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Ordinals, NFT Bitcoin et Jetons BRC-20 : on vous explique tout sur le nouveau phénomène qui agite Bitcoin

David Rajaonary
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Ordinals, c’est quoi ? Imaginons que vous ayez entre vos mains un carnet de chèques, et que vous pouviez écrire sur chaque chèque non seulement le montant 💶 et le destinataire 🪧, mais aussi un dessin, un poème ou un message secret. Ces données sont ensuite gravées dans un registre, avec des pages reliées entre elles par des codes secrets. Ainsi, elles deviennent immuables, figées et non reproductibles. Ordinals, c’est cela. Des données qui deviennent des “NFT” (Non-Fungible Tokens), des jetons numériques qui représentent des objets uniques et originaux.

Allons à la rencontre de ce protocole, qui a été lancé en janvier 2023 par un développeur et artiste nommé Casey Rodarmor. Et expliquons son fonctionnement, ses subtilités ainsi que son impact sur le réseau Bitcoin.

 

Ordinals, qu’est-ce que c’est ?

Derrière Ordinals, la théorie des nombres

Si le nom Ordinals vous évoque des souvenirs de l’école primaire 🎒, c’est que vous avez vaguement saisi l’essence de ce protocole. En effet, le nom vient du concept mathématique de nombre ordinal, qui permet de préciser le rang d’un objet appartenant à un ensemble. Exemple : le premier 1️⃣, le deuxième 2️⃣, le troisième 3️⃣, etc. sont des nombres ordinaux.

Le fonctionnement du protocole Ordinals reprend la théorie des nombres ordinaux. Il numérote chaque satoshi qui compose un bitcoin ฿. Ordinals commence par l’indice 0 et en allant dans l’ordre dans lequel les coins sont minés.

Comme vous le savez certainement, le terme bitcoin vient de l’anglais bit (unité d’information binaire) et coin (pièce de monnaie). Le terme satoshi désigne la plus petite unité du bitcoin, qui vaut un cent-millionième de bitcoin (0,00000001 BTC).

En d’autres termes, les ordinals permettent aux utilisateurs et utilisatrices de rendre chaque satoshi unique en y associant des données supplémentaires, comme de l’art, du texte ou de la vidéo. Ces données sont inscrites de manière permanente et immuable sur la blockchain Bitcoin, comme sur un cloud décentralisé et transparent.

Le premier NFT Ordinals

De son propre aveu, Casey Rodarmor ne pensait pas que son idée allait prendre une telle ampleur. Dans une interview, il explique qu’il travaillait sur Ordinals depuis le printemps 2022, mu par sa passion pour l’art 🖼️ et sa curiosité sur les développements cryptographiques.

Quelques jours avant Noël, il tente (et réussit) à graver son tout premier NFT sur la blockchain Bitcoin. Attrapant au vol le bloc n° 767 430, il y grave une image en noir et blanc représentant un crâne humain, sur fond noir 🩻. Ce tout premier NFT Ordinals porte le numéro 0.

Sans trop y croire, Rodarmor publie ensuite le code source de son projet sur GitHub. Dans la foulée, il l’annonce sur Twitter, là encore sans trop de conviction. Sauf que. Son tweet est partagé encore et encore, et enflamme la twittosphère, traditionnel épicentre du milieu crypto.

En quelques jours, de nombreux artistes se mettent à graver des NFT sur Bitcoin grâce à son protocole. Il réalise alors qu’il vient de lancer une révolution.

💡 L'inscription 0 sur Ordinals

💡L’inscription 0, à jamais la première

Le tout premier NFT Ordinals est toujours visible sur le site web d’Ordinals (ordinals.com/inscription/), où il porte le numéro 0 🏷️. Et comme pour toutes les inscriptions qui ont suivi, des notes nous donnent quelques informations qui vous permettront peut-être de briller lors du prochain dîner mondain 😁:

▶ Le lien vers l’image du NFT, qui est une image PNG de 793 octets,

▶ La valeur de sortie du NFT, qui est de 10 000 satoshis (0,0001 BTC),

▶ Les frais de transaction payés pour inscrire le NFT, qui sont de 322 satoshis (0,00000322 BTC).

