Vous aimez comprendre les aspects techniques régissant une blockchain ? Vous êtes servi ! La technologie blockchain est aussi vaste qu’intéressante. Si vous êtes curieux, vous avez alors vu passer régulièrement les notions de « chains » et de « layers ». Mais alors, quel est le lien entre une blockchain, une chain et un layer ? Dans cet article, nous allons vous expliquer cela en prenant un exemple très particulier, un layer 2 appelé « Spiderchain »… Découvrez comment la Spiderchain peut améliorer le réseau Bitcoin !
Qu’est-ce qu’un layer 2 ?
Avant de parler de la Spiderchain, évoquons la notion de layer. Sur le marché, il existe actuellement trois types de blockchains. Chacun possède un rôle et un périmètre d’activités qui lui sont propres.
Layer 1
Tout d’abord, vous avez la blockchain layer 1, c’est le type de blockchains le plus connu à l’heure actuelle. Un layer 1 désigne une blockchain standard du type Bitcoin, Ethereum, Solana, Cardano, etc. Un layer 1 est indépendant par nature et gère tout seul l’ensemble des activités d’une blockchain c’est-à-dire les aspects liés à la sécurité, au consensus, à l’application, à l’exécution, etc. En général, les blockchains layer 1 ne sont pas compatibles entre elles.
Layer 0
Vous avez également les layers 0. Il s’agit du niveau fondamental d’une blockchain dans le sens où il s’agit d’une infrastructure globale créée pour développer des blockchains (layer 1) compatibles entre elles. Polkadot, Algorand et Cosmos sont les layers 0 les plus connus à l’heure actuelle.
Layer 2
Enfin, vous avez les layers 2. Un layer 2 est une solution qui se greffe sur un layer 1 pour en améliorer les performances. Un layer 2 vise surtout à augmenter la scalabilité (capacité d’une blockchain à gérer un grand nombre de transactions) d’un layer 1. Un layer 2 n’est pas une blockchain à proprement parler puisque certaines activités restent gérées par le layer 1 associé, comme la sécurité par exemple.
En général, le layer 2 s’occupe uniquement de l’exécution des transactions. En les gérants en-dehors de la blockchain principale, le réseau peut donc traiter davantage de transactions. Un layer 2 peut être comparé à une voie supplémentaire sur une autoroute, qui permet de dépasser les véhicules et ainsi fluidifier le trafic.
A l’heure actuelle, Polygon et Lightning Network sont deux layers 2 très connus, ils fonctionnent (respectivement) avec la blockchain Ethereum et Bitcoin. La « Spiderchain » entre dans la catégorie des layers 2…
Qu’est-ce que Spiderchain ?
Spiderchain… ce nom pourrait vous faire penser à une sorte de super héro de la blockchain. Et pourquoi pas après tout ?! Découvrez les bases de la Spiderchain.
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Présentation générale du protocole Spiderchain
Spiderchain n’est pas encore en fonctionnement, il s’agit d’un projet qui est développé par la firme Botanix Labs. Les informations les plus concrètes que l’on ait sur Spiderchain proviennent pour le moment de son livre blanc publié en juin 2023.
Le projet Spiderchain part d’un constat simple. La croissance de la blockchain Ethereum passe notamment par la DeFi (finance décentralisée). Pour rappel, l’Ethereum est en capacité de gérer les smart contracts et donc des applications décentralisées (dApps). Pour cette raison, elle est la blockchain reine dans le domaine de la DeFi qui désigne l’ensemble des applications décentralisées en lien avec la finance. La blockchain Bitcoin, en l’état, ne peut pas gérer les smart contracts et ne peut donc pas héberger des applications décentralisées.
C’est pour cette raison que des layers 2 ont été développés. Les deux principaux layers 2 qui permettent de gérer des dApps sur Bitcoin sont le Lightning Network et Liquid. Si ces layers 2 ont leurs avantages, leur impact reste limité. Comme le rappelle le livre blanc, les montants présents sur les layers 2 du Bitcoin (tous confondus) représentent moins de 0,1 % de la capitalisation totale du Bitcoin, autrement dit pas grand chose !
Pourtant, le Bitcoin a le potentiel d’être utilisé en DeFi. Pour l’heure, le seul moyen d’utiliser des bitcoins dans une application DeFi fonctionnant sur Ethereum est de passer par les Wrapped Bitcoins (un type de « Bitcoin » qui fonctionne sur l’Ethereum). A l’heure actuelle, ces bitcoins particuliers représentent 2 % de la capitalisation du BTC.
