Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis. Cette maxime, injustement attribuée à Sun Tzu dans son fameux “L’art de la guerre”, Binance a semble t’il voulu la mettre en place. En cherchant notamment à débaucher Gary Gensler, avant qu’il ne devienne président de la SEC (Securities and Exchange Commission).
Gensler courtisé par des acteurs cryptos dès 2019 ?
C’est ce que nous révèle un article publié hier dans le très sérieux Wall Street Journal. Lorsqu’il était encore enseignant au Massachusetts Institute of Technology, plusieurs entreprises cryptos ont essayé de débaucher l’influent Gary Gensler. Et parmi les entreprises ayant tenté d’embaucher l’ancien de chez Goldman Sachs en tant que conseiller très spécial, on retrouve la plateforme Binance.
Nous sommes deux ans avant que Gensler ne devienne président de la SEC. La volonté de ces acteurs influents de l’univers crypto ne doit rien au hasard. Chez Binance comme ailleurs, beaucoup considéraient qu’en cas de victoire du camp démocrate à la présidentielle de 2020, Gensler retrouverait rapidement un siège de régulateur. Sur ce point, force est de constater qu’ils avaient vu juste.
Après la victoire de Joe Biden sur Donald Trump, Gensler a fait partie de l’équipe de transition. En avril 2021, il a été nommé président de la SEC puis confirmé à ce poste par le Sénat. Il y a été nommé pour une durée de 5 ans.
"A warm congratulations to Gary Gensler on his Senate confirmation to become Chair of the SEC. He will be joining a dedicated staff that works tirelessly day in and day out on behalf of investors and our markets. 1/2
— U.S. Securities and Exchange Commission (@SECGov) April 14, 2021
Malheureusement pour Binance, Gensler a donc refusé le rôle de conseiller que voulait lui confier l’entreprise sur le volet règlementaire des crypto monnaies. Le Wall Street Journal a pu récupérer le fruit de certains échanges entre Gensler et CZ. Au sujet de Gensler, les équipes de Binance auraient écrit :
Bien que Gensler ait refusé d’être conseiller, il a été généreux en partageant des stratégies de licence.
CZ et Gensler se seraient également rencontré en 2019 à Tokyo sans que le PDG de la plateforme ne réussisse non plus à convaincre Gensler.
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Gary Gensler aurait-il tout changé ?
Si la plateforme a souvent été dépeinte comme volontairement non alignée sur les demandes des régulateurs, il semblerait qu’elle travaillait aussi à une future mise en conformité. C’est notamment pour cette raison qu’elle a cherché à approcher Gensler.
Mais l’enquête du Wall Street Journal nous permet surtout de comprendre que l’aide de Gensler aurait été aujourd’hui capitale pour l’exchange le plus utilisé au monde. Car désormais l’exchange se retrouve en difficulté en raisons des liens trop resserrés entre Binance.com et la filiale Binance US.
Une trop grande connivence qui pourrait être validée par le législateur en raisons de plusieurs paramètres. Et notamment la création par erreur d’un formulaire Google pour l’accueil de nouveaux clients sur Binance.US. Un formulaire qui avait été créé à partir d’un compte de la société internationale Binance.com. Sur Telegram, un employé de Binance aurait par ailleurs précisé que cet élément pourrait servir à valider le lien entre les deux entités que Binance continue à qualifier d’indépendantes.
En interne, c’est donc la crainte qui semble dominer. Bien que les portes-paroles de l’exchange continuent à afficher une certaine forme de sérénité en public :
Binance.US a été fondé spécifiquement pour servir les clients américains avec des produits et services qui adhèrent aux règles et réglementations américaines.
Source : Wall Street Journal
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