▶ Le numéro ordinal du NFT, qui est gravé dans le satoshi 1252201400444387,

▶ La date et l’heure de la création du NFT, qui sont le 14 décembre 2022 à 20:32 UTC,

▶ La hauteur du bloc dans lequel le NFT a été inscrit, qui est le bloc 767 430,

 

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Les NFT et Bitcoin, une histoire qui ne date pas d’hier

Les blocs de Bitcoin sont comme des pages d’un grand livre comptable partagé par tous les ordinateurs du réseau, qui enregistrent toutes les transactions en BTC. Plus la page est large, plus il y a de place pour inscrire des données autres que les transactions.

Jusqu’en 2021, la taille des blocs de Bitcoin était limitée à 1 mégaoctet.  Cela signifie que chaque bloc ne pouvait contenir que 1 Mo de données de transaction. Cette limite a été introduite par Satoshi Nakamoto pour éviter les attaques par spam sur le réseau.

Les choses ont changé à la suite de deux mises à jour de Bitcoin, SegWit en 2017 et Taproot en 2021. Celles-ci ont permis de quadrupler la taille des blocs pour atteindre 4 mégaoctets.

Comme vous l’aurez sûrement deviné, les NFT d’Ordinals ne sont pas les premières tentatives de NFT sur Bitcoin. En réalité, ils sont les derniers nés d’une longue lignée de projets qui ont essayé de créer de graver des médias sur la blockchain Bitcoin, en utilisant différentes techniques. Parmi ces projets, on peut citer :

▶ Les Coloured Coins, qui a eu l’idée de colorer des BTC pour les lier à des actifs du monde réel en 2014, mais qui a été limité par la capacité des blocs Bitcoin.

Counterparty Protocol, qui a permis de créer des blockchains et des crypto-actifs (y compris des NFT) sur la couche principale de Bitcoin en 2014, mais qui a été éclipsé par l’essor d’Ethereum.

Le succès d’Ordinals a également mis en lumière Stacks. La blockchain Stacks est une solution de seconde couche associée au Bitcoin (BTC). Son but est de permettre l’intégration de smart contracts dans l’écosystème Bitcoin. Et d’après son co-créateur, Muneeb Ali, déjà 650 000 dollars de NFT ont été créés sur le protocole Stacks. Il a ajouté que certains portefeuilles cryptos développés sur Stacks peuvent prendre en charge les NFT Ordinals.

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Déjà 650 000 dollars de NFT ont été créés sur le protocole Stacks, une blockchain “fille” de Bitcoin

 

Les jetons BRC-20, qu’est-ce que c’est ?

Les jetons BRC-20, des tokens sur Bitcoin !

Pour expliquer les jetons BRC-20, je vais utiliser une analogie simple. Imaginons que vous vouliez créer votre propre monnaie virtuelle sur Bitcoin. Vous avez besoin de deux choses : des satoshis et des inscriptions.

Nous en avons parlé avec Ordinals : les satoshis sont les plus petites fractions du bitcoin, comme les centimes sont les plus petites fractions de l’euro. Les inscriptions sont des données supplémentaires que vous pouvez ajouter aux satoshis, comme des étiquettes ou des autocollants.

Le protocole Ordinals vous permet d’ajouter des inscriptions aux satoshis, en utilisant un format de données appelé JSON (JavaScript Object Notation). Ce format vous permet d’écrire des informations simples et lisibles, comme le nom, le symbole et la quantité de votre monnaie virtuelle. Par exemple, vous pouvez écrire :

{ “name”: “Cryptonaute”, “symbol”: “NAUTE”, “quantity”: 1000000 }

Ces informations sont ensuite encodées et stockées dans la blockchain Bitcoin, en utilisant une partie des données appelée witness data. Cette partie des données a été introduite par la mise à jour Taproot en 2021, qui a permis d’augmenter la capacité et l’efficacité des blocs Bitcoin.

En ajoutant ces inscriptions aux satoshis, vous créez des jetons BRC-20. Ces jetons peuvent ensuite être transférés entre les utilisateurs, en utilisant les transactions Bitcoin normales.

A l’heure où j’écris ces lignes, les BRC-20 créés ont une capitalisation de 614 millions de dollars, pour un volume d’échange quotidien dépassant les 207 millions.

 

Quelles différences entre un token BRC-20 et un NFT Ordinals ?

En résumé, un jeton BRC-20 est comme une pièce de monnaie autocollante que vous pouvez échanger avec d’autres pièces de monnaie autocollantes du même type. Un NFT Ordinals est comme une pièce de monnaie unique que vous ne pouvez pas échanger avec d’autres pièces de monnaie.

