Ces dernières années, les levées de fonds pour les start-ups du Web3 battent des records. Alors est-ce le signe d’un changement d’un paradigme ou assiste-t-on à la création d’une nouvelle bulle spéculative ?
Qu’est-ce que le Web3 ?
Depuis des décennies, les entreprises de la tech séduisent les investisseurs. Récemment, ce sont notamment les entreprises du Web3 qui attirent les regards. Mais alors qu’est ce que le Web3 exactement ?
Le Web3 correspond à la nouvelle ère d’Internet. Le Web1 désignait les débuts d’Internet dans les années 90 avec la recherche d’informations comme concept central. Dans les années 2000, le Web2 a fait son apparition avec l’avènement des réseaux sociaux comme Facebook ou d’autres géants comme Google et Amazon. Ce web se voulait plus participatif.
Le Web3 quant à lui est un concept inventé par Gavin Wood, l’un des co-fondateurs d’Ethereum, en 2014. Cette nouvelle évolution du web se caractérise par une plus grande décentralisation. Gavin Wood comme d’autres reprochent au web actuel, la mainmise d’acteurs centralisés comme les GAFAM sur le web mondial. Dans un manifeste publié en 2018, Gavin Wood déclarait :
Les géants qui ont la main sur ces services n’agissent peut-être pas de manière diabolique, certes, mais ils ne sont pas non plus altruistes. Ils font de l’argent sur notre dos, ils se nourrissent de nos informations personnelles, et nous censurent quand cela pose problème.
Le Web 3 vise à redonner du pouvoir aux internautes via une plus grande décentralisation. Au cœur de ce concept, on retrouve notamment la blockchain et les crypto-monnaies.
Un fort intérêt de la part des investisseurs !
Pour certains, le Web3 ne serait qu’un concept purement marketing. Ses détracteurs estiment, à minima, que cette dénomination est encore trop floue. Pour les plus virulents, il s’agirait d’une nouvelle bulle spéculative semblable à la bulle Internet du début des années 2000.
Afin de quantifier l’attrait du Web3, il est intéressant de se pencher sur les investissements réalisés dans des start-ups et entreprises du secteur. Pour cela, nous utiliserons différents rapports de Pitchbook baptisés “Emerging Tech Indicators”.
Ces derniers recensent les investissements dans les start-up et entreprises de la Tech. Différentes catégories sont présentes : Web3, Intelligence artificielle et machine learning, ecommerce, biotech etc.
Ces données permettent d’observer les secteurs qui attirent le plus de fonds. Si l’on se penche sur le rapport du troisième trimestre de l’année 2022, on observe la domination écrasante du Web 3. Sur cette période, les entreprises du Web3 ont attiré près de 900 millions de dollars de fonds de la part d’investisseurs et de VC.
C’est plus que les 700 millions de la fintech ou des biotech qui arrivent respectivement à la deuxième et troisième place du podium. Ce fut le 5 ème trimestre consécutif avec le secteur du Web3 en tête du classement des secteurs de la Tech ayant attiré le plus de fonds.
Du troisième trimestre 2021 au troisième trimestre 2022, ce sont plus de 6,5 milliards de dollars d’investissements dans des entreprises du Web3 qui ont été comptabilisés. C’est plus de deux fois le montant dans le secteur des fintech (2,7 milliards de dollars) qui arrive à la deuxième place de ce classement. Ce chiffre est d’autant plus impressionnant que le bear market était déjà bien entamé durant cette période.
La fin du jeu ?
Malgré cette bonne forme apparente, les dernières données de Pitchbook sont moins encourageantes. En effet, lorsqu’on s’intéresse aux investissements du deuxième trimestre 2023, on observe le net déclin du Web3. Ce ne sont plus que 159 millions de dollars qui ont été levés par les entreprises du secteur contre plus de 646 millions de dollars pour l’intelligence artificielle.
Ces chiffres semblent conformes au changement de narrative qui s’est mis en place ces derniers mois. En effet, depuis l’arrivée de ChatGPT, l’IA est dans toutes les conversations et attirent les regards de nombreux VC.
Ce recul s’observe également lorsqu’on se penche sur les données des 12 derniers mois écoulés du rapport. Le Web3 ne figure plus qu’en 4ème position, loin derrière le numéro 1, la biotech. Le nombre d’opérations s’est également effondrée comme on peut l’observer sur le graphique ci-dessous.
Seul la levée de fonds de LayerZero, un protocole misant sur l’interopérabilité, pour 120 millions de dollars est à souligner.
Alors assistons-nous au dégonflement de cette bulle spéculative du Web3 ? Il semble encore trop tôt pour le dire. Le bear market a semble-t-il freiné les ardeurs de nombreux investisseurs. Toutefois, le secteur continue d’attirer les investissements et le redémarrage d’un cycle haussier pourrait bien changer la donne.
Toujours est-il que pour survivre et prospérer, le Web3 aura besoin de cas d’usages concrets. Si des premiers exemples de succès commerciaux comme Ledger ou Sorare sont encourageants, d’autres entreprises devront réussir pour ancrer définitivement le Web3 comme un secteur qui compte !
Sources :
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