Joe Biden avait commandé un rapport le 9 mars 2022 afin d’obtenir des recommandations pour protéger les consommateurs, les investisseurs et les commerces. Cela dans le but d’avoir une meilleure stabilité financière tout en renforçant la sécurité nationale et la protection de l’environnement. Le rapport contient certaines erreurs notamment à propos du minage de crypto et de son effet sur le climat. Un spécialiste des cryptomonnaies a relevé 9 incohérences que nous allons vous présenter aujourd’hui.
Le premier rapport de la maison blanche sur les cryptomonnaies
Le 16 septembre dernier, la maison blanche a enfin publié son rapport commandé en mars 2022. Dans cette note qui va servir de directive pour encadrer le secteur des cryptomonnaies on compte 7 grands axes. On trouve ainsi de manière non exhaustive, la lutte contre le financement illicite, le renforcement du leadership américain ou encore la volonté de favoriser la stabilité financière.
Ce rapport a donc été établi dans le but de proposer des solutions concrètes aux problématiques que peuvent poser les cryptomonnaies. Une grande partie est également dédiée à la question climatique. En effet, les actifs numériques Proof of Work, et plus particulièrement le Bitcoin sont souvent critiqués pour leur grosse consommation énergétique. A titre d’exemple, la consommation annuelle du Bitcoin en 2021 était estimée à 130 TWh (terra watt heure). Alors que celle de toute la ville de Paris était estimé à 30.8 TWh. Ainsi la consommation annuelle du Bitcoin est plus de 4 fois supérieure à une ville de 14 millions d’habitants !
Le rapport souhaite que différents organismes collaborent ensemble pour peut être à terme endiguer cette consommation énergétique faramineuse. Cela laisse planner l’incertitude d’une possible interdiction du minage de crypto-monnaies aux Etats-Unis.
Top 9 des erreurs de la Maison Blanche à propos du crypto-mining
Nic Carter, le co-fondateur de CoinMetrics a lu le rapport en long en large et en travers. Il nous donne ici son analyse sur ce qui ne va pas dans le rapport de la Maison Blanche.
1- Le manque de données
Tout d’abord, le rapport a été critiqué pour son manque de données. Selon Nic Carter, le co-fondateur de CoinMetrics : “ce rapport est principalement une régurgitation de données présentées (et dans certains cas inventées) par des universitaires et des blogueurs.” Les auteurs auraient une connaissance et expérience limité dans le Proof of Work (PoW). Ils sont même accusé de paresse en plus d’éviter le débat autour de la question.
2- L’absence d’expert de l’industrie
Dans le rapport, de grands nos de l’industrie sont absents et n’ont pas participé à se rapport. D’après le maître de conférence Ross Steven et Nic Carter, des structures de l’industries tels que “Arcane Research, Bitcoin Mining Council et Bitcoin Net Zero ne sont pas prises en compte alors qu’elle sont au cœur du sujet“.
3- Mention du “meilleur ennemi du Bitcoin” Alex De Vries
L’économiste hollandais Alex de Vries est considéré comme l’ennemi public du Bitcoin. Il se retrouve cité dans le rapport alors que pour Nic Carter : ” Alex De Vries travaille pour la banque centrale néerlandaise “anti-crypto”. Ce n’est pas un expert du climat ni une autorité en matière de minage de cryptomonnaie“. Pour le co-fondateur de CoinMetrics, les analyses et chiffres de De Vries sur la consommation d’énergie du Bitcoin et les déchets électroniques sont erronés. Cependant il est intéressant de savoir que l’économiste hollandais avait été l’un des premiers à alerter sur la surconsommation énergétique des cryptomonnaies.
4- Mention de Gallerdörfer, Klaaßen et Stoll
De plus, Nic Carter critique la consultation des travaux “non académiques” et “conflictuels” d’Ulrich Gallersdörfer, Lena Klaaßen et Christian Stoll, qui “tirent en fait profit de leurs efforts académiques avec un cabinet de conseil appelé Crypto Carbon Ratings Institute (CCRI)“, aidant ainsi les “blockchains Proof of Stake à blanchir leur réputation“. C’est donc un conflit d’intérêt que l’on reproche ici au rapport de la Maison Blanche.
5- Le recours à des rapports “absurdes”
Le rapport de Camilo Mora nous dit que “Les émissions du bitcoin seules pourraient pousser le réchauffement climatique au-dessus de 2°C”
Pour Nic Carter, c’est à nouveau un point faible du rapport. L’étude “suppose un modèle de bitcoin (BTC) qui n’a aucun rapport avec le bitcoin du tout, et obtient un résultat évidemment erroné.”
6- Une approche conflictuelle de l’utilisation de données
Même s’ils reconnaissent le manque de données et l’incertitude de ses estimations, le rapport présente les “suppositions de personnes comme De Vries comme des faits en plus de citer des chiffres erronés”. Comme l’a ajouté Carter : “Dans les endroits où nous pourrions disposer de modèles raisonnablement bons, comme l’estimation de la consommation énergétique future de Bitcoin (…), ils refusent de faire une estimation. Même si le rapport met l’accent sur les lacunes en matière de données et souligne les limites épistémiques de ce sujet, les auteurs ne se laissent généralement pas décourager et poursuivent leurs affirmations” :
7- “Pas d’effort” de la part des mineurs qui utilisent des énergies renouvelables
Le rapport décrédibilise les efforts des mineurs pour décarboniser leurs opérations. Notamment en “rejetant l’atténuation des gaz de torche, en prétendant que l’utilisation des énergies renouvelables fait obstacle à la transmission, et en ne créditant pas les mineurs pour subventionner un développement des énergies renouvelables” a déclaré Nic Carter.
8- Ne prends pas en compte les prévisions de la trajectoire énergétique du Bitcoin
Des modèles prévisionnels de la consommation énergétique du Bitcoin ont été fournis par l’industrie. En outre, le rapport à décider de ne pas en tenir compte. Le rapport ne propose pas non plus d’alternative, ni de prévision. Cela laisse donc le champ libre à l’imagination puisqu’il n’y a aucune donnée de fournie.
9- Des suggestions “stupide et contre-productives”
Finalement, Carter critique les recommandations qui obligent les mineurs de Bitcoin à “nouvelle génération nette d’énergie renouvelable pour pouvoir exploiter des mines“. Il ajoute que cette obligation n’a aucun sens puisqu’elle n’existe dans aucun autre secteur que celui des cryptomonnaies.
Un parti pris très affirmé pour les cryptomonnaies
Il convient de nuancer ces 9 critiques du rapport. Etant donné que Nic Carter est le co-fondateur de CoinMetrics, il défend donc les intérêts des cryptomonnaies. En effet, il a tout intérêt à ce que la Maison Blanche ne régule pas trop le secteur en terme d’écologie. Plus de restrictions en termes d’écologie est souvent synonyme de moins de profits.
On a vu que l’Ethereum qui est passé au Proof of Stake et qui est donc devenue 99 % moins énergivore n’a vu sa valeur que chuter depuis. Cependant nous sommes qu’au début de The Merge, le cours n’est donc pas représentatif.
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Romaric Saint Aubert
Crypto-journaliste
