C’est évidemment l’information de la nuit : en échange de l’abandon des poursuites par le Département de la Justice américain, le Trésor et la CFTC, Binance quittera complètement les Etats-Unis, et l’emblématique Changpeng Zhao (“CZ”) lâchera les rênes au profit de son adjoint Richard Teng. Surtout, Binance devra s’acquitter de deux amendes totalisant 1,8 milliards de dollars, et accepter la confiscation de plus de 2,5 milliards d’actifs. De quoi faire réagir le patron du rival de toujours, Coinbase.
La réglementation avant tout : quand Coinbase montrait la voie
La fin de l’aventure du géant Binance aux Etats-Unis semble valider la stratégie de conformité réglementaire adoptée par Coinbase depuis ses débuts en 2012.
Dans un long message diffusé hier sur X (Twitter), B. Armstrong a de nouveau souligné l’importance d’avoir multiplié les licences au niveau étatique et fédéral, malgré le désavantage compétitif évident que Coinbase a dû traîner au fil des années.
“L’adoption d’une politique de conformité rigoureuse était essentielle pour bâtir une entreprise pérenne, capable de traverser les épreuves du temps”, peut-on lire sur son long post. Armstrong a reconnu que ce parti pris de jouer le jeu des régulateurs avait ralenti les plans de l’entreprise, en la mettant aux prises avec la complexité de certains process et des coûts particulièrement élevés.
Since the founding of Coinbase back in 2012 we have taken a long-term view. I knew we needed to embrace compliance to become a generational company that stood the test of time. We got the licenses, hired the compliance and legal teams, and made it clear our brand was about trust…
— Brian Armstrong 🛡️ (@brian_armstrong) November 21, 2023
Avoir proposé le trading de dérivés sans licence, l’erreur de Binance vue par Armstrong
Lorsqu’il évoque les “produits souhaités par les clients”, Armstrong fait référence aux fameux contrats à terme sur le Bitcoin et l’Ether, qui représentent 75% des volumes d’échanges de cryptomonnaies.
Taillés sur mesure pour les institutionnels, ces produits dérivés sont aussi très prisés par les traders car ils permettent de spéculer sur les prix futurs de ces cryptomonnaies, souvent avec un effet de levier, ce qui augmente la rentabilité mais également le risque. Ils sont aussi très rentables pour les bourses crypto elles-mêmes.
Ni Binance.US, ni aucune autre bourse crypto, ne pouvaient alors proposer ces produits complexes aux clients particuliers américains. Ces produits nécessitent en effet des licences spécifiques, avec a minima un agrément de “Futures Commission Merchant” (FCM) délivré par la National Futures Association (NFA), division de la CFTC, le gendarme chargé des marchés à terme aux Etats-Unis.
Or Binance Holdings, à travers sa plateforme mondiale Binance.com, aurait proposé ces produits “en douce” à de nombreux traders américains VIP. Pire, elle aurait discrètement conseillé nombre d’entre eux sur la manière de créer des entités-écran dans des juridictions clémentes. Une infraction majeure pour laquelle elle était poursuivie par la CFTC depuis le 27 mars, sans compter un autre recours déposé par la SEC le 5 juin.
Ne pas faire la même erreur que Binance. Le 15 août dernier, Coinbase a obtenu une licence FCM délivrée par la NFA, une victoire administrative rare pour laquelle la bourse crypto se battait depuis … septembre 2021. Cela fait de Coinbase la première et la seule entreprise crypto à proposer aux clients US éligibles à la fois le trading crypto au comptant traditionnel (“spot”) ET le trading des produits à terme (“futures”). Le CME et le CBOE, piliers de la finance traditionnelle, proposent déjà le trading de produits à terme Bitcoin et Ether.
Sources : Brian Armstrong via X (Twitter) , Bloomberg
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