Hier, la Banque d’Angleterre et le Trésor britannique ont dévoilé les résultats d’une consultation importante sur la livre numérique, initiée en février de l’année dernière. La confidentialité, sans surprise, reste le point d’achoppement récurrent dans les 50 000 réponses reçues. Le projet, né en avril 2021, ne devrait pas se concrétiser avant 2025.
Le « Britcoin » attendra au moins jusqu’en 2025 et un projet de loi
Il y a au moins une chose d’arrêté : le Royaume-Uni souhaite élaborer un cadre légal propre à sa monnaie numérique de banque centrale (MNBC) avant toute tentative de développement. La phase de conception, débutée en 2023, devrait donc se poursuivre au moins jusqu’en 2025.
À cette échéance, une décision cruciale déterminera le passage à la phase de développement, autrement la mise en production d’un prototype et une batterie de tests grandeur nature, avant toute décision de mise en circulation.
La confiance dans toutes les formes d’argent est une nécessité absolue. Nous savons que la décision d’introduire ou non une livre numérique au Royaume-Uni sera une décision majeure pour l’avenir de la monnaie. Il est essentiel que nous construisions cette confiance et que nous bénéficiions du soutien du public et des entreprises qui l’utiliseraient s’il était introduit.
— Sarah Breeden, vice-gouverneure chargée de la stabilité financière à la BoE
L’un des sujets brûlants de la consultation tenait aux limites de détention. Le Royaume-Uni a proposé des limites de détention individuelles de CBDC relativement élevées, de 10 000 à 20 000 £. Les entreprises seraient autorisées à en détenir davantage.
Les particuliers ne détiendront pas plus de 20 000 £ sur leur portefeuille numérique
Dans leurs réponses adressées à la BoE, les banques ont émis le souhait de voir des limites fixées entre 3 000 et 5 000 £ afin de limiter les sorties de dépôts. Cela coïncide avec les protestations de l’organisme industriel UK Finance, particulièrement soucieux de voir les particuliers limités en termes de solde d’argent numérique.
Les sociétés de crédit immobilier seraient particulièrement touchées car, dans l’état actuel des règles britanniques, elles ne peuvent pas afficher un ratio de financement externe supérieur à 50 %. Sans surprise, ces sociétés, ainsi que les prestataires de paiement fintech, ont suggéré que la BoE ne fixe pas de limite de détention afin de préserver leur capacité à prêter aux particuliers.
Quoi qu’il en soit, la BoE a réaffirmé que la priorité ira à la confidentialité et à l’intégrité des données personnelles des utilisateurs. Ainsi la législation envisagée devra garantir la protection de la vie privée des utilisateurs, tout en explorant des technologies pour empêcher l’accès de la banque centrale aux données sensibles.
De nouvelles formes d’argent et de nouvelles technologies se profilent également à l’horizon. Ceux-ci pourraient contribuer à faciliter ou à accélérer l’achat des choses que nous souhaitons. Mais certains d’entre eux pourraient présenter des risques pour la stabilité financière du Royaume-Uni (…)
Pas sûr que cela contribue à rassurer le public, dont les inquiétudes restent vives quant au « britcoin » – notamment à la lumière des problématiques de surveillance de masse récemment mises en évidence avec le yuan numérique chinois.
Sources : Bank of England
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