Découvrez le progrès de l’adoption crypto et du Bitcoin dans le monde du poker professionnel avec Pierrick, organisateur de plus de 250 tournois internationaux.
L’adoption de la crypto et du bitcoin dans le monde du poker
Pierrick Torasso (fondateur de Metabank France) a été un organisateur majeur du monde de Poker. En effet, il a notamment organisé plus de 250 tournois à travers le monde et plus particulièrement en France, en Europe et en Afrique.
Pendant plus de 10 ans, il a donc été au cœur du monde professionnel du poker. Il a découvert la crypto et le Bitcoin en 2014 à Marrakech lors d’un tournoi de qualification pour les mondiaux de poker.
“J’ai découvert la crypto à Marrakech durant un tournoi international de poker que j’organisais, où nous avions des joueurs pros qui se rendaient au championnat du monde. Ils commençaient à se questionner sur les frais que leur prélevaient les banques pour faire des transferts, des sommes qui sont nécessaires pour participer aux différents événements.
Et ces joueurs pros parlaient de Bitcoin. J’avais l’oreille qui traînait et puis très rapidement dans la journée avec les équipes, on s’est mis à discuter un petit peu de ces sujets-là et c’est là que j’ai découvert véritablement la crypto.
Et puis, je commence à me rendre compte qu’il y a beaucoup de gens dans l’univers des jeux qui commencent à rentrer dans cet univers. Je commence à voir que les joueurs pros qui commencent à l’utiliser depuis 2, 3 ou 4 ans. Là, nous sommes plutôt en 2017.”
Poker Legend Tony G Talks Bitcoin, Blockchain & Freedom In Dubai – Tony Guoga
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Le meilleur exemple de cette adoption dans le monde du poker est celle de la légende du Tony Guoga. En effet, ce dernier a notamment créé son fonds Bitcoin en 2018, Cypherpunk Holdings.
“Et dès 2018 -2019, comme dans tout milieu dans lequel tu as des pros qui utilisent quelque chose, ça redescend rapidement sur les amateurs. Et du coup, à partir de 2019, je m’aperçois que les joueurs ont une certaine maturité par rapport au grand public et par rapport à la masse sur l’utilisation de ces cryptos. Et là, je commençais à me dire que c’est vachement intéressant. Je décide d’arrêter tout ce que je faisais et de me plonger dans ce monde.
Moi, j’ai joué comme un amateur qui avait des moyens parce que j’avais des sponsors, j´avais des casinos qui me demandaient de partir à Vegas pour aller piocher des idées. Donc chaque année, ils me finançaient pour que je puisse jouer dans des events, comprendre comment cela se passait pour amener un meilleur produit à la fin aux clients amateurs. Là où les pros, quand ils partaient à Vegas, ils avaient 20, 50 000 ou 200 000 dollars pour participer à l’ensemble de leur tournoi. Et les banques, elles leur prenaient 5 à 7 000 euros de commissions.
Et donc en fait, les pros, ils ont commencé à se tourner vers le Bitcoin. On se rend compte qu’ils pouvaient se faire des transferts de valeur plus facilement grâce à ça. Et puis rapidement, j’ai vu qu’effectivement, c’était beaucoup moins cher et qu’il y avait un véritable intérêt en termes de rapidité de transfert, en termes de coût et de facilité.
Ils n’allaient pas à se justifier pourquoi ils faisaient un virement, il ne fallait pas qu’ils passent à la banque un jour avant pour expliquer pourquoi ce virement. Plus besoin de justifier quoi que ce soit à la banque.”
De plus, les crypto-monnaies permettent des transferts transfrontaliers beaucoup plus simples et moins coûteux. Par ailleurs, plusieurs pays comme la Russie ont évoqué leur intérêt pour l’utilisation des crypto-monnaies pour les transferts internationaux. Ils ont récemment annoncé une plateforme de paiement crypto avec BRICS.
“En plus, les joueurs pros font des circuits internationaux. C’est comme un circuit de formule 1. Une fois, ils sont en Australie, une fois en France, une autre aux États-Unis, puis ils vont être à Londres, à Prague… Ils vont faire vraiment tout le circuit international.
C’est là que je découvre réellement l’intérêt dans cet univers. Et puis quand je m’aperçois qu’aujourd’hui, il y a des magazines de poker qui ont des pages spéciales avec 4 pages à l’intérieur du magazine qui ne parlent que de crypto, cela ne m’étonne plus.
Tout compte fait, il y a absolument des ponts naturels entre les deux univers. D’ailleurs, quand tu élargis un petit peu, tu t’aperçois que les casinos online, alors je ne parle pas que de la France, parce qu’en France il y a une réglementation, mais tu as dans beaucoup de pays des casinos qui vont exploiter cela. Des casinos qui sont des opérateurs, qui aujourd’hui acceptent les cryptos depuis 7 ou 8 ans déjà.
Et aujourd’hui, pour eux, c’est un vrai levier d’acquisition de joueurs, c’est le levier pour de meilleures expériences utilisateurs.”
