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The Merge : tout ce qu’il faut savoir sur la grande mise à jour vers Ethereum 2.0 (en 10 questions)

ethereum the merge
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Oubliez l’effondrement de l’écosystème Terra (LUNA), les hacks et l’hiver crypto. L’évènement le plus important de l’année au sein de la galaxie cryptos approche à grands pas. Entre fausses idées, synthèses maladroites et interprétations réductrices, la mise à jour d’Ethereum (baptisée « The Merge ») soulève bien des questions chez les utilisateurs. Nous avons répondu à dix d’entre elles.

🔗 A quand remontent les premières réflexions sur The Merge ?

C’est par le biais d’un article, publié sur le site de la Fondation Ethereum le  22 juillet 2014, que Vitalik Buterin annonce que les réflexions sur le passage vers la preuve d’enjeu (PoS, pour « proof of stake ») sont déjà bien engagées.

Comme vous le savez, Ethereum fonctionne depuis son lancement en 2014 grâce à la preuve de travail (PoW, pour « proof of work »). C’est un mécanisme qui fait intervenir de puissantes machines – les Asics – pour valider les transactions, avec des récompenses en ETH à la clé.

Pour rendre cette importante transition possible, le père d’Ethereum indique qu’un hard fork sera indispensable.

Plusieurs fois repoussée, la mise à jour va enfin pouvoir avoir lieu. Les manœuvres débuteront le 6 septembre, et seront bouclées entre le 10 et le 20 septembre.

Bon à savoir : qu’est-ce qu’un hard fork ?

On parle de hard fork lorsqu’un ensemble de changements apportés à une blockchain sont incompatibles avec les versions précédentes – par opposition à un soft fork. Les développeurs préfèrent bien entendu les soft forks pour faire évoluer leur travail.

Cependant il arrive que les modifications nécessaires soient tellement importantes qu’un hard fork devient inévitable.

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🔗 En termes simples, comment va s’opérer The Merge ?

En réalité The Merge est mise en œuvre silencieusement depuis décembre 2020. Une chaîne parallèle baptisée « Beacon Chain » (littéralement, « chaîne phare ») a été créée pour que les développeurs y intègrent, testent et simulent grandeur nature un Ethereum en preuve d’enjeu (PoS).

Lors de la fusion, la chaîne Beacon prendra définitivement le relais de la chaîne actuelle.

Les transactions exécutées, au lieu d’être validées par des validateurs de la chaîne PoW, seront validées par les « nœuds » déjà en place sur la Beacon Chain.

L’opération sera réalisée sans interrompre la production de blocs : en clair, les utilisateurs n’auront pas à déplacer leurs jetons ETH, ni à mettre à jour un quelconque logiciel !

Transition vers la Beacon Chain – Fondation Ethereum (c)

📰 La fondation Ethereum a-t-elle communiqué sur les résultats immédiats suite à cette fusion ?

Oui, par le biais de plusieurs tweets et surtout d’un billet de blog officiel.

Résumons :

1 – Les détenteurs d’ETH ne pourront pas retirer leurs ETH stakés immédiatement après la fusion. En effet, il faudra attendre qu’une mise à jour gérant les retraits soit codée et intégrée à Ethereum. On estime qu’il faudra a minima 6 mois pour que ces jetons soient déverrouillés.

2 – Les frais de transaction ne seront pas réduits. Contrairement à ce qu’une fausse information récurrente le laissait penser. The Merge consiste en une modification de l’algorithme de consensus, et non du mode de calcul des frais de gaz.

3 – La fusion n’améliorera pas directement le débit des transactions.

4 – L’émission d’éthers sera réduite, passant d’un rythme de 4,3% par an à seulement 0,43 %. C’est un peu comme si on réduisait de 50%, et par trois fois, la vitesse à laquelle les nouveaux ETH arrivent sur le marché.

5 – L’énergie nécessaire au fonctionnement d’Ethereum sera réduite de plus de 99%.

🔐 Qu’est-ce que la preuve d’enjeu, comment est sécurisée une blockchain PoS ?

Lorsqu’une blockchain s’appuie sur une preuve de participation / preuve d’enjeu, cela signifie qu’un nombre limité de validateurs participe à la vérification des transactions.

Mais pour gagner le droit de faire partie des intervenants, chacun doit accepter de laisser en jeu / bloquer une certaine quantité de jetons, et assurer de rester connecté en permanence au réseau.

La logique est la suivante : si le validateur possède lui-même une grande quantité de jetons, il n’aurait aucunement intérêt à ce que le système déraille ou soit truqué.

Bon à savoir : le choix des validateurs en preuve d’enjeu

Dans un algorithme PoS, les détenteurs d’ETH sont ainsi tirés au sort pour valider les transactions. Avec ce modèle probabiliste, tous les validateurs détiennent théoriquement une chance de valider un bloc. Cette probabilité étant toutefois pondérée par le nombre d’ETH détenus.