Autrement dit, en ce qui concerne les applications décentralisées, il y a plus de « bitcoins » sur Ethereum que sur la propre blockchain Bitcoin, un comble ! Sur la base de ce constat, les développeurs de Botanix Labs ont élaboré la solution Spiderchain.
Comment fonctionne Spiderchain ?
Le réseau Spiderchain peut être vu comme une série de portefeuilles multisignatures successifs gérés par ce que l’on appelle des « orchestrators ». Une explication très simpliste du fonctionnement du système est le suivant :
- Les gens déposent des collatéraux BTC dans un portefeuille multisig (multisignatures) pour devenir un orchestrator.
- Les orchestrators exécutent 2 nœuds à la fois: un nœud Bitcoin et un nœud Spiderchain.
- Les orchestrator gèrent les demandes d’entrée et de sortie en contrôlant les portefeuilles multisig et s’assurent que les autres orchestrators agissent honnêtement et restent actifs.
- Les nouvelles transactions entraînent la création d’un nouveau portefeuille multisig géré par un sous-ensemble aléatoire d’une centaine d’orchestrators actifs.
- Un orchestrator spécifique est choisi pour diriger chaque séquence de la Spiderchain (lorsqu’un bloc Bitcoin est créé et que des interactions avec la Spiderchain peuvent se produire) en fonction du hachage de bloc Bitcoin des 6 blocs précédents. Chaque bloc Spiderchain successif est dirigé par un orchestrator différent qui est désigné par calculs.
Vous vous dites peut-être que les orchestrators sont similaires aux nœuds qui font du staking sur l’Ethereum par exemple ? C’est pas faux ! En fait, la Spiderchain utilisera effectivement un système de consensus de Proof-of-Stake. Ce système choisi les « gérants » du réseau en fonction des tokens en staking.
A quoi sert la Spiderchain ?
Le livre blanc fournit de nombreux détails très techniques sur le fonctionnement de Spiderchain. Nous vous résumons ci-dessous les 3 grandes caractéristiques de Spiderchain :
- Scalabilité. Comme tout layer 2, Spiderchain va permettre d’améliorer la scalabilité du Bitcoin, aujourd’hui estimée autour de 7 TPS (transactions par seconde).
- Smart contracts. Avec Spiderchain, les smart contracts vont désormais pouvoir être gérés par le Bitcoin. Cela ouvre la porte à une palette d’opportunités immense lorsqu’on considère le marché des dApps à l’heure actuelle et son succès sur Ethereum par exemple.
- Comptabilité EVM. Ce point est probablement le plus intéressant dans la Spiderchain. La Spiderchain sera entièrement compatible avec l’EVM, la machine virtuelle d’Ethereum et son langage informatique Solidity. Concrètement, cela signifie que les applications développées sur Spiderchain pourront être utilisées sur Ethereum et vice versa, de même que le transfert de données sera facilité. C’est un avantage énorme lorsqu’on sait qu’Ethereum est LA blockchain qui attire le plus de projets et de développeurs. Autrement dit, les développeurs d’applications déjà familiers avec le langage Solidity pourront directement travailler sur la Spiderchain s’ils le souhaitent. Un véritable appel d’air pour les développeurs du monde entier !
Spiderchain VS Lighting network & Liquid
Mais qu’apporte de différent la Spiderchain comparé aux deux layers 2 principaux du Bitcoin, à savoir Lightning Network et Liquid ? Spiderchain va améliorer ou gommer deux défauts présents chez ces deux layers 2.
Tout d’abord, Spiderchain va permettre une meilleure décentralisation que Liquid. En effet, sur le réseau Liquid, seulement 15 « functionaries » (personnes qui gèrent un nœud entier) peuvent créer de nouveaux blocs, ce qui pose question sur le niveau de décentralisation. Une meilleure décentralisation est importante car elle apporte davantage de confidentialité et de sécurité pour l’écosystème.
Ensuite, Spiderchain sera plus facile d’accès avec des frais moins élevés que Lightning Network. En effet, Lightning Network demande de fortes liquidités, et il nécessite souvent la fermeture et l’ouverture d’un nouveau canal pour l’échange. Or, chaque ouverture et fermeture de canal se fait sur la blockchain principale (Bitcoin en l’occurrence), ce qui met en jeu des frais parfois importants.
La Spiderchain a beaucoup d’atouts pour plaire. Son potentiel est énorme dans un contexte où la DeFi prend de plus en plus d’importance. Les prochaines expérimentations de la Spiderchain seront donc à suivre de près !
Source : livre blanc
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Charles Ledoux