Les similarités entre la régulation du web 3 et des jeux d’argent
Dans la mesure où le monde des jeux d’argent implique des contraintes similaires au monde des crypto-monnaies, il est intéressant de découvrir toute l’évolution du cadre réglementaire dans cet univers. Et Pierrick a suivi de près cette évolution et notamment en France :
“Les casinos en France, je parle des casinos réels, ont comme autorité de tutelle le ministère de l’Intérieur. Et donc tu as la police des jeux qui fait son travail de vérifier un certain nombre de critères dans le cadre de l’exploitation d’un établissement de jeu.
La loi, c’est la loi. Je ne suis pas là pour l’interpréter, je ne suis pas là pour particulièrement donner mon avis. Il y a une loi, il y a des lois et nous faisons avec.
Par contre, exactement comme quand les jeux en ligne sont arrivés en France ou même tout simplement le monde du poker (en 2007), il y a eu différentes phases et différentes évolutions. Au début, il y avait une seule feuille dans la réglementation, et aujourd’hui, il y en a des dizaines, et toujours avec peut-être des centaines de trous dans la raquette.
Donc toute cette évolution de la réglementation, je l’ai vue dans ma précédente vie, dans l’univers des jeux en ligne. Parce que quand les jeux sont arrivés, c’était un monopole d’État. En France, il y avait la Française des Jeux, le PMU et puis les casinos qui avaient le droit d’exploiter les jeux de hasard.”
En effet, c’est d’ailleurs ce manque de clarté réglementaire qui pose grands soucis aux exchanges américains qui se font sans cesse attaquer par la SEC. D’un côté, les acteurs tentent de s’immiscer dans les trous laissés par un cadre trouble, et de l’autre les régulateurs tentent de reboucher les trous afin d’éviter une explosion sur l’économie nationale.
Toutefois, cette approche provoque de nombreuses complications. Et pas seulement pour l’industrie crypto :
“Mais très rapidement, il y a eu des tas de problématiques. Les casinos, on leur a imposé la carte d’identité pour entrer dedans. Là, ils ont commencé à dire : “ mais attendez, ça veut dire que n’importe qui peut rentrer dans un PMU ou dans un point de vente française des jeux, sans cartes d’identité ? Moi, je perds des clients !”
Mais ensuite, la réglementation s’est mise à évoluer. Finalement, il y a des choses qui ont été dites, qui n’ont jamais abouti, qui ont juste fait peur au marché. Et si ce n’était pas pour faire peur au marché, c’était au moins là pour cadrer le marché et également pour empêcher presque psychologiquement des porteurs de projets de se lancer à cause des contraintes qu’ils allaient rencontrer. Ils se disaient “mais je ‘n’y arriverait jamais”.
Pour donner un exemple concret, c’est qu’au départ quand tu voulais être opérateur de jeux en ligne en France, tu devais payer une somme assez conséquente. C’était l’Arjel, c’est-à-dire l’autorité de régulation des jeux en ligne qui précédait l’ANJ, et c’était payant.
Aujourd’hui, ce sont des demandes d’agréments qui sont 100% gratuites. Aujourd’hui, tu peux te poser exactement les mêmes questions autour des coûts pour être enregistré à la PSAN, pour avoir la conformité MiCa et des futures évolutions.
Et tout ça, moi, je l’observe. C’est pourquoi je pense que dans le web 3, nous avons besoin de beaucoup de résilience.”
Je confirme l’estimation de 500k€ de mon estimé confrère @williamorork pour le coût du passage à MiCA pour les acteurs régulés du secteur crypto.
Précision : pour moi, c’est un coût annuel et non ponctuel.
Calculs sur un coin de table (n’hésitez pas à compléter) ⬇️ https://t.co/Zt8PKK4AqC
— Victor Charpiat (🐊,🐊) (@VCharpiat) November 29, 2023
En effet, d’après une récente enquête, le coûte d’enregistrement annuel à la PSAN et dans le cadre de la loi MiCa s’estime à plusieurs centaines de milliers d’euros (500k par an environ). Cette réglementation est donc clairement un frein au développement de l’industrie en empêchant les fondateurs de lancer leurs projets. Simplement en mettant des barrières trop hautes à surmonter.
Comme évoqué par Pierrick, la régulation des jeux en ligne et des casinos aura demandé une bonne dizaine d’années avant de voir un cadre plus propice aux acteurs du marché. En effet, selon Pierrick, beaucoup de réglementations sont faites, puis abandonnées. Tout simplement parce que la réalité est souvent bien loin des lignes écrites sur un mandat. Et finalement, les autorités doivent finir par se plier, un jour ou l’autre, à la demande du marché.
Ce qu’il est important de retenir, c’est qu’il est bien trop tôt pour tirer des conclusions sur la loi MiCa et la réglementation du web 3 en général. En effet, les évolutions et l’élaboration de ce cadre prendront certes du temps, mais arriveront tôt ou tard.