Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont indiqué avoir bloqué des fonds d’un wallet crypto. Selon les autorités ukrainiennes, l’argent collecté était destiné à financer la campagne de l’armée russe en Ukraine. Les fonds bloqués devaient être utilisés pour fournir de l’équipement militaire pour les forces séparatistes pro-russes dans la région de Donetsk et de Luhansk.
Une première depuis le début de la guerre
C’est la première fois que l’Ukraine transmet des informations sur le blocage de cryptomonnaies entre elle et la Russie depuis le début du conflit en février dernier. Depuis que les troupes russes sont entrées sur le territoire ukrainien, la guerre s’est étendue sur la toile et les cryptomonnaies font partie intégrante du conflit.
Le wallet crypto comptait plus de 800,000 hryvnia soit un total de 22 000 $ selon les autorités ukrainiennes. Il appartient à un Russe actif sur les réseaux sociaux qui cherche des donateurs sur différentes plateformes en ligne afin de financer “l’opération spéciale militaire”. L’activiste russe poste régulièrement des photos et des vidéos de propagande montrant du matériel militaire acheté avec les cryptomonnaies.
Les autorités ukrainiennes n’ont pas communiqué sur la manière dont avait été intercepté les fonds de l’activiste. Cependant, ils ont découvert que cet argent était destiné à des groupes militaires pro-russes autoproclamés dans les régions de Luhansk et de Donetsk. La police nationale ukrainienne ainsi que le bureau du procureur général ont participé à cette opération.
Les cryptomonnaies, un atout clef pour les deux camps
Les cryptomonnaies jouent un rôle important dans le déroulement de la guerre en Ukraine. Pour rappel, dès le début de la guerre en février, l’Ukraine avait écrit aux plus grandes plateformes d’échanges de cryptomonnaies (Coinbase, Binance, Huobi, KuCoin, Bybit, Gate.io et Whitebit) pour leur demander de bloquer les porte-monnaies russes.
Officiellement, les paiements en cryptomonnaie sont illégaux en Russie mais ils sont toujours présents officieusement pour le financement de la guerre. Une étude de Chainalysis publiée le 29 juillet 2022, alors que la guerre en Ukraine se poursuit sans fin, montre que la Russie est une destination populaire pour les mineurs d’actifs crypto. L’étude publiée par Intelion Data Systems a découvert que les mineurs de crypto affluent à Moscou et d’autres régions russes.
Le rapport de la Chainalysis indique en outre que des fonds sont envoyés à des personnes figurant sur la liste des personnes sanctionnées par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis. Par exemple, Alexander Zhuchkovsky, un ressortissant russe désigné par l’OFAC, qui a lui aussi utilisé les réseaux sociaux pour solliciter des dons pour le Mouvement russe.
Pas moins de 2,2 millions de dollars en cryptomonnaies ont été reçus par 54 groupes pro-russes. Chainalysis relève que l’information est intéressante « parce que les blockchains publiques sont transparentes, nous pouvons suivre chaque transfert entre les comptes, en glanant des informations sur les activités pro-russes qui seraient plus difficiles à extraire que des enquêtes sur la monnaie fiduciaire », conclut le rapport.
L’Ukraine a elle aussi recours aux dons de cryptomonnaies puisque le ministre Mikhailo Fedorov a récemment annoncé sur Twitter que l’Ukraine avait dépassé les 50 millions de dollars. Cependant, contrairement aux Russes, cet argent est destiné à l’aide humanitaire et aux réfugiés qui ont dû quitter leurs logements. Le ministère a même créé un clip vidéo de rap pour inciter les gens à faire des dons.
La plateforme d’échange de crypto Whitebit, qui a des racines ukrainiennes, a proposé aux réfugiés de se loger dans certains de leurs locaux. Binance quant à lui a donné près de 70 000 cartes de cryptos pour les populations forcés de quitter leur maison afin qu’ils puissent payer dans des pays étranger. Le leader des échanges de cryptomonnaies a également annoncé travailler avec le ministère ukrainien du Développement numérique afin de trouver des emplois pour les réfugiés ayant perdu leur travail.
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Romaric Saint Aubert
Crypto-journaliste
