
Alors que le G7 doit se réunir à Hiroshima du 19 au 21 mai prochain, le vice-ministre des finances japonais, Masato Kanda, en a profité pour faire quelques déclarations concernant les monnaies numériques de banques centrales (MNBC). Les économies du G7 souhaitent fixer un cadre commun pour leurs monnaies numériques, et aider les pays en développement à développer les leurs.
Bientôt un cadre technique commun pour toutes les MNBC ?
Les économies les plus avancées souhaiteraient-elles faire des “petites” économies leur laboratoire en matière de MNBC ? Après l’échec des politiques d’ajustement structurel (années 80), des dévaluations en Amérique Latine (années 90) et des privatisations forcées (années 2000), le FMI et les argentiers du G7 n’en sont pas à une expérimentation près avec leurs homologues des régions émergentes ou en crise.
C’est en tout cas ce que laissent penser les mots de Masato Kanda, diplomate en chef du Japon pour toutes les questions financières. Masato Kanda fait partie des décideurs financiers mandatés par leur Etat respectif pour la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) cette semaine :
“En tant que priorité de cette année, le G7 examinera la meilleure façon d’aider les pays en développement à introduire la CBDC conformément aux normes appropriées, y compris le principe de politique publique du G7 pour la CBDC de détail (…) Nous devons faire face aux risques liés au développement de la CBDC en garantissant des facteurs tels qu’une transparence appropriée et une bonne gouvernance.” (Masato Kanda)
Le FMI, parlons-en justement. Une institution dont la directrice générale, Kristalina Georgiva, est une ennemie déclarée des cryptomonnaies. Sa dernière déclaration en la matière, lors du sommet du G20 en Inde fin février, laissait en effet peu de place au doute :
“Nous devons faire la différence entre les monnaies numériques des banques centrales [MNBC] qui sont soutenues par l’État et les stablecoins, et les crypto-actifs (…) Les crypto-actifs ne sont rien, ils ne peuvent pas être acceptés comme une monnaie légale.”
Les MNBC, un problème de (pays) riches ?

L’Atlantic Council est un organisme qui suit en temps réel les développements en matière de MNBC. Voici une information intéressante issue de son portail atlanticcouncil.org/cbdctracker : 114 pays, représentant plus de 95% du PIB mondial, envisagent une MNBC. En mai 2020, seuls 35 pays envisageaient une CBDC. Un nouveau record de 60 pays sont en phase avancée d’exploration (développement, pilote ou lancement).
Seulement 11 pays ont déjà une MNBC opérationnelle. La Jamaïque est le dernier pays à intégrer ce petit club, avec sa JAM-DEX.Le pionnier est évidemment la Chine, dont le e-yuan est déjà utilisé par plus de 400 millions de portefeuilles, et devrait s’étendre à la majeure partie du pays en 2023. La Chine a pris une longueur d’avance et l’expérimentation se déroule actuellement à merveille.
Les Etats-Unis ont déjà bien avancé sur un prototype de dollar numérique, connectant plusieurs réserves fédérales entre elles avec des banques primaiens. Quant à l’Europe, éternelle suiveuse, elle a tout bonnement confié les rênes de son projet à des acteurs tels qu’Amazon, qui lui fabriquera une application de paiement.
Bien loin de la promesse de Bitcoin ou d’autres crypto-actifs, les MNBC ont pour caractéristique d’être une créance directe sur le bilan d’une banque centrale étatique. Elles s’appuient sur des registres distribués (DLT). Contrairement à une blockchain publique telle qu’Ethereum et Bitcoin, une DLT n’a pas besoin de mécanisme de consensus tel que la preuve de travail (PoW) ou la preuve d’enjeu (PoS) pour valider les transactions. Les DLT sont souvent utilisées dans des contextes de consortium ou d’entreprise, où la confiance entre les parties est déjà établie.
Entre elles peut-être, mais certainement pas avec le public, qui regarde les stablecoins comme une alternative plus respectueuse de la vie privée et qui fonctionnera à grande échelle d’ici 2030.
Sources : Reuters, Atlantic Council
Sur le même sujet :
- La Banque d’Angleterre constitue une équipe pour développer sa propre monnaie numérique
- Quelles sont les relations entre cryptomonnaies et MNBC ?