Alors que l’affaire FTX continue de défrayer la chronique à travers des gros titres de plus en plus lunaires, certains investisseurs doivent aujourd’hui ressentir une pointe d’amertume alors qu’on apprend que toute cette débâcle aurait peut-être pu être évitée.
FTX en Australie
En effet, FTX venait tout juste de s’installer en Australie. Peu de temps après cette implantation, la SEC locale, (ASIC, Australian Securities and Investments Commission), avait mené un audit afin de s’assurer de la bonne marche des choses chez FTX. C’était en mars 2022 précisément, soit huit mois avant la panique générale.
Cette information nous est livrée par The Guardian Australia, qui a eu accès aux rapports d’audits internes à l’ASIC, sous couvert de droit à l’information des consommateurs.
À l’époque, de premiers doutes avaient eu lieu à l’aune d’un autre article, publié cette fois par l’Australian Financial Review, quelques semaines avant le lancement local de FTX. Les journalistes relevaient ainsi déjà des motifs d’inquiétude autour de l’implantation de cette plateforme d’échange.
Néanmoins, le sujet qui troublait ces journalistes était quelque peu étonnant, puisqu’ils s’offusquaient d’une déclaration de FTX qui prévoyait d’autoriser les clients à opérer sur le marché crypto avec un levier allant jusqu’à 20. Pour rappel, la plupart des plateformes d’échange en Europe et aux USA proposent ce type de service qui n’a rien d’inhabituel.
L’investissement en crypto-monnaies est proposé par eToro (Europe) Ltd en tant que PSAN, enregistré auprès de l’AMF. Les crypto-monnaies sont très volatiles. Pas de protection des consommateurs.
ASIC, des motifs d’inquiétude
À la fin mars, les doutes émis par les journalistes autour de l’implantation de FTX trouvèrent écho auprès des cadres de l’ASIC, qui prit à son tour le dossier en main.
La priorité de l’institution, communiquée aux représentants locaux de FTX, était la protection du consommateur australien vis-à-vis des arnaques et des fraudes. FTX avait alors promis de faire le nécessaire pour que ses clients investissent en toute sécurité, ce qui n’avait pas l’air, à en croire la documentation obtenue par The Guardian, de rassurer l’ASIC, qui restait méfiante vis-à-vis de l’exchange.
Dans les mois qui suivirent, l’ASIC avait déposé trois nouvelles requêtes auprès de FTX, sans précision du contenu de ces demandes. Ce que l’on peut affirmer, c’est qu’il existe de grandes probabilités pour que FTX n’ait pas pris la peine de se soumettre à ces requêtes, puisqu’un mail interne de l’ASIC, en date d’octobre 2022 (soit quelques semaines avant la faillite de l’exchange), fait référence à des inquiétudes actuelles.
On sait même, grâce à The Guardian, que l’ASIC aurait mené une sorte d’enquête depuis mars 2022 et que le sujet principal des suspicions tournait autour du niveau du pricing des produits que FTX projetait de vendre. On peut donc légitimement se poser la question : FTX avait-il pour projet de falsifier certains prix de produits crypto-monnaies pour engranger des bénéfices frauduleux ?
FTX avait pris un raccourci
On peut également se demander pourquoi l’ASIC n’a tout simplement pas bloqué ou suspendu l’implantation de FTX en Australie.
Néanmoins, l’exchange n’était pas passé par le processus d’obtention de licence financière classique, puisqu’il avait racheté une société locale déjà existante, qui elle-même avait acquis une ancienne société, première propriétaire de la licence. Un processus habituel pour SBF, qui avait usé de la même stratégie pour sa division européenne.
Source : Decrypt
Alors que l’affaire FTX continue à faire parler d’elle, de nombreuses plateformes ont fait faillite suite à celle-ci dont dernièrement Genesis.
Emmanuel Mounier
