Lou Lesandre est un passionné de street-art, d’écriture, de pêche ou encore de techno qui a découvert un nouvel univers de possibilités au travers de l’industrie de la blockchain.
Après avoir découvert la spirale spéculative des cryptomonnaies et du Bitcoin, il découvre les NFT, un marché qui le fascine immédiatement.
Il s’était déjà essayé à l’écriture en publiant son premier livre en 2012. Mais cette fois-ci, il désire allier plusieurs de ses passions en créant un roman thriller unique en son genre avec Bitcoin, NFT, street-art, le tout agrémenté d’actions et d’intrigues trépidantes autour du personnage emblématique de Satoshi Nakamoto.
Découvrez Lou Lesandre et son livre “Bitcoin – Le trésor de Satoshi” (disponible sur Amazon) :
Peux-tu commencer par te présenter et peut-être nous parler de ton historique en tant qu’écrivain ? As-tu écrit d’autres livres, depuis quand écris-tu ?
“Étant de formation d’ingénieur, rien dans mes études ne me prédestinait spécialement à l’écriture. Ni d’ailleurs, mon évolution ultérieure dans la tech. En revanche, j’ai grandi dans une famille d’artistes (un père écrivain, une mère dans le cinéma, un beau-père peintre, une belle-mère actrice)… Ceci explique probablement cet attrait que j’ai depuis longtemps pour l’écriture, un truc qui m’a toujours fasciné. Quand j’étais gamin, j’adorais quand mon père me lisait ses manuscrits en avant-première. Et puis un jour, bien plus tard, j’ai franchi le Rubicon. J’ai pris la plume à mon tour (façon de parler, puisque maintenant tout se fait avec un clavier ou une tablette !) Tout de suite, j’ai adoré ça. Il faut dire qu’écrire, c’est génial pour se poser quand tout va trop vite, pour prendre du recul et changer de focale, pour s’évader dans son propre monde, se façonner sa propre bulle…
En terme d’historique, j’ai pondu mon 1er bouquin “Avril Cruel” en 2012, une histoire assez glauque où 3 hommes sont amoureux de la même femme. En 2015, je suis passé du drame psychologique au roman d’action avec “Vodka Frappée”, une histoire de mafieux russes, où je me suis amusé avec les mots, avec la langue… 3 ans plus tard, j’ai écrit “L’Affaire Beauséjour”, un polar avec des meurtres en série dans une maison de retraite. Les personnages sont totalement déjantés et c’est en fait plutôt marrant. Personnellement, j’aime bien ! Et puis là, fin 2021, je me suis essayé à un nouveau genre (le crypto-thriller), en publiant “Le Trésor de Satoshi” qui entraîne le lecteur dans les coulisses du Bitcoin, avec là aussi pas mal d’action.
Et quand et comment as-tu découvert les cryptos et le Bitcoin ? Qu’est-ce qui t’a séduit dans la technologie ?
En 2017, je partageais mon bureau avec un collègue qui était totalement accro au Bitcoin. Il essayait de me convaincre d’en acheter en me promettant monts et merveilles. J’avoue que j’étais assez dubitatif et que je n’ai pas suivi ses conseils tout de suite. Et puis, fin 2017, le BTC s’est envole en multipliant sa valeur par un facteur de plus de 10 sur l’année. Comme on dit en anglais : “that got my attention”. Après une période d’observation, j’ai fini par céder aux sirènes et je me suis mis à investir sur les cryptos. J’ai surfé sur la vague jusqu’à l’ATH de fin 2020, mais ensuite j’ai reperdu une bonne partie de mes bénéfices. Qu’importe ! Il était trop tard : j’étais devenu addict à la volatilité inhérente aux cryptos, à l’adrénaline que procurent les montagnes russes de ce nouveau monde que j’ai entrepris d’explorer pour mieux l’appréhender. Et puis, en 2021, ça a été la frénésie des NFT, une perspective supplémentaire de la mouvance blockchain (mêlant art et techno, deux de mes passions) qui s’est offerte à moi et m’a fasciné à son tour.
Pourrais-tu faire un résumé, une petite présentation de ton nouveau livre “Bitcoin – le trésor de Satoshi” pour nos lecteurs ?
Certains des personnages de cette fiction ont bien existé (comme Hal Finney ou Satoshi Nakamoto, le génial et mystérieux créateur du Bitcoin). D’autres sont imaginaires, comme les héros, Nina et Will un couple de marginaux gravitant dans la crypto sphère.
