Cette semaine se tenait la Digital Assets Week 2023 à Londres. À quelques pas de la National Gallery, des acteurs majeurs de la finance et de la crypto se sont réunis afin de discuter de la tokenisation, de la digitalisation, et du besoin crucial de régulation au sein de l’industrie.
La régulation à l’honneur à la Digital Assets Week 2023
Au cœur du Club Quarters Hotel, à Trafalgar Square, Londres, les discussions vont bon train. A chaque coin de couloir, c’est le mot « régulation » qui fait écho, et pour cause, personne ne semble pouvoir anticiper ce que proposera le régulateur.
S’il fallait retenir un mot de cet événement, c’est bien celui-là : « régulation ». En effet, l’intégralité des personnes et entités présentes lors de la conférence s’accordent sur un point : une régulation claire et précise est nécessaire avant la distribution, sur les marchés, d’actifs tokenisés.
Toutefois, le régulateur est également dans le flou vis-à-vis de la technologie de la blockchain. La notion de tokenisation ne semble pas tout à fait claire non plus pour les autorités. Pourtant « Même si on met une obligation sur la blockchain, cela reste une obligation, sa nature ne change pas. » comme l’affirme Ralf Kubli, board member de la Casper Association.
Les participants de la Digital Assets Week 2023 affirment qu’effectivement, le régulateur a besoin d‘être éduqué. Celui-ci n’est pas systématiquement au fait des dernières innovations et ne cerne pas toujours l’essence même de ces dernières. Chacun y va alors de sa propre idée, partageant sa propre perception du marché afin d’aider les autres à y voir plus clair.
« Nous savons où nous allons, et nous savons comment y aller, mais nous ne savons pas ce que le régulateur nous réserve. » déclare un représentant de 21X entre deux conversations.
Au cœur de la Digital Assets Week 2023 : Tokeniser les « Real World Assets »
Tokeniser les actifs de nature financière semblent presque logique. La technologie proposée par la blockchain permet non seulement de réduire les coûts et les intermédiaires au sein du parcours institutionnel, mais également de simplifier largement le processus de distribution.
Cependant, une fois de plus, c’est la régulation qui fait défaut et qui manque à l’appel dès lors qu’il s’agit d’entrer dans les faits :
« Il n’y a pas de distribution sans marketplace régulée. » affirme Pavel Izmaylov, directeur des services financiers et des actifs digitaux chez Apex.
Un peu plus tard, Max Heinzle, CEO de 21X, explique qu’il espère un lancement des premiers actifs tokenisés d’ici le deuxième trimestre 2024. Cependant, la tokenisation pourrait aller bien au-delà des actifs financiers. Pour Tal Elyashiv, auteur de Blockchain Prophecies, cela apparaît même comme une évidence :
« Les real world Assets seront bien plus grandes, encore plus grandes que les actifs financiers. Ceux qui ne veulent pas participer ou investir devraient se faire examiner tout de suite. »
Néanmoins, encore faut-il apporter une définition claire des real world assets. Pour Ralf Kubli, la terminologie n’est pas appropriée. Il affirme qu’elle est trop vague, peu déterministe, et ne renvoie finalement à pas grand-chose. Il propose ainsi ACTUS, une solution déterministe, lisible par la machine et exécutable par celle-ci.
Par ailleurs, il semble important de ne tokeniser que de manière utile. En effet, tokeniser pour tokeniser ne semble pas, à priori, apporter de plus-value au sein d‘un écosystème ni même d’un système économique.
S’il reste encore de nombreux efforts et de nombreuses questions concernant la tokenisation des actifs financiers et non-financiers, la question de la garde des actifs reste quand même d’actualité.
Le solutions de garde pour les actifs digitaux
Se projetant dans un futur un peu plus éloigné, les intervenants de la Digital Assets Week 2023 ont apporté plusieurs éléments en termes de solution de garde. Il était question de déterminer une solution afin que les possesseurs d’actifs digitaux puissent conserver ces derniers de manière sécurisée.
Très tôt, le panel s’est accordé sur un point important, apporté par Tony Ashraf, le Managing DIrector de BlackRock :
« La blockchain autorise le self custody, mais tout le mode n’est pas prêt à franchir le pas. »
Une déclaration approuvée grandement par Mark Mayerfield, directeur des recettes à GK8 :
« Le concept de self custody ne peut pas exister au sein de notre industrie. »
En effet, si l’idée de self custody semble évidente dans le cadre des crypto-monnaies, et plus particulièrement de Bitcoin, le concept s’efface instantanément, faute d’incompatibilité, dès lors qu’il s’agit d’actifs financiers tokenisés.
Adrien Treccani, CEO de Metaco, a également partagé sa vision des choses. Il explique qu’il envisage deux possibilités, en termes de solution de garde, au sein de cette industrie :
« […] la centralisation des clés sur une surface low attack, et la décentralisation des clés, dispersées à plusieurs endroits. Les deux idées sont bonnes, mais elles ne devraient pas être utilisées de la même manière selon la situation. Finalement, tout dépend de la manière dont nous allons sécuriser ces clés. »
La Digital Assets Week 2023 aura donc permis de mettre en exergue les différents challenges auxquels l’industrie financière est actuellement confrontée. De la même manière, différentes idées ont émergé, permettant aux acteurs présents de pouvoir évoluer sur le long terme.
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