Historiquement sur des positions ambivalentes, Moscou pourrait lancer une bourse crypto nationale. Certains voient dans cet acte politique l’aveu d’un besoin de rentrée fiscale, alors que la guerre opposant Vladimir Poutine à l’Ukraine dure depuis maintenant plus de 9 mois.
Le pays tâtonne sur les actifs numériques !
De l’extérieur, la position de la Russie au sujet des actifs numériques semble difficilement lisible. Tantôt ouverte aux discussions, tantôt ferme, la posture de Moscou semble tiraillée entre deux eaux.
Mais en réalité, les contradictions qui peuvent apparaitre seraient surtout le fruit d’un désaccord entre deux parties prenantes : le ministère des Finances et la Banque centrale russe. Si cette dernière semble plus ouverte aux actifs numériques, le ministère des Finances a souvent affiché une certaine réserve sur les cryptomonnaies. Mais cela pourrait désormais être de l’histoire ancienne.
En effet, le législateur travaille actuellement sur des amendements visant à conduire au déploiement d’une bourse nationale d’actifs numériques. Si Banque centrale et ministère des Finances se sont souvent opposés, il semblerait que les deux entités soutiennent aujourd’hui le projet, comme le précisent les médias russes depuis hier. Dans le détail, les amendements visant à définir un cadre juridique autour d’une bourse nationale seront présentés en premier lieu à la banque centrale de Russie.
Un revirement dû à la guerre en Ukraine ?
En septembre dernier, Oleg Ustenko, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky chiffrait les pertes de l’Ukraine suite au déclenchement de la guerre en février dernier. Des pertes qu’il estimait alors proche des 1 000 milliards de dollars. Si la politique agressive voulue par Poutine impacte directement l’économie ukrainienne, la Russie connaît également une flambée de ses dépenses militaires.
Tant est si bien que les rentrées fiscales pourraient être vues d’un bon œil par le Kremlin. C’est ce que mettait récemment en avant Sergey Altuhov, membre du comité de politique de la Douma, la chambre basse de l’Assemblée fédérale de la fédération de Russie.
Cela n’a aucun sens de dire que les cryptomonnaies n’existent pas, mais le problème est qu’elles circulent dans un large flux en dehors de la réglementation gouvernementale. Ce sont des milliards de roubles de recettes budgétaires perdues sous forme d’impôts.
Beaucoup ont fait de cette guerre, l’élément déclencheur de ces amendements. Car si la Russie ne semble pas être devenue cryptophile du jour au lendemain, le pouvoir en place a bien compris que la manne fiscale à tirer des actifs numériques pouvait être intéressante.
Une bourse crypto lancée par la Bourse de Moscou ?
En juin dernier, Anatoly Aksakov, chef du comité du marché financier de la Douma, abondait déjà en faveur de la création d’une bourse crypto nationale. Suggérant même au passage que celle-ci pourrait être lancée via la Bourse de Moscou.
Depuis quelques semaines, la Bourse de Moscou étudie attentivement cette idée. La plus grande place d’actifs financiers de Russie travaille d’ailleurs à la rédaction d’un projet de loi aux côtés de la banque centrale. L’objectif de celui-ci. ? Permettre le commerce d’actifs numériques dans le pays.
La position de la Russie pourrait aussi changer sur d’autres thématiques centrales. Comme sur la question du minage crypto. Il y a quelques semaines, la Douma s’est vue présenter un projet de loi visant à légaliser le minage ainsi que le commerce d’actifs numériques. Ce projet de loi prévoit la création d’une plateforme pour la vente d’actifs. Les mineurs locaux pourront de leur côté utiliser d’autres plateformes.