Le 31 octobre 2008 est souvent célébré comme l’acte de naissance de Bitcoin. Mais pour une frange plus technique de la communauté crypto, c’est le 3 janvier 2009, date de production du premier bloc de transactions, qui marque réellement l’avènement du réseau Bitcoin. Entre ce “bloc Genesis”, comme on l’appelle, véritable totem, et le bloc #824 177 (à l’heure de ces lignes), quinze ans d’histoire.
Du livre blanc au premier bloc de transactions
Il aura donc fallu soixante-quatre jours à Satoshi Nakamoto pour que son livre blanc d’octobre 2008 accouche des premières transactions de son “peer-to-peer electronic cash system”. Déjà, le livre blanc, loin d’être une simple abstraction théorique, contenait des extraits de code qui validaient son concept dans la réalité pratique.
L’aspect le plus novateur de ce document résidait dans sa solution élégante au problème de la double dépense. En instaurant un registre horodaté et inaltérable de toutes les transactions, Bitcoin rendait la double dépense quasi-impossible. Au sein de ce bloc Genesis, S. Nakamoto a intégré un message symbolique, révélant peut-être ses vues critiques envers le système monétaire et financier traditionnel.
Ce message reprenait le titre d’un article du Times du 3 janvier 2009, en pleine crise des subprimes : “Le Chancelier prépare un deuxième plan de sauvetage des banques”. Ce choix de date et de citation, toujours largement commenté à ce jour, semble indiquer une intention de Nakamoto de pointer du doigt les défaillances du système financier existant. Nakamoto cherchait-il à critiquer réellement les banquiers et la finance traditionnelle avec la création de Bitcoin ?
Des ATM Bitcoin aux injonctions du tout KYC
Cinq ans après l’émergence du bloc Genesis de Bitcoin, un nouveau chapitre s’est ouvert dans l’histoire de la cryptomonnaie : l’apparition des distributeurs automatiques Bitcoin. La première percée grand public du Bitcoin a vu naître le tout premier distributeur ATM. L’inauguration eut lieu le 29 octobre au Waves Coffee House, charmant café du centre-ville de Vancouver, désormais lieu de pèlerinage des bitcoiners.
Le réseau de distributeurs automatiques Bitcoin, bien que débutant modestement, a connu une expansion fulgurante. Des milliers de guichets, dédiés au Bitcoin et à d’autres cryptomonnaies, ont émergé chaque année, témoignant de l’adoption croissante de Bitcoin à travers le monde. En 2021, le réseau atteignait son zénith avec près de 40 000 guichets actifs, où l’on pouvait acheter des bitcoins et des ethers sans carte d’identité.
Au 3 janvier 2024, le réseau fait de la résistance, avec près de 34 000 guichets actifs, selon le portail CoinATMRadar. L’Europe en compte 1 500, avec 20 d’entre eux répartis en France. Paris se distingue avec 12 de ces machines. Deux principaux acteurs se partagent le marché. D’une part, General Bytes, leader du marché, se distingue par ses machines aux teintes jaunes ou oranges. D’autre part, Lamassu, reconnaissable à ses distributeurs de couleur noire.
Du bloc 0 au millionième bloc
Quinze ans après l’extraction du bloc Genesis, le réseau Bitcoin s’approche du bloc #1 000 000. Comme on le sait, tout repose sur les mineurs. Motivés par les récompenses lucratives, ils jouent également un rôle crucial dans la protection du réseau Bitcoin contre toute intrusion extérieure. A l’heure de ces lignes, le bloc #824 177 vient tout juste d’être miné, avec 3 673 transactions validées par Binance Pool.
La stratégie monétaire de Bitcoin, caractérisée par sa tendance à la déflation, est déjà établie jusqu’en 2140. Un élément central de cette politique est le “halving”, un événement récurrent après chaque série de 210 000 blocs validés. Étant donné que la blockchain Bitcoin est conçue pour miner un bloc toutes les dix minutes, ce phénomène se produit approximativement tous les quatre ans. Le “halving” se traduit par une diminution de moitié des récompenses accordées aux mineurs pour la validation de chaque bloc.
Le prochain halving est prévu pour avril 2024, où la récompense par bloc miné passera de 6,25 à 3,125 bitcoins. D’ici 2140, les 21 millions de bitcoins seront entièrement minés. Aucun nouveau bitcoin ne sera créé après cela, et les mineurs ne recevront plus de bitcoins nouvellement générés pour leurs services, bien qu’ils pourraient percevoir davantage de revenus sous forme de frais de transaction. Nous en sommes à 19 millions de bitcoins en circulation.
D’un trésor de geeks à un actif bientôt vendu à Wall Street
La trajectoire du Bitcoin, passant d’une audience de passionnés à un actif refuge, est un récit digne d’un conte de fées. En l’espace de seulement 15 ans, Bitcoin a atteint une capitalisation boursière avoisinant les 900 milliards de dollars. Un bond remarquable que n’aurait jamais imaginé le programmeur Laszlo Hanyecz lorsqu’il régla, pour 10 000 bitcoins, une livraison de pizzas pour lui et ses deux enfants.
Bitcoin a transcendé les barrières sectorielles, avec une adoption croissante dans divers domaines allant de l’immobilier aux loisirs, en passant par l’éducation et le tourisme. Cette monnaie numérique offre la possibilité de réaliser une multitude de transactions, sans la nécessité d’une banque ou d’une entité centrale.
L’ascension fulgurante de Bitcoin est soulignée par le fait qu’il est désormais classé comme le neuvième actif le plus cher au monde en termes de capitalisation boursière, selon le trader professionnel et auteur financier Oliver Velez. En moins de deux décennies, Bitcoin a surpassé 7 963 autres actifs pour atteindre cette position. Les projections de Velez suggèrent même que Bitcoin pourrait se hisser dans le top 3 d’ici fin 2025, un pronostic audacieux mais pas irréalisable étant donné la dynamique actuelle de cette cryptomonnaie.
De l’esprit des cypherpunks à l’art des Ordinals
En 2022 et 2023, un concept a dominé le paysage de la communauté Bitcoin et l’a fait rugir de débats enflammés : les Ordinals. Nous y avons même consacré un article, à retrouver ici. Ce protocole a eu un impact remarquable sur le réseau Bitcoin, provoquant une vague d’activité sans précédent et un débat animé sur sa nature, certains le considérant comme une forme de spam réseau.
Le protocole Ordinals exploite l’ordre de création des satoshis. Il introduit une dimension de non-fongibilité dans l’univers du Bitcoin, dont chaque jeton est traditionnellement fongible. Cette innovation a ouvert la voie à l’émission de NFT et à la création de nouveaux tokens, connus sous le nom de tokens BRC-20. Cette année, l’augmentation des transactions sur le réseau Bitcoin a été principalement alimentée par l’activité croissante autour des Ordinals, poussant les frais de transaction à des niveaux record.
L’influence des Ordinals s’est étendue au-delà du réseau Bitcoin, inspirant des initiatives similaires sur le réseau Avalanche notamment. Leur popularité a suscité un nouvel intérêt pour les places de marché NFT spécifiques à Bitcoin, un domaine jusqu’alors dominé par des plateformes telles qu’OpenSea et Blur, qui opèrent principalement sur Ethereum et d’autres chaînes compatibles dites “EVM-compatibles”.
Sources : Coin Telegraph
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