Le Web3 s’est réuni cette semaine à la Paris Blockchain Week. Au cœur des discussion et dans les allées du salon, les discussions vont bon train. La question de la régulation et de MiCA revient sans cesse, et les speakers ne manquent pas d’évoquer l’importance d’une régulation précise.
Le Web3 a besoin de MiCA, pour la Paris Blockchain Week
Cette semaine, du 9 au 11 avril, se tenait la Paris Blockchain Week, un rendez-vous impossible à manquer pour les acteurs du web3. Pour l’occasion, de nombreux intervenants, start-ups, investisseurs et curieux s’étaient donné rendez-vous au Carrousel du Louvre.
Au travers de plusieurs interventions, des experts et acteurs de l’industrie ont pu prendre la parole et échanger sur des thématiques variées et propres à cette industrie. De manière évidente, alors que le premier volet de MiCA arrive à grands pas, c’est la régulation qui revient régulièrement au cœur des échanges.
« La crypto est tellement nouvelle que les textes actuels ne prodiguent pas encore suffisamment de règles. En ce sens, MiCA est réellement intéressant, mais aussi une source de motivation », explique Rosh Rashid, spécialiste VAT & Fintech au ministère des Finances Néerlandais.
La problématique des institutions, mais aussi de nombreux particuliers dans le web3 tient effectivement dans la régulation. Si celle-ci promet d’être plus cadrée qu’à l’heure actuelle, elle permettra néanmoins de rester dans les clous sur le plan fiscal. Ainsi, il sera plus simple pour les plateformes de définir une ligne de conduite. C’est ce qu’a aussi soutenu Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du numérique, durant cette Paris Blockchain Week :
« Un bon système de réglementation repose sur la clarté et la confiance, et nous devons penser de manière positive. »
L’essor du web3 en France
À l’échelle mondiale, mais aussi en France, le vide juridique autour des cryptos et du web3 commence à peser lourd sur de nombreux investisseurs. Pourtant, l’adoption est bien en marche. En France, le nombre d’investisseurs crypto s’élève désormais à 12% de la population.
Une fois de plus, Marina Ferrari rappelle que l’approche française semble très bien fonctionner jusqu’à maintenant :
« Les levées de fonds ont été multipliées par 10 en 10 en France », lance-t-elle, « cela montre que notre politique est très bonne pour soutenir notre écosystème, en particulier le web3. Nous avons maintenant plus de 500 start-ups dans le secteur. »
Jennifer D’hoir, directrice des politiques publiques mondiale chez Sorare, met en avant les difficultés du régulateur en la matière. En effet, toutes les start-ups et entreprises du web3 ne rentrent pas dans une case, et pourtant, elles se développent très bien.
« La régulation est une affaire de confiance. Si vous voulez de la croissance, vous devez suivre la régulation, car en réalité, la croissance réside dans la confiance. »
Si l’AMF poursuit ses effort, l’autorité rencontre rapidement ses limites et se retrouve « confuse » face à la nature de certaines start-ups. Une fois de plus, force est de constater que le régulateur se retrouve alors sous pression face à des entités qui connaissent une forte croissance, mais qu’il n’arrive pas à réguler efficacement.
« Tout le monde est un investisseur », pour Yat Siu
Du côté des particuliers, le besoin de régulation commence aussi à se faire ressentir. En France, sur le plan fiscal, les cryptos sont imposées à hauteur de 30% dès lors que la plus-value s’élève à un peu plus de 300€.
La grande diversité des classes d’actifs du web3 reste toutefois un problème pour le régulateur. Quelle différence légale entre le bitcoin (BTC), un NFT, les gains d’airdrop, ou encore les SFTs ? En ce sens, MiCA promet d’apporter de la clarté.
MiCA n’est pas parfait, et la plupart des acteurs de l’industrie s’accordent en ce point. D’ailleurs, le Whitepaper n’a pas encore été publié. Néanmoins, le texte représente un premier pas vers ce qui semble être la bonne direction. Pour Yat Siu, cofondateur d’Animoca Brands, il s’agit de porter un regard différent sur les tokens, de manière générale :
« Chaque individu est un investisseur, investissant non seulement de l’argent, mais aussi des liens sociaux. Lorsqu’on investit dans un réseau, l’objectif s’étend au-delà des simples gains monétaires. Les jetons représentent l’adhésion et la contribution à ce réseau, mettant l’accent sur la participation et la croissance mutuelle. »
Le régulateur devra-t-il alors considérer les cryptos et le web3 comme étant bien plus qu’une activité financière à part entière ? Une fois de plus, MiCA n’est pas le Graal du web3, et les intervenants de la Paris Blockchain Week en sont conscients. Toutefois, le texte devrait quand même lever le voile sur de nombreux doutes et de nombreuses questions.
Entre adoption, web3 et croissance inévitable
La France est à une place intéressante dans le web3. L’adoption est en hausse, le secteur se développe, et l’éducation s’installe petit à petit. En dépit du bear market passé, Eric Anziani, président et COO à Crypto.com, pense que l’innovation entraîne l’adoption :
« Il y a de l’innovation et elle entraîne l’adoption et nous devons prendre du recul sur la technologie sur laquelle nous travaillons. […] Il s’agit d’une innovation révolutionnaire qui apporte des avantages aux sociétés, qu’il s’agisse de valeur, de propriété numérique, du contenu, d’actifs, de paiements, de règlement. Ce sont d’excellents cas d’utilisation qui apportent une valeur considérable aux clients, aux utilisateurs et aux sociétés. […] C’est pourquoi il y a plus d’adoption et cela évoluera au fil du temps en fonction des cycles dans lesquels nous nous trouvons, mais il continuera à croître. C’est inévitable. »
En parallèle, la secrétaire d’États expliquait, durant son allocution, que le secteur du web3, soit l’un des plus innovants du pays, devrait connaître une croissance remarquable dans les prochaines années :
« Nos entreprises s’attendent à une croissance et 80 %, et nos entreprises souhaitent embaucher cette année, car nous avons un système favorable ici en France. Nous investissons beaucoup dans nos talents, dans de bons chercheurs, des écoles incroyables, et vous pouvez trouver ici des gens pour faire de la recherche et diriger la technologie avec vous. […] Les Français sont prêts à utiliser les technologies Web3 et les actifs cryptographiques et de nombreux jeunes sont intéressés. »
Une nouvelle question s’impose alors à la suite de cette Paris Blockchain Week : quelles sont les limites de la croissance créée au travers du web3 ?
L’année prochaine, La Paris Blockchain Week remettra évidemment le couvert. Les dates prévues sont du 8 au 10 avril, et l’évènement devrait se tenir au même endroit, au Carrousel du Louvre. D’ici là, il sera intéressant de noter l’évolution de la régulation et de prendre note des différentes étapes franchies par le régulateur et les entreprises.
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