close it down.”
— Bitcoin Magazine (@BitcoinMagazine) December 6, 2023
Cette nouvelle déclaration de désamour s’ajoute au long chapelet de critiques déjà tenues par J. Dimon à l’égard des monnaies numériques, qu’il a tour à tour qualifiées de “réserve de valeur terrible” (2014), d’actif “qui ne survivra pas et sera certainement mis hors jeu” (2015), ou d’actif “qui ne va nulle part” (2016), de “fraude” (2017), “pas sa tasse de thé” (2021) de “stratagème de Ponzi”, d’“or des idiots” (2021) …
Malgré ses critiques envers les cryptos, les affaires restent cependant les affaires. Depuis ses premiers commentaires en janvier 2014, alors que le bitcoin s’échangeait encore à 810 dollars, les conseillers de JPMorgan ont déjà aidé des milliers de leurs clients “patrimoniaux” et institutionnels à acheter des produits liés au bitcoin et à l’ether, notamment des parts du Grayscale Bitcoin Trust (GBTC). En revanche, pour les clients de détail, notamment au Royaume-Uni, la banque a décidé d’interdire purement et simplement les transactions avec des plateformes crypto …
L’audience à Washington porte sur la surveillance de Wall Street, où la Commission interroge chaque année des patrons du secteur bancaire et de la gestion d’actifs. Elle se tient cette année dans un contexte de méfiance croissante envers l’industrie crypto, notamment après l’accord à 4,3 milliards de dollars entre Binance, le Département de la Justice, le Département du Trésor et la CFTC. Le contexte est aussi marqué par les récents scandales et piratages, et, plus loin, l’affaire FTX / Sam Bankman-Fried.
On a pu assister à une alliance inattendue entre la sénatrice démocrate Elizabeth Warren et quelques leaders républicains pour critiquer l’industrie crypto. E. Warren a par exemple souligné “le risque que représentent les cryptos pour le secret bancaire et la sécurité nationale, en raison de son utilisation potentielle par des terroristes”.
Jamie Dimon, ainsi que d’autres patrons de banque à l’image de Brian Moynihan de la Bank of America, ont insisté sur les mesures prises par leurs institutions pour prévenir l’utilisation de leurs services par ces “acteurs illégaux”. Warren a appelé à étendre les règles anti-blanchiment, déjà suivies par les banques, aux crypto-actifs. Une proposition accueillie favorablement par les PDG présents …
Car selon J. Dimon, sa banque distingue clairement les crypto-actifs de la technologie blockchain, que JPMorgan utilise activement dans divers projets. Il fait sûrement allusion à la plateforme blockchain de JPMorgan permettant de traiter les échanges de garanties bancaires, inaugurée à la mi-octobre. Pour sa toute première transaction, ce Tokenized Collateral Network (TCN) avait vu les géants BlackRock et Barclays échanger des tokens représentant des parts de fonds monétaires.
Pionnière dans le domaine, JPMorgan a également lancé son JPM Coin, un stablecoin maison qui facilite les règlements entre comptes clients. La banque prévoit que son stablecoin pourrait brasser quotidiennement jusqu’à 10 milliards de dollars sur les deux prochaines années. Une nette augmentation par rapport au volume actuel d’environ 1 milliard de dollars.
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