Un jeton BRC-20 est un jeton fongible, c’est-à-dire qu’il peut être échangé contre un autre jeton de même valeur et de même type . Par exemple, un jeton BRC-20 qui représente une part de stock peut être échangé contre une autre part de stock du même jeton. Un jeton BRC-20 est créé en ajoutant des inscriptions JSON aux satoshis, en utilisant le protocole Ordinals.

Un NFT Ordinals est un jeton non fongible, c’est-à-dire qu’il est unique et ne peut pas être échangé contre un autre jeton . Par exemple, un NFT Ordinals qui représente une œuvre d’art numérique ne peut pas être échangé contre une autre œuvre d’art du même NFT. Un NFT Ordinals est créé en ajoutant des références d’art numérique aux satoshis, en utilisant le protocole Ordinals .

 

Sans les mises à jour SegWit et Taproot, nous n’aurions eu ni NFT Ordinals, ni jeton BRC-20

La mise à jour SegWit, activée en 2017, a permis d’augmenter la capacité des blocs de Bitcoin en séparant les signatures des transactions et en les plaçant dans une structure de données appelée witness.

Cela a permis de réduire l’espace occupé par chaque transaction et de libérer de la place dans chaque bloc. La taille théorique des blocs est ainsi passée à 4 mégaoctets.

La mise à jour Taproot, activée en novembre 2021, est comme un changement de serrure sur votre porte 🗝️. Avant, vous aviez une serrure ancienne et volumineuse, qui faisait du bruit 🔔 quand vous l’ouvriez et qui montrait à tout le monde ce que vous faisiez chez vous. Maintenant, vous avez une serrure moderne et discrète 🔕, qui s’ouvre facilement sans faire entendre vos allées et venues .

Taproot a introduit un nouveau type de signature appelé Schnorr qui prend moins de place dans les blocs Bitcoin. Surtout, Schnorr masque les informations sur les transactions, ce qui augmente la confidentialité des utilisateurs et protège les transactions complexes.

La taille des blocs n’a pas été modifiée par Taproot, mais elle a été optimisée de façon considérable !

Disques durs informatiques
Taproot (14 nov 2021) a rendu les transactions plus simples et plus uniformes, ce qui a changé et facilité leur validation par les mineurs du réseau Bitcoin
💡 La mise à jour Taproot (2021), un tournant majeur pour Bitcoin

💡La mise à jour Taproot (2021), un tournant majeur pour Bitcoin

Imaginez que vous voulez envoyer de l’argent à quelqu’un avec Bitcoin. Vous avez besoin de deux choses : une clé privée et une clé publique. La clé privée est comme un code secret que vous gardez pour vous et qui vous permet de signer vos transactions. La clé publique est comme une adresse que vous partagez avec les autres et qui leur permet de vous envoyer ou de recevoir de l’argent.

Avant la mise à jour Taproot, les transactions Bitcoin étaient basées sur un type de signature 📑 appelé ECDSA (Elliptic Curve Digital Signature Algorithm). Ce type de signature a deux inconvénients :

  • Il prend beaucoup de place dans les blocs Bitcoin, ce qui limite le nombre de transactions que l’on peut inclure dans chaque bloc et augmente les frais de transaction.
  • Il révèle beaucoup d’informations sur les transactions, ce qui réduit la confidentialité des utilisateurs et expose les transactions complexes à des attaques.

La mise à jour Taproot introduit un nouveau type de signature 📑 appelé Schnorr (du nom de son inventeur, Claus-Peter Schnorr). Ce type de signature a plusieurs avantages :

  • Il prend moins de place dans les blocs Bitcoin, ce qui permet d’inclure plus de transactions dans chaque bloc et de réduire les frais de transaction.
  • Il masque les informations sur les transactions, ce qui augmente la confidentialité des utilisateurs et protège les transactions complexes.
  • Il permet de combiner plusieurs signatures en une seule, ce qui facilite la création et l’exécution de contrats intelligents.

 

Saturation du réseau Bitcoin : le problème de l’autoroute à deux voies

Mais quel est donc le problème 🤷? Imaginez que le réseau Bitcoin est comme une autoroute à deux voies 🚗. Chaque voiture représente une transaction qui veut aller d’un point A à un point B. Les mineurs sont comme des péages qui vérifient les transactions et les laissent passer. Les frais de transaction sont comme le prix que les conducteurs paient pour passer le péage.

