Selon un rapport en date du 7 février 2024 de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), les Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC) seraient en effet le moyen de paiement le plus adapté pour les utilisateurs des métavers.
La BRI argumente en faveur de l’usage des MNBC dans les métavers
Supposez que la Réalité Virtuelle (RV), la Réalité Augmentée (RA), les mondes immersifs et la propriété numérique soient largement adoptés par les populations. Vous y êtes ? Maintenant, demandez vous ce qu’impliquerait le développement d’une économie de services au sein d’un ou plusieurs métavers pour les moyens de paiements. C’est cette base de questionnement qui a aidé à la réflexion et à la rédaction du rapport de la BRI, publié il y a une semaine.
What is the potential economic impact of services in the #Metaverse? Widespread adoption of tech like #VR and #AR could mean a blurring of lines between tradables and non-tradables, greater cross-border integration and new demands on payment services https://t.co/xoSv1tF9gx pic.twitter.com/TGiuXVlpN0
— Bank for International Settlements (@BIS_org) February 7, 2024
La Banque des banques centrales, la BRI, analyse dans ce rapport différentes options de services de paiements dans les métavers. Mais les cryptomonnaies, trop spéculatives, et les stablecoins, trop instables, sont écartés assez vite, même si l’étude cite une enquête menée par PayPal en 2023, d’après laquelle 89% des utilisateurs de métavers souhaiteraient pouvoir utiliser des cryptos pour payer. Dans l’introduction, on peut lire que:
L’essentiel pour de tels services [i.e. les services que l’on pourrait rechercher ou proposer dans un métavers] est de pouvoir effectuer des paiements instantanés, sans se préoccuper des frontières ni des devises, et de pouvoir créer des représentations numériques d’actifs (tokenisation). Ces paiements n’ont pas besoin d’être basés sur des cryptomonnaies ou des blockchains. Les Monnaies Numériques de Banque Centrale permettent aussi bien les paiements instantanés et vérifiables, et pourrait être une alternative préférable à l’usage d’actifs spéculatifs et volatiles comme les cryptomonnaies. En outre elles peuvent être programmable et permettre la tokenisation d’actifs.
Et, plus loin:
Les utilisateurs souhaitent généralement que la monnaie utilisée pour leurs transactions soit stable par rapport à leurs revenus, leurs dépenses, leurs actifs et passifs financiers dans le monde réel.
Voilà qui, d’après la BRI, justifierait l’usage des MNBC dans les métavers. Néanmoins, les monnaies numériques contrôlées par les banques centrales sont loin de faire l’unanimité.
De notre côté du monde, en Occident, l’e-CNY, le yuan numérique, qui a été introduit par les autorités chinoises en août 2020, avec son cortège de problèmes concernant la vie privée et la liberté, fait plutôt office de repoussoir. L’euro numérique, quant à lui, est en phase préparatoire depuis novembre 2023, et les médias traditionnels n’en parlent que rarement, laissant la population ignorante d’un sujet qui la concerne en premier lieu. Aux Etats-Unis, où les cryptomonnaies sont plus répandues et où le Bitcoin a déjà été un moyen de financer une campagne politique, l’ancien président Donald Trump, candidat à l’élection présidentielle de 2024, s’est positionné sur le sujet alors qu’il était en meeting dans le New Hampshire. Ainsi, le 18 janvier, ce dernier promettait que s’il est réélu, il bloquerait le projet de dollar numérique de la banque centrale américaine, la Fed.
Si nous sommes encore loin de ces mondes immersifs, l’intérêt de la BRI pour le sujet est remarquable en ce qu’il signale que nos sociétés se trouvent à un tournant qui leur impose un défi aussi bien technologique qu’éthique. Notons enfin que l’Innovation Hub de la banque des banques a récemment annoncé qu’il lancerait une première version de son projet mBridge qui facilite les paiements transfrontaliers compatibles avec différentes MNBC.
Sources: BIS
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Paul T Guillot
Journaliste
