
Sur la planète crypto, chaque jour amène son lot de nouvelles au sujet de l’affaire FTX. Il y a une semaine, on apprenait que Sam Bankman-Fried (SBF), le CEO déchu, était libéré contre une caution de 250 millions de dollars.
Ce matin, BowTiedIguana révélait que ce même SBF aurait cette semaine, encaissé 684 000 dollars de crypto-monnaies sur un crypto wallet nouvellement créé, dont une partie proviendrait d’adresses publiques d’Alameda. De plus, ces deux nouvelles ne sont qu’une infime partie du flot d’informations qui tombent quotidiennement au sujet de cette affaire.
Le but, pour les autorités publiques, à en croire leurs dernières manœuvres dans cette affaire, serait de récupérer un maximum d’actifs du patrimoine de SBF pour se garantir une petite liberté de mouvement dans le dédommagement de toutes les parties, une fois l’enquête terminée. Cela semble avancer, puisqu’on vient d’apprendre une saisie de taille opérée par les autorités bahamiennes.
Les Bahamas, un paradis devenu l’enfer de SBF
Toute la difficulté est là pour les enquêteurs américains. SBF avait des sièges sociaux, des comptes et des actifs, absolument partout. Néanmoins, il semble que les Bahamas occupaient une place particulière dans son cœur, à en croire le patrimoine qu’il y avait entreposé, composé de liquidités, crypto-monnaies, d’immobilier et de sociétés. Cela ne doit plus être le cas aujourd’hui. Son arrestation avait déjà été menée en grandes pompes par les autorités bahamiennes, sans parler de toutes les saisies qui avaient suivi sur l’archipel.
Crypto Team of the Year is the Securities Commission of the Bahamas ??
They used their enforcement powers to rescue $3.5 billion of customer assets controlled by FTX
The feckless US gave SBF house arrest and Internet access which allowed him to embezzlehttps://t.co/l71ZbdV3Wp pic.twitter.com/h8L6xFX5qK
— BowTiedIguana (@BowTiedIguana) December 30, 2022
Et au sujet de ces saisies, il semble que la Commission des Valeurs Mobilières Bahamienne ait réussi un joli coup en mettant la main sur 3,5 milliards d’actifs numériques, peu après avoir mis en faillite une filiale de FTX, nommée FTX Digital Markets.
Lors de son arrestation aux Bahamas, SBF avait tout de suite fait part de ses inquiétudes quant à une potentielle cyberattaque de FTX. Les autorités, sous couverts de protéger les fonds pouvant servir à un éventuel dédommagement des victimes de l’affaire, avaient immédiatement bloqué cette somme, d’après un communiqué du 29 décembre.
Malgré cette précaution, près de 400 millions de dollars avaient disparu de l’exchange juste après sa mise en faillite. On ne connaît pas encore les modalités d’une telle fuite de capitaux, mais grâce à la transparence des blockchains, nul doute que les enquêteurs parviendront à identifier la provenance de ces vols.
L’investissement en crypto-monnaies est proposé par eToro (Europe) Ltd en tant que PSAN, enregistré auprès de l’AMF. Les crypto-monnaies sont très volatiles. Pas de protection des consommateurs.
Une enquête tentaculaire
Le volet judiciaire de l’affaire FTX alimentera sans doute encore longtemps l’actualité. L’enquête ouvre chaque jour de nouvelles pistes et fait face à de nouvelles révélations. Toute la complexité du dossier réside dans le fait que les crimes s’établissent à travers des juridictions totalement différentes à travers la planète.
En ce qui concerne les Bahamas, la Commission a déclaré vouloir garder ces 3,5 milliards de dollars d’actifs numériques sous son contrôle exclusif. Cette enveloppe, qui servirait de compensation à certains créanciers et clients ayant perdu leurs fonds, n’est pas vue d’un bon œil par l’intégralité des parties à dédommager, surtout après les dires du CEO actuel de FTX, John Ray, qui déclarait, en commentaire de cette saisie record par la Commission Bahamienne, que les clients américains seraient à priori mieux dédommagés que les autres.
Ainsi, si vous étiez clients de FTX sans être américain, et que vous avez perdu des fonds dans la chute de l’exchange, il y a fort à parier que votre dédommagement soit symbolique, ou en tout cas bien inférieur à celui des clients américains. Ceci est le résultat de la pression exercée par les autorités de contrôle américaines sur les institutions bahamiennes, qui n’ont pas d’autres choix que de favoriser leurs voisins, même en demeurant souverains quant aux filiales bahamiennes de FTX et aux actifs saisis.
La question des remboursements égaux
Des constats qui vont à l’encontre des déclarations des avocats de FTX, qui déclarent n’accorder aucune confiance au gouvernement bahamien dans cette affaire, puisque ce dernier exercerait des rétentions d’informations, ces mêmes avocats peinant à obtenir les documents internes des filiales de FTX, ce qui constitue un droit fondamental pour préparer la défense de SBF.
On surveillera donc la manière dont les liquidateurs (bahamiens et américains) géreront le dossier. Il ne fait nul doute que le but est à présent de sauver les meubles et dédommager ceux qui peuvent encore l’être.
En revanche, une dose de mystère planera toujours sur cette affaire, et les gros titres ne font qu’alimenter ces spéculations autour de FTX et SBF. Par exemple, on peut se demander comment un homme, ruiné selon ses propres dires, parvient à rassembler 250 millions de dollars pour payer une caution qui se voulait pourtant dissuasive.
Retrouvez une rétrospective de l’année 2022 dans l’industrie des crypto-monnaies avec deux événements majeurs suite à la chute de Terra Luna puis la faillite de la plateforme d’échange FTX.