6,000€, c’est un peu moins que ce que Monsieur T, qui a souhaité garder l’anonymat, s’est fait dérober en crypto entre mai et septembre 2023 sur une plateforme de trading. L’homme, pourtant sûr, à l’époque, d’être tombé sur un investissement fiable, s’est vite fait détrousser alors qu’il croyait avoir acheté des Ethereum (ETH).
Une plateforme trading à priori honnête
Monsieur T. s’intéresse à la crypto depuis quelques temps. Au travers des nombreux guides et avis qu’il a pu rencontrer sur internet, il prend connaissance des bots trading. Curieux, il continue ses recherches jusqu’à tomber sur un article faisant la promotion d’un bot en particulier. Il se rend donc sur le site en question : ba-c.cc et y ouvre un compte.
Un appel de la part d’un certain M. Brooks arrive sur le téléphone de Monsieur T. afin de l’assister dans l’ouverture et la mise en place de son compte.
« Monsieur Brooks, qui expliquait travailler pour Vanguard Group, était très sympathique et aidant. Il m’a aidé à créer et mettre en place mon compte avec un investissement initial de 250€ en date du 18 mai. Par la suite, j’ai pu observer le robot offrir de bonnes performances. » déclare la victime.
Un bot trading un peu trop intéressant
Le compte mis en place, Monsieur T. suit de près son investissement et constate avec joie les performances intéressantes du bot trading. Après un investissement total de 355€, voici les performances offertes par le robot :
Date | Valeur |
18 mai | 355€ |
19 mai | 366.57€ |
25 mai | 408.89€ |
26 mai | 414.43€ |
29 mai | 440.42€ |
24 juin | 691.85€ |
27 juin | 793.89€ |
30 juin | 895.89€ |
7 juillet | 997.91€ |
10 juillet | 1099.91€ |
19 juillet | 1223.11€ |
28 juillet | 1321.06€ |
Le bot s’avère effectivement très rentable puisque le bénéfice de Monsieur T. était alors de 244.51% en 2 mois environ. Il décide alors d’investir plus de fonds, soit 989.50€. La valeur totale s’élève alors à 2,370.71€ en date du 28 juillet. Il n’aura fallu que quelques jours pour atteindre les 2,370.71€, soit le 13 août.
« Jusque-là, je n’avais aucune inquiétude. » explique Monsieur T, « Puis j’ai reçu un appel d’un certain M. Cantin qui s’est présenté comme travaillant pour Blockchain.ltd ».
Seulement, l’adresse indiqué par M. Cantin concernant la localisation de son bureau ne concorde pas avec la véritable adresse de Blockchain.ltd. Celui-ci déclare une adresse à Londres, au 65 Sheersmith Power Cattle Street. Blockchain.ltd se situe en réalité sur Paul Street. Monsieur T décide tout de même de lui faire confiance.
Dérobé au travers de deux plateformes de trading
L’appelant explique alors à Monsieur T que Vanguard lui « vole » son investissement et qu’ils avaient en réalité bloqué les fonds. Il lui demande donc d’ouvrir un compte sur Blockchain et d’y transférer ses fonds.
« J’étais hésitant, mais Blockchain semblait légitime. Ce n’est qu’après 3 ou 4 appels que j’ai finalement accepté de créer un compte avec Blockchain. J’avais fait quelques recherches, et l’affaire paraissait fiable. », raconte Monsieur T.
Il procède alors au transfert de fonds, et tout se passe apparemment bien. Seulement, Monsieur T. commence à trouver quelques incohérences sur n-cl.cc :
« Ce qui m’a semblé étrange, après avoir fait tout cela, c’est la similarité entre les deux sites de trading. En dehors d’un logo et d’un autre numéro pour le service client, tout était identique. »
Monsieur T décide quand même de poursuivre son investissement et d’ajouter 2,700€ à son compte trading en date du 14 août, en plus des 2,700€ envoyés depuis Vanguard. Au total, les fonds sont d’une valeur de 5,522.28€.
10,000€ pour effectuer un retrait de la plateforme trading
Vient alors le moment fatidique où Monsieur T souhaite évidemment profiter de son investissement. Il décide donc de faire un retrait. Sans succès.
« Quand j’ai voulu faire un retrait le 23 août, on m’a demandé de verser 10,000€ sur un compte miroir afin de pouvoir recevoir les 10,000€ contenu dans le compte investissement. M. Cantin m’a fait parvenir un ordre de virement de Barclays pour prouver leur bonne foi. », explique Monsieur T., « Je lui ai expliqué ne vouloir retirer que 1,000€, mais pour annuler la transaction, je devais payer 1,000€ de frais. »
Monsieur T. appelle alors Barclays Internet Security afin d’obtenir de l’aide vis-à-vis de ces pratiques. Selon eux, une telle pratique est tout bonnement illégale. Pour autant, M. Cantin ne veut rien entendre. Sur l’entre-temps, une autre personne a par ailleurs menacé Monsieur T., lui expliquant que l’affaire pourrait éventuellement arriver aux oreilles du KGB.
De Vanguard à Blockchain, et de Blockchain à AtomicWallet
« J’ai contacté Barclays Security et j’ai compris que le document de virement que j’avais reçu était en réalité un faux. » déplore la victime.
Baladé de service client en service client, avec un opérateur différent au téléphone à chaque appel, Monsieur T finit par rentrer en contact avec M. Cole, de chez Certik. Celui-ci explique que les actifs sont effectivement bloqués. Sa solution : les transférer vers un – faux – wallet Atomic wallet. Monsieur T. s’exécute.
En date du 16 septembre, son wallet sur « Atomic » indique une valeur de 19,540.91€. Pourtant, Monsieur T. ne peut toujours pas retirer ses fonds.
Contacter le service client de cette nouvelle plateforme est apparemment inutile, et Monsieur T. ne recevra jamais de réponse concluante. Pour cause, l’adresse mail du service client est, bien évidemment fausse, elle aussi.
Il finira par trouver la véritable adresse mail du service client de la véritable plateforme Atomic Wallet qui lui confirmera l’information suivante :
« Veuillez noter que les ETH que vous détenez dans votre wallet viennent d’une fausse adresse qui n’a aucune valeur sur le marché. Vous ne serez donc pas en mesure de les échanger contre de vraies crypto ou contre de l’argent fiduciaire. »
Adresse du token : 0xa9CE1231a8B768928c626216699dc02d08e39860
Monsieur T. s’est fait dérober plus de 6,000€
Après plusieurs recherches, il s’avère que l’arnaque dont Monsieur T. est tombé victime soit peu connue, bien que celle-ci ait changé de nom. Il s’agit en réalité d’un scam très bien monté du nom de Bacco.capital.
Au total, Monsieur T. s’est fait dérober pour plus de 6,000€ en investissant dans un token qui n’existait finalement pas. Si les bots trading sont généralement fiables, certains sont tout simplement de véritables arnaques. De nombreux sites internet font la promotion de robots corrompus, et nombreux sont les utilisateurs novices, et parfois même aguerris, à se faire avoir.
Aujourd’hui, Monsieur T. est en contact avec différents organismes anti-fraude afin d’essayer de recouvrir les fonds perdus. Son histoire permet surtout de se rappeler qu’il est très important de bien observer les règles de sécurité et de ne pas accorder sa confiance trop vite dès lors qu’il s’agit de crypto-monnaies oud e toute autre forme d’investissement
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