Le marché de l’art digital pourrait atteindre le trillion de dollars de valorisation d’ici à 2030, selon le cabinet de conseil spécialisé Grail Capital. L’art génératif serait la niche la plus prometteuse, tandis que les flux financiers continuent de se concentrer sur le top 10 des collections NFT.
Le marché de l’art digital et des NFT est-il mort ?
Alors que la vague des NFT de 2021 semble n’être qu’un lointain souvenir pour certains, l’avenir de l’art digital serait-il au contraire rempli d’espoirs et de potentiel économique ? C’est en tout cas la conclusion d’une étude menée par le cabinet de conseil Grail Capital, et la conviction de ses deux fondateurs, eux-mêmes collectionneurs et investisseurs, Jean-Michel Pailhon et Tim Salikhov.
Le marché de l’art digital est une niche de l’art en général, valorisée aujourd’hui à 4,5 milliards de dollars, qui grandit à toute vitesse (+10% de croissance par an). Il prend sa source dans diverses influences culturelles et sociétales, du street art (Banksy, Space Invaders…) à l’invention de l’iPhone d’Apple, en passant bien sûr par l’arrivée de Bitcoin en 2009 puis d’Ethereum en 2015. Son grand-frère, le marché de l’art contemporain traditionnel (”TradArt”) est quant à lui évalué à 1,8 trillion de dollars.
Une petite poignée de collectionneurs
Pour le cabinet Grail Capital, tout porte à croire qu’un rattrapage aura lieu d’ici à 2030. “Nous pensons que la répartition du patrimoine chez les Generations Z et millennials va complètement changer dans les années qui viennent”, explique l’ancien cadre de Ledger, Jean-Michel Pailhon. Selon les projections, elles devraient hériter de 80 trillions de dollars d’ici à 2045.
Le paysage de l’art NFT a déjà beaucoup évolué, et des nuances et des sous-niches ont apparu. Le marché reste restreint : seulement 50 000 à 100 000 collectionneurs actifs, contre 3 millions au pic du “bull market” en novembre 2021. Les investisseurs “passifs” qui se contentent de détenir (”hold”) leurs NFT bien au chaud sont une majorité (250 000 à 500 000 personnes, selon l’étude).
Le top 10 des collections NFT capte toute la valeur
Autre enseignement de ces travaux, la répartition de la valeur. Le top 10 des collections “PFP” pour “profile pictures” (Bored Ape Yacht Club, Crypto Punks, Azuki, Doodles…) capte à lui seul 90% de la valeur marchande, soit 2,6 milliards de dollars. La concentration est particulièrement frappante par rapport aux autres catégories du crypto art, l’art génératif, l’AI art, ou la photo restant plutôt l’affaire d’une poignée de connaisseurs.
Lorsque les prix s’effondrent, soit parce que le marché est baissier, soit pour des raisons internes au projet (choix contestés par la communauté, comme pour Azuki récemment), rares sont les collections à sauver la mise. Les investisseurs se réfugient alors dans les plus grandes collections (”blue chips”) ou vont vers des artistes ou des collectifs d’artistes reconnus. “L’art traditionnel, c’est pire : 98% des œuvres ne valent rien”, tranche Jean-Michel Pailhon.
L’art génératif a le vent en poupe
Popularisé par la plateforme Artblocks, l’art génératif est une autre sous-niche de l’art digital. Il consiste pour l’artiste à créer une oeuvre d’art directement on-chain, grâce à divers procédés qui utilisent les caractéristiques propres à la blockchain (horodatage, hash, blocs…). Les œuvres les plus connues s’appellent “Autoglyphs” (2019), de Larva Labs, les créateurs des Crypto Punks, “Chromie Squiggles” (2020) d’Erick “Snowfro” Calderon, ou “Fidenza” (2021) de Tyler Hobbs.
C’est aujourd’hui le segment qui a le plus de potentiel, selon Grail Capital, qui prévoit une explosion dans les 7 à 10 ans qui viennent. “Les jeunes ayant un fort pouvoir d’achat dépensent trois fois plus d’art digital que leurs parents et leurs grands-parents”.
L’arrivée de l’IA dans l’art digital
Récemment, c’est l’œuvre “Unsupervised” de Refik Anadol qui a rejoint la collection permanente du MoMa de New-York, une première historique. Dans quelques semaines, le salon Paris Photo ouvre pour la première fois un “secteur digital”. Le Musée Georges-Pompidou à Paris accueille quant à lui un “accrochage NFT” composé notamment d’œuvres d’art génératif, jusqu’au 22 janvier 2024.
L’arrivée de ChatGPT et de Midjourney en 2022 ont joué un rôle de catalyseur. Pour les investisseurs, c’est clairement la catégorie qui a le plus “surperformé” en 2023, avec pas moins de 40 artistes ayant atteint leur prix record, et une volatilité en baisse, signe d’une certaine stabilité et de maturité de cette niche, dans un marché des NFT qui a connu bien des secousses.
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