
La chute du géant FTX, plateforme d’échange de référence outre-Atlantique, intervient dans un contexte de marché baissier de long terme, qui soulevait déjà la question, pour certaines autorités, de durcir les réglementations.
Certains pays, comme la Chine, ont déjà pris des mesures draconiennes pour interdire localement les transactions en crypto-monnaies. Ces pays considèrent souvent les cryptos comme des concurrents à leurs monnaies fiduciaires et aux monnaies numériques qu’ils souhaitent eux-mêmes mettre en place. En Europe et aux États-Unis, nombre de voix s’élèvent en ce sens, appelant les pouvoirs exécutifs à réglementer durement le secteur, voire à le bannir.
Les Émirats Arabes Unis, eux, à l’instar du Salvador ou de Singapour, se sont rapidement inscrits en opposition avec ces velléités régulatrices, comprenant l’intérêt d’attirer de nombreux investisseurs sur leur sol.
Dubaï, nouvel eldorado des crypto-fans ?
Dubaï, centre névralgique des Émirats, a très tôt montré, avec l’essor des crypto-monnaies, une volonté de devenir la place de référence en la matière. La mégapole organise même la crypto expo, messe annuelle des crypto-monnaies, et plus grand évènement mondial du genre, permettant aux projets blockchain de s’exposer devant des milliers d’aficionados et d’investisseurs.
Fiscalement, Dubaï a toujours été considéré à la limite du paradis fiscal, une aubaine pour les plateformes d’échange et investisseurs qui n’ont pas tardé à venir poser leurs valises dans la péninsule.
Néanmoins, la volonté de Dubaï de devenir un hub de référence mondial en la matière a peut-être laissé place à une précipitation ou imprudence à l’égard des acteurs acceptés sur le sol Émirati.
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FTX et Dubaï, une histoire récente, et de courte durée…
À la fin de l’été 2022, FTX et son CEO Sam Bankman-Fried, annonçaient fièrement avoir obtenu le statut MVP à Dubaï. MVP signifie Minimum Viable Product, et constitue un premier pas pour les acteurs cryptos avant la commercialisation de leurs produits. Le label est délivré par la VARA (Virtual Assets Regulatory Activity), qui est l’autorité de régulation des crypto-monnaies à Dubaï.
On notera qu’il s’agit du seul organisme de régulation au monde créé spécifiquement pour les crypto-monnaies, les autres pays utilisant leurs organismes de régulation habituels. Dubaï a donc compris l’intérêt de mettre en place des équipes spécialisées, qui comprennent la technologie Blockchain et ses dérivés, et ont la capacité d’aller en profondeur dans les audits des plateformes d’échange et autres acteurs crypto.
Cela n’a pourtant pas suffit à détecter ce qui se passait chez FTX, et sa filiale émiratie FZE. Heureusement, la licence MVP ne donnait pas encore le droit à FTX d’opérer auprès des particuliers, mais seulement de quelques institutionnels.
Néanmoins, cela n’aurait pas tardé à être le cas, si la débâcle FTX sur le continent américain n’avait pas eu lieu. La VARA a immédiatement, en réaction, annulé les autorisations MVP accordées à FZE, et mis en dépôt de bilan la société.
FTX à Dubaï, un projet avorté à temps, mais quelles seront les conséquences localement ?
Malgré le séisme provoqué par la chute de FTX, il y a fort à parier que Dubaï se maintienne dans sa volonté à créer un écosystème crypto de référence à l’influence mondiale. Seulement, on peut par avance gager que ce développement se fera selon d’autres modalités.
Affirmer qu’installer une plateforme d’échange à Dubaï était, jusqu’à présent, chose aisée serait un raccourci abusif. Bien qu’obtenir des licences par la VARA pour des géants comme Binance ou FTX relevait du faisable, le régulateur a bien fait un travail d’audit sur les sociétés créées pour l’occasion, les garanties apportées, etc.
Si la SEC (organisme de régulation américain) n’a pas vu ce qui se tramait sous ses yeux, il n’est pas inimaginable que la VARA n’ait pas eu tous les accès pour comprendre ce qui allait arriver à FTX à l’autre bout du monde.
De plus, passer à travers les mailles du filet de la VARA ne constitue pas la seule difficulté, à Dubaï, pour les exchanges. En effet, ces derniers rencontrent toutes les peines du monde à trouver des prestataires bancaires afin d’ouvrir des comptes, les banques locales voyant d’un mauvais œil ces potentiels concurrents, d’autant plus que ces acteurs traditionnels prévoient à l’avenir de vendre, eux aussi, des crypto-monnaies à leurs clients particuliers.
Une régulation plus adaptée
Combinons toutes ces informations, et ajoutons à cela que les autorités Dubaïotes ne semblent pas voir la chute de FTX comme un événement qui remet en cause leur vision. On obtient un terreau prometteur pour l’avenir des crypto-monnaies dans la mégapole émiratie.
En effet, la VARA et ses dirigeants ont déjà insinué l’arrivée d’une régulation plus adaptée, de la volonté de plonger plus en profondeur dans les audits, et de continuer à progresser et disséquer la technologie blockchain, le tout pour protéger l’investisseur local. Cela reviendrait à dire que Dubaï cherche à créer un écosystème sécurisant, sans pour autant tomber, comme certains pays, dans un tissu législatif restrictif à l’extrême et décourageant pour les acteurs souhaitant s’implanter localement.
Les Émiratis tiennent donc à profiter de la faillite de FTX, qu’ils considèrent comme anecdotique et ne remettant pas en cause les fondamentaux et l’apport des crypto-monnaies, pour bâtir un hub de qualité, basé sur des acteurs approuvés, ce qui rassurerait les banques locales et les investisseurs, et où toutes les parties auraient à y gagner, Dubaï y compris, en attirant toujours plus d’investisseurs friands de “fiscalité zéro”.
L’affaire FTX continue à faire des dégâts notamment du côté de Solana parmi tant d’autres acteurs.