Maintenant, imaginez que les NFT Ordinals et les jetons BRC-20 sont comme des camions qui transportent des objets numériques (comme des œuvres d’art ou des jetons). Ces camions sont plus gros et plus lourds que les voitures normales, donc ils prennent plus de place sur l’autoroute et au péage.

Si il y a beaucoup de camions qui veulent passer en même temps, il y a un risque de saturation de l’autoroute. Cela signifie que l’autoroute devient trop encombrée et que les voitures et les camions doivent attendre plus longtemps pour passer le péage. Pour éviter d’attendre, certains conducteurs sont prêts à payer plus cher pour passer en priorité. Cela fait augmenter le prix du péage pour tout le monde.

C’est ce qui se passe sur le réseau Bitcoin quand il y a beaucoup de NFT Ordinals et de jetons BRC-20 qui sont créés ou échangés. Ces transactions prennent plus d’espace dans les blocs (qui sont comme des sections de l’autoroute) et font augmenter la demande de passage au péage (qui est limité à un certain nombre de transactions par bloc). Cela fait augmenter les frais de transaction pour tous les utilisateurs du réseau Bitcoin.

A l’heure où j’écris ces lignes, comptez pas moins de 6$ pour transférer des BTC. Le 8 mai, ces frais ont même dépassé 31 dollars (vous pouvez voir les frais en temps réel sur BitInfoCharts).

💡 Des millions de dollars de transactions en attente !

💡 Des millions de dollars de transactions en attente !

Bitcoin

Pensez au “mempool” de Bitcoin comme à une salle d’attente où les transactions attendent d’être confirmées par le réseau. Chaque transaction est comme un ticket qui indique le montant à payer et le destinataire du paiement. Les mineurs sont comme des guichetiers qui vérifient les tickets et les enregistrent dans un registre appelé bloc.

Si il y a beaucoup de tickets spéciaux qui arrivent en même temps, il y a un risque de surcharge de la salle d’attente. Cela signifie que la salle d’attente devient trop pleine et que les tickets doivent attendre plus longtemps pour être traités par les guichetiers. Pour éviter d’attendre, certains clients sont prêts à payer plus cher pour passer en priorité. Cela fait augmenter le prix des tickets pour tout le monde.

C’est ce qui se passe sur le réseau Bitcoin. Selon Mempool Space, hier 19 mai, la taille du mempool était de 373,3 MB. Aujourd’hui, nous en sommes à 963 MB ! Près de 288 000 transactions sont en attente de confirmation :

Nous voici rendus à la fin de ce dossier consacré aux NFT Ordinals et aux jetons BRC-20 du réseau Bitcoin. A la semaine prochaine pour un nouveau dossier 😊

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David Rajaonary

David Rajaonary

David est analyste financier indépendant, et décrypte chaque dimanche pour vous l’actualité de la crypto et de la finance de la semaine. Il écrit régulièrement quelques papiers pour analyser des acteurs clés de la DeFi, des stablecoins et des monnaies numériques de banques centrales.

Diplômé en Finance et Comptabilité, David exerce depuis 10 ans dans l’Audit, le Conseil en management et l’Analyse financière. Ses premiers pas dans la crypto datent de 2020, avec l’étude de projets de monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et de registres distribués (blockchains privées).

Depuis, David écrit régulièrement sur la percée des projets Ripple (XRP), Stellar Lumens (XLM) et Chainlink (LINK). Dans ses articles, il vous montre comment ces projets blockchain s’immiscent et transforment silencieusement le monde bancaire et celui de l'investissement.

Paiements transfrontaliers, transferts d’argent, bancarisation des populations vulnérables, prêts, tokénisation de titres financiers, tokénisation de biens immobiliers, lutte contre la fraude, sécurité … sont le fil conducteur de ses articles.

(Petit disclaimer : il s’exprime à titre personnel et son traitement de l’actualité ne constitue en rien des conseils d’investissement, ni des incitations à acheter ou à vendre des cryptomonnaies. Les prises de position, critiques et conclusions sont établies toujours dans le respect des principes d’éthique et de transparence journalistiques)

Quand il ne rédige pas sur la crypto, David aime explorer l’histoire de l’Art africain et des civilisations arabes.

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