Mais quel est donc vraiment ce mystérieux projet qui enflamme la toile depuis quelques jours ? Lancé en beta test le 11 août, cette application vous permet tout simplement de capitaliser sur la popularité d’un utilisateur. Malgré un modèle douteux, friend.tech enregistre des résultats records avec plus de 1,3 millions de transactions pour des revenus s’élevant à plus de 2 milliards de dollars en seulement quelque jours !
Une bulle spéculative artificielle
Pour les retardataires voici une petite explication sur le mode de fonctionnement de cette nouvelle application basée sur le layer 2 de Coinbase et reliée directement à X (anciennement Twitter). Il faut d’abord savoir que l’accès à l’application ne se fait pour l’instant que sur invitation, il vous faudra en plus de cela envoyer quelques Ethereum sur le portefeuille associé pour finaliser votre inscription. Une fois cela fait, il vous sera alors possible d’acheter une action représentant une portion du profil d’un autre utilisateur. Vous aurez alors accès à des salons de discussions privés et des contenus exclusifs, tout en espérant voir votre action croître avec le temps.
On peut donc parler de monétisation de la popularité, de marchandisation de l’amitié ou encore de simple produit du capitalisme, quoi qu’il en soit, le modèle proposé semble fragile et difficilement viable sur le long terme.
Ce modèle économique repose donc sur une loi de l’offre et de la demande qui permet finalement à un achat précoce de se traduire par des bénéfices conséquents lors de la revente. Comme le remarque l’utilisateur Lux Moreau, cela va ainsi favoriser la création de communautés restreintes et donc conduire inévitablement à une forte volatilité des actions.
1/6 Curious about @friendtech's share pricing model?
Here's the scoop: Fees? 5% flat for the protocol, the buy/sell spread is the owner's profit.
But here's where it gets interesting: As outstanding shares grow, the pricing skyrockets exponentially. 🚀
— Lux Moreau ✨ (@MentionLux) August 12, 2023
Les fondateurs déclarent vouloir pour l’heure, reprendre leur souffle et attendre que le site soit stabilisé avant de se pencher sur les préoccupations juridiques ou de croissance.
“Nous avons d’abord partagé l’application pour commencer les tests de charge et nous ne nous attendions pas à ce qu’elle devienne virale“, a déclaré le cofondateur de Friend.tech, Racer, à Decrypt.
Un projet décentralisé pas vraiment transparent
Tout cela nous amène donc à nous poser quelques questions légitimes quant à la sécurité liée à l’utilisation de cette application. En effet quelle surprise pour un utilisateur européen de constater l’absence totale de politiques de confidentialités, vous aurez seulement le droit à quelque chose dans ce style :
C’est très probablement cette absence d’information quant au traitement des données personnelles qui a permis cette désastreuse fuite de données utilisateurs, laissant plus de 100 000 utilisateurs totalement exposés sur la toile.
101,183 people has given friend tech access to posting as them, leaked db indicateshttps://t.co/yYYDqzUoON
— banteg (@bantg) August 21, 2023
L’entité va d’ailleurs s’empresser de minimiser les dégâts en accusant même les auteurs du signalement, d’irresponsables, pour reprendre leurs mots :
This is just someone scraping our public API that shows the association between public wallet addresses and public Twitter usernames.
It’s like saying someone hacked you by looking at your public Twitter feed.
Irresponsible reporting from @TheBlock_ and @vishal4c https://t.co/GIXOWazqBk
— friend.tech (@friendtech) August 21, 2023
Nous pouvons aussi nous interroger sur ce mystérieux “Racer”. Principal développeur de l’application, il était à l’origine d’un projet dont vous avez peut être entendu brièvement parler : TweetDAO. C’était l’un des premières incursion dans les médias sociaux décentralisés. Un compte personnel verrouillé, un ancien compte professionnel supprimé…
Je ne vous apprend rien en disant que dans le Web3, la prudence est de mise. “Stay tuned” comme nous avons l’habitude de le dire !
Source : decrypt.co
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Romaric Saint Aubert
Crypto-journaliste