Elle est tradeuse et lui, mineur de Bitcoin. Le FBI les soupçonne, ainsi qu’une de leurs amies street artiste, de couvrir les monuments de leur ville (Tucson en Arizona), de tags subversifs prônant l’avènement du Bitcoin.
Lors de l’enquête, Nina découvre qu’elle est la fille de Satoshi Nakamoto – l’illustre inventeur du Bitcoin, disparu mystérieusement depuis plus de douze ans. Il lui a légué une fortune de plusieurs milliards – des bitcoins stockés sur un wallet qu’elle doit trouver en résolvant une série d’énigmes que lui a laissée son père.
Avec une horde de tueurs mystérieux à leurs trousses, traversant les États-Unis de Las Vegas à Miami en passant par New York et le Montana, Will et Nina se lancent dans une course au trésor effrénée. Leur perspicacité et leur courage permettront-ils à nos héros de mener à bien leur quête sur les traces de Satoshi et de ses précieux bitcoins ?
Après plusieurs rebondissements et un dénouement inattendu à Cuba, Nina sera finalement rattrapée par son passé.
Grâce à différents personnages, tu expliques de nombreux concepts cryptos. As-tu d’abord écrit les concepts que tu aimerais partager à travers ton livre ou as-tu commencé par imaginer l’intrigue ? Comment s’est déroulé ton processus d’écriture ?
Pour écrire “Le Trésor de Satoshi”, je suis parti du personnage de Satoshi Nakamoto. Il faut reconnaître que ce type est une véritable icône, un esprit mystérieux, un fantôme à la fois réel et légendaire, un génie comme il en naît une fois par siècle, doté d’une vision et d’un idéal absolument révolutionnaires. Bref, le parfait héros de roman…
En écrivant cette fiction, j’ai voulu lui rendre hommage à ma modeste manière. J’ai alors essayé d’imaginer un scénario pouvant expliquer pourquoi et comment l’énigmatique Satoshi avait totalement disparu des radars, il y a plus de 12 ans. À partir de là, l’histoire que j’ai imaginée s’est alors construite progressivement. Tous les autres personnages, bons ou mauvais, se sont naturellement greffés autour de lui. Mûs par leur propre logique, ils se sont mis à vivre de leur propre vie. Finalement, c’était un processus d’écriture très naturel.
Est-ce important, selon toi, pour accroître l’adoption que de simplifier la technologie à travers des histoires comme tu l’as fait ? L’éducation a toujours été faite avec des histoires depuis la nuit des temps ! Était-ce ton objectif principal avec ce livre ?
Un de mes objectifs en écrivant ce livre était de partager ma passion du monde des cryptos avec des publics divers. Je voulais modestement contribuer à populariser ce sujet en passe de devenir mainstream alors que, paradoxalement, il est souvent connoté négativement.
Mon challenge était que mon roman soit accessible aux néophytes sans pour autant rebuter les spécialistes de ce sujet, parfois très technique (dont je ne prétends pas être un pro, même si je l’ai pas mal creusé). J’espère y être parvenu et que mes lecteurs aimeront l’histoire tout en étant pris dans le rythme de l’action. Il s’agissait bien pour moi, avant tout, de me faire plaisir en écrivant un thriller et non un énième bouquin pointu sur le Bitcoin.
Le copain de Nina, Will, est mineur de BTC. Que penses-tu de l’état de l’industrie du minage de BTC actuellement ?
Le minage de cryptos, nécessite une puissance de calcul énorme pour résoudre des algorithmes mathématiques complexes afin de valider des transactions sur la blockchain en allant plus vite que ses concurrents pour toucher sa récompense (sous forme de crypto actifs).
C’est une industrie très consommatrice d’énergie (85% des coûts totaux d’une ferme de minage sont réservés au seul poste de la dépense en électricité). Elle se caractérise par une pression environnementale croissante et une compétition accrue, d’où l’émergence de centres de calcul de plus en plus grands et de plus en plus performants. Le nombre de mineurs individuels comme Will est en chute libre. On peut l’estimer à quelques centaines de milliers tout au plus.
Enfin, je soulignerai que depuis l‘interdiction du minage de Bitcoin en Chine, les mineurs ont cherché des sources d’énergie bon marché pour réduire leurs coûts d’exploitation, ce qui a conduit à une utilisation croissante d’énergies renouvelables.
Street art and Nft's are like yin and yang, they are made for each other 🔗
— Wallkanda 🤟| (@wallkanda) May 13, 2022
L’histoire démarre avec une enquête sur des fresques de peintures avec des QR-codes menant vers des adresses cryptos. Est-ce que c’est quelque chose qui existe ou l’as-tu imaginé ? Des tags 3.0, est-ce possible que cela devienne plus courant à l’avenir selon toi ?
