La blockchain appliquée aux secteurs de l’industrie maritime, de la logistique ou de la finance, c’est la spécialité depuis dix ans de l’entreprise KeeeX. Basée à Marseille, elle devenue un acteur majeur de l’innovation industrielle et du web3 en France.
La dématérialisation, un enjeu mondial
A l’heure des ordinateurs quantiques, le commerce international, qu’il soit maritime, financier, douanier ou bancaire, est contrairement à ce qu’il laisse penser encore bien peu dématérialisé. Moins de 1% seulement des 4 milliards de nouveaux documents produits chaque année dans le cadre des échanges internationaux l’étaient sous format électronique en 2022, d’après un livre blanc de l’ICC France. La plupart du temps, une simple opération transfrontalière revient à un partage de 36 documents de 240 copies.
Dans le même temps, une étude réalisée pour le G7 sous présidence britannique démontre que, si les documents du commerce international étaient davantage digitalisés, l’ensemble des gains pour les pays du G7 serait considérable. Il en résulterait une réduction de 84% des coûts des échanges pour les entreprises et une augmentation en valeur de 14% des flux d’ici 2026. Ces économies potentielles sont estimées à 7,8 milliards de dollars, rien que pour l’Union européenne.
Les attributs de la blockchain au service des entreprises
A Marseille, une entreprise a bien compris le vivier d’opportunités qu’offre ce nouveau marché du document transférable électronique (DTE). Fondée il y a dix ans, en 2014, KeeeX s’est spécialisée dans la traçabilité des documents grâce à la blockchain, et accompagne les plus grandes entreprises des transports (SNCF, CMA-CGM), de l’énergie (Enedis), de l’industrie (Thales) ou de la banque-assurance (Société Générale, Generali) dans leur transition numérique.
Sa technologie est brevetée dans 50 pays en Europe et aux Etats-Unis : elle utilise les attributs de la blockchain pour estampiller n’importe quel type de document d’un ensemble de données immutables (hash, horodatage, copyright, classification, liens, signataires attendus…), qui vont sceller autant de “preuves de confiance”. Le fichier ainsi “keexé” en quelques secondes devient aussitôt auditable, traçable, et donc irréfutable.
KeeeX emploie une dizaine de personnes dans ses locaux du Pôle média de la Belle de Mai. L’entreprise a gardé une taille relativement petite malgré les nombreux produits et applications qu’elle développe en interne. Elle n’a pas fait appel aux fonds de capital-risque pour son développement, mais à des augmentations de capital via un cercle d’amis, une autre originalité dans le milieu de la tech.
Lancement d’une nouvelle plateforme TraaaX
En s’inscrivant elle aussi dans le droit fil d’une loi type de 2017 des Nations unies pour l’usage des documents transférables, la France s’apprête à adapter sa législation dès 2024 avec un projet de loi sur les DTE. KeeeX a participé à l’élaboration du texte, où il sera question de donner un statut légal à la version électronique de ces documents gourmands en papier. C’est aussi dans ce cadre que la société annonce à Cryptonaute le lancement d’une plateforme dédiée au DTE, appelée TraaaX.
“Il s’agit du sommet de ce qui peut être réalisé avec notre technologie comme déploiement industriel des concepts déjà mobilisés dans le Web3 pour les NFTs, sur notre plateforme KeeeX.art : le lien bi-directionnel inviolable entre des fichiers eux-mêmes inviolables, et des smart contracts référencés par le fichier et référençant ce-dernier. Ce procédé fait l’objet d’un brevet déposé en janvier 2023”, explique Laurent Henocque, fondateur et PDG de KeeeX.
Cette solution permet notamment le transfert de propriété (comme pour les NFTs), mais également la désignation de la version la plus récente d’un document, son statut (actif/complété), la déclaration d’un retour au papier ou d’un passage au numérique, dans un contexte plus riche que pour les NFTs, avec des signatures directes ou déléguées. Cela peut se faire au moyen d’un unique smart contract ou de smart contracts séparés, y compris sur des registres ou blockchains distincts.
Pour cet entrepreneur au profil atypique, enseignant chercheur et ancien collaborateur du World Wide Web Consortium (W3C), passé aussi par Polytechnique, “le web3 est un mot-clé qui ouvre le potentiel de dématérialisation totale de l’économie”.
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