Afin d’éviter que les plus gros détenteurs ne soient favorisés, certaines blockchains ont raffiné le mécanisme PoS.

Exemple : le réseau Algorand (ALGO) choisit ses validateurs de manière totalement aléatoire. On appelle cela la preuve d’enjeu pure (« pure proof-of-stake »).

Sur Ethereum 2.0, il faudra accepter d’immobiliser un minimum de 32 ETH pour pouvoir gagner le droit d’être validateur.

Contrairement à la preuve de travail de Bitcoin (BTC) et de Kadena (KDA), la preuve d’enjeu ne requiert pas des validateurs qu’ils se dotent d’ordinateurs surpuissants.

⛏ Que reproche-t-on à la preuve de travail (PoW) et au minage ? The Merge est-elle vraiment nécessaire ?

Lorsqu’une blockchain s’appuie sur la preuve de travail, les transactions sont validées en résolvant des calculs informatiques complexes.

Bitcoin (BTC), Kadena (KDA), Ethereum (ETH), Ethereum Classic (ETC) sont des exemples de cryptomonnaies où les validateurs sont amenés à faire ce travail de « minage » : en résolvant les difficultés mathématiques, de nouveaux blocs de jetons sont créés, chaque jeton portant la trace de l’énergie déployée pour le frapper – la fameuse « preuve de travail ».

Le principal reproche adressé à la PoW est sa consommation électrique vertigineuse.

Dans le cas d’Ethereum, la consommation s’élève à 10 TWh par an. A peu de choses près, c’est la consommation d’un pays comme la Finlande ou les Pays-Bas !

De plus, si la PoW est fiable, une certaine lenteur dans le traitement des transactions s’est installée. En raison de cette congestion, les gas fees (commissions prélevées par les mineurs) sur Ethereum ont atteint des niveaux insensés !

Bon à savoir : le hashrate sur Ethereum (ETH) et Ethereum Classic (ETC)

Le standard informatique utilisé pour les calculs à résoudre est basé sur « fonctions de hachage », dont le fameux SHA-256.

Celui-ci génère en continu des chaînes de caractères de 256 bits.

Le hashrate fait donc référence à la quantité de chaînes générées en un temps délimité. De fait, plus un ordinateur est puissant, plus il affiche un hashrate élevé dans le cadre de son activité de minage.

💣 Pourquoi parle-t-on de bombe de difficulté ?

La mise à jour PoW –> PoS est impossible tant que les mineurs d’Ethereum ne s’arrêtent pas. Si d’autres sont d’accord pour débrancher leurs machines, il reste un noyau dur de récalcitrants.

Pour forcer les mineurs récalcitrants à s’arrêter, les calculs à résoudre vont être graduellement amenés à un niveau de difficulté tel qu’il sera impossible de miner un nouveau bloc.

C’est à ce moment qu’on passera du dernier en preuve de travail – le bloc PoW (X) – à un bloc en preuve d’enjeu – le bloc PoS (X + 1).

De fait, les mineurs devront soit suivre le nouveau mécanisme de validation, soit quitter le réseau.

Cette bombe de difficulté est attendue aux alentours du 15 septembre.

Bon à savoir : la difficulté totale terminale

Lorsque les mineurs travaillent, ils sont confrontés à des équations à résoudre. Cette difficulté est mesurée en terrahashs (TH). La difficulté actuelle, accumulée sur l’ensemble du réseau, oscille entre 10 000 TH et 15 000 TH.

Thoériquement, la difficulté maximale possible est fixée à 58 750 000 000 TH. La difficulté totale terminale (TTD) fait référence à ce niveau critique.

🌏 Avec la preuve d’enjeu (PoS), Ethereum va-t-il devenir plus écologique ?

En passant à la preuve d’enjeu, Ethereum va réduire sa consommation d’énergie de 100 TW par an : à peu de choses près, c’est la consommation annuelle d’un pays comme la Finlande ou les Pays-Bas.

Malgré son statut de blockchain n°1 pour les dApps, Ethereum n’était pas jusqu’ici le choix privilégié des institutionnels pour lancer leurs projets.

A cause de son impact environnemental, les institutionnels lui préféraient d’autres réseaux pour respecter les critères ESG dans leurs placements en cryptos.

Il faut savoir que chaque semaine en plus passée sur la preuve de travail générerait 1 millions de tonnes de CO2 !

Bon à savoir : les blockchains et leur empreinte carbone

Un rapport commandé par l’équipe du projet Solana (SOL) a établi une petite hiérarchie des blockchains les plus éco-respectueuses.

  • Les plus polluantes sont les blockchains à preuve de travailBitcoin (BTC) , Ethereum (ETH), Litecoin (LTC). Elles consomment environ 100 kWh pour une transaction, l’équivalent d’un trajet de 200 km en berline diesel.
  • Viennent ensuite les blockchains de layer 2Polygon (MATIC), Arbitrum, Optimism. Elles consomment environ 10 kWh par transaction, l’équivalent d’un trajet de 20 km toujours en berline diesel.
  • Les moins polluantes sont les blockchains à preuve d’enjeuCardano (ADA), Solana (SOL). Leur consommation tombe à moins de 0,010 kWh par transaction, l’équivalent d’une recherche sur Google !

