Dans un article publié hier sur son blog officiel, la Banque Centrale Européenne (BCE) tire à boulets rouges sur le Bitcoin. Elle considère que ce dernier a échoué dans sa tentative de devenir une monnaie numérique décentralisée globale, et s’inquiète de ses effets nocifs pour la société et l’environnement. Elle propose même de réguler le réseau en faisant pression sur les individus impliqués dans sa gouvernance. On fait le point.
Nouvelle attaque de la BCE contre Bitcoin, même arguments dépassés…
De nouveau, la BCE s’attaque au Bitcoin. Elle a en effet publié hier 22 février un article particulièrement à charge contre la première cryptomonnaie. Le souci, c’est que l’argumentation est faite de poncifs aujourd’hui déconstruits. Et c’est sans compter les nombreuses contradictions auxquelles se livrent les auteurs.
Bitcoin has failed to become a global decentralised digital currency, instead falling victim to fraud and manipulation.
The recent approval of an ETF doesn’t change the fact that Bitcoin is costly, slow and inconvenient, argues #TheECBBloghttps://t.co/e9Ek01Dism pic.twitter.com/ddBFsv4g0w
— European Central Bank (@ecb) February 22, 2024
D’après eux, le Bitcoin ne serait qu’un outil destiné à des activités criminelles:
Aujourd’hui, les transactions en bitcoins sont encore peu pratiques, lentes et coûteuses. En dehors du darknet, la partie cachée de l’internet utilisée pour les activités criminelles, il n’est pratiquement pas utilisé pour les paiements.
Or, cela est faux. C’est même plutôt l’inverse. La nature pseudonyme des transactions sur le réseau Bitcoin, et l’impossibilité de modifier le registre de ces dernières, se révèle d’une grande aide pour les autorités financières. En outre, selon Chainalysis, dont le dernier rapport est cité pour étayer le propos des auteurs de l’article, seulement 0.34% de toutes les transactions on-chain (ce qui, certes, va au delà du seul cas de Bitcoin) effectuées en 2023 sont liées à des activités illicites.
Plus loin, les auteurs de l’article semble se contredire quand ils écrivent:
Mais les transactions en bitcoins offrent un pseudonymat plutôt qu’un anonymat complet, car chaque transaction est liée à une adresse unique sur la blockchain publique. Par conséquent, Bitcoin a été un outil maudit pour l’anonymat, facilitant les activités illicites et conduisant à des poursuites judiciaires contre les contrevenants par la traçabilité des transactions.
Enfin, notons que sur le réseau X, la communauté des internautes à juger bon de mettre en exergue une note qui nous permet de prendre du recul et de recontextualiser le propos de la Banque Centrale Européenne. Celle-ci rappelle qu’en 2010, les transactions illicites en euros représentaient 1 % du PIB de l’UE, soit 110 milliards d’euros.
Ensuite, on peut lire dans l’article que:
Ni les États-Unis ni l’Union européenne n’ont jusqu’à présent pris de mesures efficaces pour réduire la consommation d’énergie de Bitcoin, malgré l’évidence de son énorme impact négatif sur l’environnement.
Mais encore une fois, l’argument de la consommation énergétique de Bitcoin n’est pas valable. Au contraire, on commence à comprendre comment Bitcoin peut favoriser la transition énergétique. Car si le minage de BTC est certes gourmand en électricité, il permet aussi d’envisager de nouvelles façons de gérer nos réseaux électriques.
La seule nouveauté apportée par cet article est de suggérer aux législateurs de réguler Bitcoin, voire de l’interdire. Toute honte bue, les auteurs écrivent:
En outre, il semble mauvais que le bitcoin ne fasse pas l’objet d’une intervention réglementaire forte, pouvant aller jusqu’à l’interdire pratiquement. (…) Le réseau Bitcoin dispose d’une structure de gouvernance dans laquelle des rôles sont attribués à des individus identifiés. Les autorités pourraient décider que ces derniers soient poursuivis au vu de l’ampleur des paiements illégaux utilisant Bitcoin. La finance décentralisée peut être réglementée avec autant de force que le législateur l’estime nécessaire.
Sans surprise, l’article a provoqué une levée de boucliers de l’écosystème crypto.
Levée de boucliers de l’écosystème crypto
Suite à la publication de cet article par la Banque Centrale Européenne, c’est tout l’écosystème crypto qui s’insurge. D’autant que, le même jour, la BCE a publié son rapport financier de l’année 2023, et déclare subir une perte de 1.3 milliards d’euros.
Assez incroyable
Le jour où la BCE publie un rapport pour dire que le bitcoin est coûteux et inefficace, elle annonce une perte de 1,3 milliard d’euros en 2023 😅 https://t.co/KfzNp8R0Fb https://t.co/iWXOh4Dt6F
— Raphaël Bloch 🐳 (@Raph_Bloch) February 22, 2024
Dans l’espace francophone, la voix d’Alexandre Stachtchenko est puissante. Sa réaction aussi.
Il n’y a rien qui va dans ce torchon. Car oui c’est un torchon, il n’y a pas d’autre mots. Mais pas n’importe quel torchon, un torchon dangereux.
🧵👇
I. Commençons par dire que le mandat de la BCE, c’est de gérer la stabilité des prix. Ecrire des idioties sur Bitcoin ne me… https://t.co/R8BGw7ccgG pic.twitter.com/C1fpsmnSlu
— Alexandre ‘unhosted’ Stachtchenko (@StachAlex) February 22, 2024
Même Pascal Gauthier, le PDG de Ledger, recommande à sa communauté de lire l’avis que s’est donné la peine d’écrire M. Stachtchenko.
Excellent analysis by @StachAlex on the @ecb‘s publication sharing factually incorrect statements about Bitcoin. Highly advise the read 👇 https://t.co/cjbehGOLFG
— Pascal Gauthier @Ledger (@_pgauthier) February 22, 2024
Pour lui, c’est une:
Excellente analyse d’Alexandre Stachtchenko de la publication de la BCE qui partage des informations factuellement erronées à propos de Bitcoin.
En guise de conclusion, il est bon de rappeler, ainsi qu’Alexandre Stachtchenko l’a fait dans sa démonstration, que “Bitcoin est un test pour les démocraties“.
Sources: X ; ECB ; Chainalysis
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