Il se trouve que je suis passionné de Street Art et de NFTs. Certaines villes en France, ont eu l’idée d’organiser des chasses au trésor à l’intersection de ces deux thématiques. Ainsi, Bordeaux a lancé en 2021 un événement « Decrypt the streets », destinée à faire découvrir au grand public des œuvres d’art urbain au travers un parcours rythmé par des énigmes permettant de gagner leurs équivalents numériques (NFTs).
Autre exemple, en 2023, une chasse au trésor street art a été organisée à Belleville, inspirée de la série « Alice in Borderland ». À chaque œuvre découverte, il fallait scanner le QR code attenant pour découvrir un bout de phrase puis, une fois la citation assemblée, l’envoyer sur un compte Instagram pour obtenir sa récompense.
N.B. Pour ceux que ce genre d’initiatives intéresse et que le web 3.0 passionne, je leur conseille de jeter un œil à l’application Wallkanda. Cette application permet de connecter la communauté de l’art urbain, street-artistes et fans, en tokénisant les fresques murales sous forme de NFTs échangeables dans une place de marché.
Dans ton livre, tu décris souvent Satoshi avec comme adjectifs “idéaliste” ou encore “paranoïaque”. Quel genre d’homme était Satoshi selon toi ?
Homme, femme ou organisation, l’identité derrière le pseudonyme du génial Satoshi Nakamoto est sûrement l’un des plus grands mystères de ce siècle. On ne peut donc que faire des conjectures quant à sa véritable personnalité.
Ce qui est certain, c’est que c’est durant la crise économique qui a secoué le monde en 2008 que Satoshi a publié le Whitepaper du Bitcoin. L’objectif de ce projet était de redonner aux individus le contrôle de leur argent avec la crypto BTC, une solution décentralisée à l’inverse des mécanismes financiers et monétaires traditionnels.
Son livre blanc ou sa correspondance avec les Cypherpunks montrent clairement que Satoshi était préoccupé par les questions d’anonymat et de liberté, qui sont précisément des valeurs de cette révolution technologique qu’incarne le Bitcoin.
Idéaliste, il devait l’être comme tout révolutionnaire s’attaquant à de puissants lobbies comme ceux de la finance ou des États qui considèrent que la monnaie est l’un des instruments-clés de leur pouvoir. Paranoïaque, le mot est peut-être un peu fort, mais il devait l’être un minimum pour cultiver un tel goût du secret et disparaître sans laisser de ses nouvelles.
Durant l’histoire, sans en révéler plus, Nina et d’autres personnages oublient leur seed phrase des 3 wallets égarés. Que penses-tu de cet aspect des crypto-monnaies ? Est-ce un frein pour l’adoption ?
L’histoire des cryptos est truffée de types ayant perdu leur seed ou égaré leur ledger, et qui du coup se retrouvent dépourvus de toute leur fortune. Mais l’histoire est aussi truffée d’exchanges faisant faillite ou hackés.
Entre deux maux, je choisirais celui du moindre risque plutôt que celui du moindre tracas. Concernant les freins à l’adoption, ceux liés à l’absence de réglementations clairement définies, à la taxation ou à l’émergence de crypto-monnaies étatiques centralisées me paraissent être plus importants.
Tu parles également de nombreux personnages et faits historiques, comme avec Hal Finney. Quels genres de recherches as-tu faits pour écrire ce livre ? As-tu lu des livres, sur internet, etc… ?
Eh bien, j’ai lu des tas d’articles, regardé une ou deux séries, écouté des podcasts, etc.
Bref, je me suis documenté. Et puis aussi, je me suis livré aux joies du trading crypto en live !
Tu imagines Satoshi comme étant un féru de pêche vivant à Missoula. Si Satoshi est bien vivant, où l’imagines-tu être en ce moment et que ferait-il actuellement ?
Missoula fait partie des lieux mythiques pour moi. C’est à la fois le paradis des écrivains et des pêcheurs. Effectivement, la pêche est un de mes violons d’Ingres. Dans tous mes bouquins, il y a un passage où il est question de poissons ! Ce n’est pas pour rien si mon nom d’auteur est Lesandre…
Voilà pourquoi j’ai imaginé que le Montana, avec ses paysages superbes, propices à la méditation, était un lieu idéal où Satoshi Nakamoto aurait pu se réfugier.
Satoshi laisse également un message caché à sa fille avec de l’encre invisible. Si tu pouvais passer un message secret à Satoshi, que lui dirais-tu et que lui demanderais-tu dans cette lettre ?
