Le nombre de wallets actifs et de ventes sont même en hausse de 15% en octobre, selon un rapport publié par l’initiative française NFT18, qui vise à documenter l’évolution du marché des jetons non fongibles (NFT).
Un rapport mensuel sur le marché des NFT
Créé par deux anciens du site nonfungible.com, NFT18 est un cabinet d’analyse de données du marché des NFT qui s’adresse aux entreprises, aux médias, aux collectionneurs et investisseurs particuliers. Il a vocation à publier tous les mois un rapport sur l’état de l’écosystème en chiffres, afin d’éclairer la prise de décision. La première édition de ce travail de fourmi prometteur a été publiée ce mercredi 15 novembre. Bonne nouvelle : elle est en accès gratuit sur le site internet du projet.
Du côté de la méthode utilisée, les analystes ont recueilli la donnée via l’API de l’oracle Simple Hash, qui revendique plus d’un milliard de NFT répertoriés sur les principales places de marché (OpenSea, Blur, Looks Rare, Magic Eden, Tensor…).
De quoi donner une vue d’ensemble du secteur, même si les fondateurs reconnaissent eux-mêmes les limites du projet à l’heure actuelle, qui ne prend pas en compte les NFT mintés sur les blockchains Tezos, Solana, Flow, Cardano, Ronin, ImmutableX ou encore la BNB Chain. Malgré tout, l’inventaire total représente 2,5 millions de collections.
Les collectibles en tête, l’art fait une percée
Et donc, où en est le marché des NFT en cette fin d’année 2023 ? Premier enseignement de ce rapport, le tableau n’est pas aussi noir que certaines études à la tonalité de Cassandre voulaient bien le laisser entendre. Un site web inconnu avait fait grand bruit en septembre en annonçant que 95% des collections ne valaient plus rien. Un chiffre repris par l’ensemble de la presse généraliste française dans un emballement unanime pour signer l’épitaphe des NFT, pourtant vite “débunké” pour son manque de sérieux.
Dans les faits, la réalité semble plus nuancée. Le nombre de wallets actifs a certes chuté (255 000 wallets réalisant au moins une transaction dans le mois en 2023, contre deux à trois fois plus au plus haut du pic de 2021), mais il est en augmentation de 15% sur le mois d’octobre.
Autre enseignement, les “collectibles” restent la principale locomotive du marché en valeur (USD), mais l’art attire de plus en plus de collectionneurs et se taille aujourd’hui une part de 23% dans les wallets. Une tendance qui confirmerait l’analyse d’un autre cabinet, Grail Capital, dont nous vous avions déjà parlé, et qui mise sur une adoption massive de l’art digital d’ici à 2030, de l’ordre du billion de dollars.
Les “blue chips”, ces collections phares telles que les Bored Ape Yacht Club, Azuki et autres Doodles, représentent encore 80% des échanges, mais “seulement” 45% de la distribution des wallets.
Ethereum largement devant
Malgré le nombre grandissant de blockchains proposant des NFT, Ethereum reste leader sur le secteur avec 98% des collections mintées (avec les réserves sur l’absence de certaines blockchains évoquées plus haut). La très controversée place de marché Blur arrive en tête avec 213 millions de dollars échangés, presque trois fois plus qu’OpenSea (84,8 millions de dollars).
Mais cette avance est à mettre en perspective avec la tendance au “wash trading”, qui consiste à artificiellement acheter et vendre des NFT sur la plateforme dans le but de récupérer des récompenses en jetons $BLUR promises. Un chiffre résume bien cet état de fait : OpenSea a sept fois plus d’utilisateurs actifs que Blur.
Un marché qui aurait atteint son “juste prix”
Au niveau des prix, le rapport de NFT18 montre que le “bear market” n’est pas encore une histoire ancienne. Le prix médian des NFT a chuté de 60 dollars à 10 dollars entre juillet et début octobre, de même que le prix moyen, de 1100 dollars à 300 dollars. Mais, soutenu par la frénésie autour des Bitcoin Ordinals, le prix moyen a doublé en octobre, jusqu’à atteindre 600 dollars. Conclusion : le marché reste très volatil et une collection qui flambe peut avoir un effet sur les données du marché.
Enfin, si certains traders ont réalisé d’importants profits, d’autres en revanche ont essuyé des pertes. Au début de l’éclatement de la bulle, en juin 2022, les pertes cumulaient à 389 millions de dollars sur un mois, alors qu’elles ont plutôt tendance aujourd’hui à se stabiliser (100 millions de dollars, ce qui reste important). Les perdants sont les DeGods avec 1200 dollars de perte en moyenne, tandis que les gagnants sont les BAYC, avec 1,5 million de dollars de profit sur le mois d’octobre 2023.
En conclusion, NFT18 estime possible que le marché ait atteint son “juste prix”. Mais si c’était le cas, au final, serait-ce une si mauvaise chose ?
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