L’année 2020 marque un véritable tournant pour la France avec une multiplication des projets Blockchain au sein des entreprises traditionnelles, mais également dans le positionnement des Blockchains publiques vis-à-vis de cette nouvelle technologie. Ces dernières vont effectivement prendre les devants et s’imposer comme leaders de l’adoption en France. 2020 c’est aussi la première fois que se structurent les équipes et les budgets alloués à la Blockchain dans les entreprises françaises.
Nous observons de cette manière que la Blockchain n’est aujourd’hui plus réservée aux initiés et même s’il reste encore de gros efforts pédagogiques et de formations à entreprendre, la Blockchain s’installe peu à peu comme une évidence au sein de l’écosystème français.
Un écosystème français fort au service de la révolution technologique
Face à des avancées techniques et technologiques de plus en plus rapides, les cartes ont été redistribuées et la France à réussi à se placer rapidement avec succès sur plusieurs sujets clefs. En effet, nous avons vu émerger de grands leaders français comme Ledger dans la sécurité des actifs digitaux, Woorton dans la création de marchés, Tezos dans les contrats intelligents… C’est grâce à ces pionniers qu’aujourd’hui, la plupart des entreprises du CAC40 développent des projets Blockchain qui viendront à l’avenir s’insérer dans leurs activités.
L’un des avantages principaux du développement de la Blockchain en France est son intégration dans l’écosystème traditionnel. Karim Sabba et Charlie Meraud, fondateurs de la Paris Blockchain Week témoignent de cette force :
“Ce qui est frappant, c’est que le secteur reste assez fermé partout dans le monde à la collaboration avec le monde traditionnel. On a l’impression que la France peut mieux faire le pont entre le monde de la blockchain et la tech ou le monde industriel français”.
La Blockchain, en tant que technologie d’appoint, a la capacité de venir s’agréger dans de multiples secteurs d’activité et permet d’optimiser le travail dans de nombreux champs d’application. C’est sans surprise le secteur de la finance qui va regrouper le plus de projets, avec en tête de fille la Société Générale avec son entité Société Générale Forge :
“Nous croyons à la valeur et à l’avenir des marchés de capitaux numériques. La blockchain sera une force de changement positif sur les marchés financiers et l’économie réelle“.
En seconde position nous allons retrouver le domaine de la distribution des biens et des services, cela va effectivement permettre une optimisation des processus et de l’expérience client.
Les entreprises françaises doivent faire des choix judicieux et stratégiques pour élire la Blockchain qui va correspondre aux activités souhaitées. Ces dernières vont se tourner principalement vers trois Blockchains : Bitcoin pour la traçabilité des opérations, Ethereum pour les smart contracts et Tezos pour son mode de gouvernance décentralisée.
Les priorités des entreprises semblent être en phase avec les capacités intrinsèques de la Blockchain et montrent un réel besoin de gagner en sécurité face à la menace cyber grandissante :
Enjeux et perspectives d’avenir
Malgré ce cadre idéal, la Blockchain doit tout de même faire face à quelques difficultés. En effet, l’attrait des investisseurs pour ce secteur naissant reste encore une problématique de premier plan. Les budgets alloués à la Blockchain ont explosé mais reposent sur un financement traditionnel avec l’utilisation de monnaies fiat du fait de l’impossibilité d’utiliser les cryptomonnaies pour faire face aux dépenses de la société.
Après plusieurs années de recherche et développement, il est maintenant temps de passer à la commercialisation, c’est alors que l’on doit faire face aux plus grands défis. En premier plan nous allons retrouvé le manque de maturité du secteur à l’origine de la méconnaissance des acteurs externes. Ce sera aussi la conséquence des réticences internes notamment au sujet de l’évaluation de la rentabilité estimée, convaincre la direction des différents département reste l’un des enjeux majeur de l’instauration de la Blockchain.
Malheureusement, l’écosystème reste trop petit et ne peut pas s’appuyer uniquement sur le marché français, il doit trouver la capacité de s’exporter à l’étranger. La France doit ainsi s’appuyer sur ses secteurs de prédilections en développant la Blockchain dans l’immobilier, l’énergie, les télécommunications, le luxe…
“L’impact de la blockchain dans le secteur du luxe peut être subdivisé en 2 parties : en amont de la fabrication du produit, où le caractère infalsifiable des données est une garantie pour le client quant à la provenance des composants et matériaux tracés via la blockchain ; en aval de la vente, où la technologie blockchain permet un suivi anonyme et infalsifiable de la revente et de l’entretien des pièces, ce qui est porteur de valeur sur le marché de la seconde main“, explique Guillaume Boilot, Chief Opérating Officer chez Vacheron Constantin.
Nous semblons emprunter la bonne voie puisque près de 50% des entreprises qui n’ont pas encore développé de projets Blockchain, prévoient de les initier dans les prochaines années à venir.
La France à certes pris une avance considérable dans la mise en place d’un cadre réglementaire innovant et adapté aux spécificités de la Blockchain mais nous avons de ce fait pris du retard dans la mise en place effective de la technologie. La régulation ne doit pas aujourd’hui passer avant l’exécution et la croissance, il est primordial de trouver une collaboration et une inertie bénéfique. Il faut donc se réinventer et fournir des moyens aux entreprises afin qu’elles puissent dépasser ces obstacles et se concentrer sur le développement de la Blockchain.
Un écosystème dynamique et innovant, des financements adaptés, une réglementation adaptée et une meilleur pédagogie seront surement les clefs de la réussite pour un développement de la Blockchain viable sur le long terme.
Source : pwc.fr
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Romaric Saint Aubert
Crypto-journaliste