Cher Satoshi ! Tu ne voudrais pas me léguer quelques uns de tes chers bitcoins ? Ça me ferait tellement plaisir de devenir millionnaire !
Ton roman mêle chasse au trésor et traque incessante de la part du FBI. Penses-tu que ce serait la vie de Satoshi s’il n’avait pas décidé de rester anonyme ?
Je pense que oui pour les raisons que j’ai développées dans mon roman et évoquées ci-dessus. Comme disaient Épicure puis Voltaire : “pour vivre heureux, vivons cachés !”
Et quel est ton avis sur les rumeurs qui disent que le Bitcoin a été créé par la NSA ?
Personnellement, j’en doute car Bitcoin est par essence décentralisé et destiné à permettre des transactions peer to peer. En cela, il est un instrument de contournement de la monnaie d’État.
Insight into why Satoshi called it the "Genesis" block and why he said #Bitcoin is "set in stone": pic.twitter.com/ogaVUYLIW7
— Truth_Machine, Follower of Jesus, Lover of Truth. (@cryptorebel_SV) January 25, 2024
Tu évoques également les transferts sur le wallet Genesis de Satoshi. Il y en a encore eu un récemment. D’où proviennent-ils, selon toi ? Est-ce que Satoshi les réutilisera un jour ou sont-ils perdus à jamais ?
C’est vrai qu’il y a eu le 4 janvier un transfert de 27 BTC vers le Wallet Genesis de Satoshi. Soit Satoshi s’est réveillé et les a déposés dans son portefeuille, soit quelqu’un vient de carboniser 1,2 M$ en pure perte. Mais alors, que penser ? Peut-être s’agit-il d’un de ses admirateurs qui a fait un don à Satoshi, un peu comme dans les civilisations primitives où les adorateurs d’une divinité lui faisaient des offrandes. En tout cas, c’est troublant…
Un bitcoin to the moon serait le rêve de Satoshi ! L’exchange BitMex a annoncé récemment avoir mis un Bitcoin dans une fusée américaine ! Penses-tu que la création d’une économie inter-spatiale avec le Bitcoin verra le jour ? Pourra-t-on envoyer du BTC sur la Lune un jour ?
Mi-janvier, Elon Musk a suggéré que l’économie future de la planète Mars reposerait sur une crypto monnaie telle que le Bitcoin. Pour lui cela semble être une évidence. Il a toutefois souligné que la vitesse des transactions pourrait poser problème.
Peux-tu donner trois raisons pour pousser les lecteurs à aller acheter ton livre ? Et comptes-tu écrire une suite, ou as-tu un autre livre sur la crypto en préparation ?
En premier lieu, je dirais qu’à ma connaissance, mon bouquin est le premier roman de type thriller sur le Bitcoin. La plupart des bouquins parus jusque-là sont des livres à vocation essentiellement didactiques. Il se démarque donc des autres.
En deux, je pense que Le Trésor de Satoshi est un livre qui peut toucher autant les néophytes que les spécialistes. Tout en dévoilant le monde des crypto-monnaies, il s’appuie sur les ressorts classiques des polars ou des romans d’action : rebondissements, énigmes à résoudre, morts habilement distillées (!) etc.
En trois, il conduit le lecteur en mode road-trip, en le faisant voyager à travers plusieurs sites remarquables de ce pays fascinant que sont les États-Unis.
J’ai effectivement prévu une suite qui sera soit une nouvelle course au trésor sur la Lune (To the moon), soit une quête dans l’univers underground du street-art parisien.
Pour finir, as-tu un ou des livres sur la crypto/Bitcoin à recommander ?
Dans la série des livres sur le Bitcoin, sortant un peu de l’ordinaire, je peux recommander Alice au Pays des Cryptos, le petit Satoshi ou Crypto Dystopies.”
Avec ce roman unique et trépidant, Lou Lesandre est prêt à emmener tout le monde dans l’univers des cryptos. Que ce soit un nouvel entrant ou un crypto-enthousiaste aguerri, ce roman rythmé a le pouvoir de faire voyager dans l’univers des cryptos tout en ne négligeant pas les codes de réussite d’un roman de ce genre.
La passion n’a pas d’âge ni de visage, elle se ressent dans ses mots et se partage à travers un personnage mystérieux comme l’est encore Satoshi Nakamoto, même plus de 15 ans après la publication de son fameux livre blanc.
Source : Interview de Lou Lesandre (auteur écrivain), Bitcoin – Le Trésor de Satoshi.
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