🔗 Pourquoi dit-on qu’Ethereum va devenir une cryptomonnaie déflationniste ?

Une cryptomonnaie est dite « déflationniste » lorsque les émissions de jetons sont moins rapides que les retraits – les fameux « burns » ou destructions.

Scénario inverse : une cryptomonnaie avec des émissions plus rapides que les retraits est dite « inflationniste ».

Sur le marché, les devises traditionnelles sont les plus inflationnistes, avec 12,88 % d’émissions annuelles moyennes entre 1970-2021.

Le dollar américain (USD) suit avec 9,22 %.

Sur les cryptomonnaies, Ethereum (en PoW) affiche une inflation annuelle de 4,21%.

Avec sa mise à jour, Ethereum va passer à une émission nette de -0,43%.

🔗 Le réseau Ethereum a-t-il déjà réussi une transition d’aussi grande envergure ?

Oui, en 2016, un changement tel qu’il a donné naissance à Ethereum Classic (ETC), divisant par là-même la communauté en deux.

En mai 2015, un projet baptisé « The DAO » prenait vie. Il s’agissait d’un projet un peu ésotérique pour l’époque, visant à former ex nihilo une « organisation autonome décentralisée », fortement démocratique, sans existence autre que sur la blockchain.

Le projet séduit : il réussit à réunir 11 000 actionnaires, ayant acheté leurs parts en payant en ETH. En tout, un capital « social » d’un peu plus de 150 millions de dollars a été levé !

The DAO crée aussi des « smart contracts » pour que les utilisateurs puissent emprunter de l’argent dans les caisses de l’organisation. Sauf  qu’un hacker réussit l’impensable : il repère une  faille qui lui permet à l’envi des retraits de fonds, parvenant à détourner jusqu’à 50 millions de dollars en ETH, l’équivalent de 5% des ethers en circulation à l’époque.

Heureusement, le smart contract impose un délai de 27 jours durant lequel les fonds empruntés ne peuvent quitter un certaine adresse de portefeuille.

En urgence, une majorité de la communauté Ethereum a voté en faveur de la réécriture de la blockchain : plutôt que déclarer comme nul et non avenu le morceau de bloc contenant les transactions du hacker (un soft fork), il est décidé de corriger les failles du code d’Ethereum pour éviter qu’un hacker opère à nouveau (un hard fork).

Bon à savoir : la naissance d’Ethereum Classic

Le vote est soumis à la communauté le 20 juillet 2016. A 89% des suffrages, la proposition de Vitalik Buterin est votée. The DAO est alors démantelée, les fonds dérobés par le hacker sont restitués aux victimes.

La chaîne Ethereum se scinde en deux : la nouvelle chaîne garde le nom d’Ethereum (ETH), la chaîne originelle est rebaptisée Ethereum Classic (ETC) et garde trace des fonds dérobés.

⚔️ Doit-on craindre une nouvelle scission de la communauté Ethereum à cause de The Merge ?

Oui, c’est une hypothèse qui a pris de l’épaisseur ces derniers mois.

Le minage sur Ethereum (et sur Bitcoin) est une activité économique rentable. Après The Merge, tous les mineurs se retrouveront sans revenus, puisque leurs machines ne pourront plus fonctionner.

Deux choix s’offrent à eux : accepter de passer sur le nouveau réseau avec ses nouvelles règles de fonctionnement, ou basculer sur le réseau Ethereum Classic (ETC) pour continuer à gagner de l’argent.

Une troisième voie se dessine : scinder Ethereum en deux, avec une chaîne poursuivant sur la preuve de travail, et Ethereum 2.0 en preuve d’enjeu.

Le plus influent des mineurs d’Ethereum s’appelle Chandler Guo, connu pour avoir soutenu le hard fork à l’origine d’Ethereum Classic (ETC) en 2016. Il a récemment affirmé son intérêt pour un nouveau hard fork afin de sauver l’industrie du minage :

Bon à savoir : les revenus du minage sur Ethereum

756 millions de dollars en août 2022 (620 millions en juillet). C’est la valeur des ethers « minés » et reçus en récompense par l’ensemble des mineurs du réseau.

Les revenus du minage d’Ethereum – The Block (c)


Cet article aura – nous l’espérons – répondu à vos interrogations sur Ethereum. The Merge approche à grands pas, et il est trop tôt pour dire si la réussite de la mise à jour aura un impact sur le cours de la cryptomonnaie. Nous avons choisi à dessein de ne pas parler de cet aspect ici, car nous en parlons dans un autre article.

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
  • Participe à la création d’une équipe dédiée de journalistes

Publications

Éducation

  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

Autres

  • Carte de presse FIJ n°1385
  • Journaliste indépendant

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