
Israël annonce avoir saisi près de 190 comptes de cryptomonnaies localisés sur l’exchange Binance depuis l’année 2021. Selon des documents publiés par le Bureau national israélien de lutte contre le financement du terrorisme (NBCTF), deux d’entre eux seraient liés directement à l’État islamique et des dizaines d’autres appartiendraient à des entreprises palestiniennes liées au Hamas.
Objectifs : “déjouer l’activité de l’État islamique”
Le Bureau national de la lutte contre le terrorisme explique sur son site web que l’objectif principal de ces saisies est de lutter contre les activités de l’État islamique. Couper les mauvaises herbes à la racine afin d’empêcher leur persistance, voilà la stratégie adoptée par l’exécutif israélien.
Cependant les documents de la NBCTF ne précisent nulle part le volume et la valeur des cryptomonnaies saisies, pas plus que les éléments de l’enquête permettant de lier l’État islamique à ces comptes d’ailleurs.
Binance Vs Reuters
Derrière cette annonce se cache un affrontement entre l’exchange Binance et l’agence de presse Reuters. En effet il y a peu de temps, Reuters s’interrogeait sur les politiques de conformités de Binance vis-à-vis de la lutte contre le financement du terrorisme par l’intermédiaire des cryptomonnaies. Cela vient s’ajouter à la série d’enquêtes menées par l’agence de presse l’année dernière. Celle-ci rapportait la négligence de Binance vis-à-vis des contrôles sur le blanchiment d’argent.
En réponse à cela, Binance publie un billet de blog ce jeudi 4 mai 2023 dans lequel il affirme que ses politiques sont conformes aux exigences de financement de la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme de l’AMLD5/6 :
Nous avons un programme de conformité robuste qui intègre des principes et des outils sophistiqués de lutte contre le blanchiment d’argent et les sanctions mondiales pour détecter et traiter les activités suspectes. Nous avons même des spécialistes au sein de notre équipe qui ont concentré toute leur carrière sur la lutte contre le terrorisme.
Binance ne se démonte pas et rétorque sèchement aux accusations de Reuters en expliquant que ce dernier laisse délibérément de côté des éléments essentiels afin de servir son propre récit. Binance déclare prendre ce sujet très au sérieux et affirme travailler de manière étroite avec les forces de l’ordre pour identifier les organisations illicites présentes sur le réseau :
C’est un sujet que nous prenons très au sérieux et nous voulons profiter de cette occasion pour remettre les pendules à l’heure.
Cependant, nous pouvons dire sans équivoque que nous avons travaillé en étroite collaboration avec les autorités internationales de lutte contre le terrorisme sur ces saisies.
Des activités incompatibles avec la blockchain
En effet la blockchain a pour vocation d’être à la fois transparente et publique, il est donc très difficile de transférer de grosses sommes d’argent sans que les utilisateurs ne s’en aperçoivent :
La nature immuable et publique de la blockchain fait de la cryptographie un mauvais choix pour le blanchiment d’argent parce qu’elle permet aux forces de l’ordre de découvrir et de retracer le blanchiment d’argent beaucoup plus facilement que les transactions en espèces.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la branche armée du Hamas a annoncée le 28 avril via son porte-parole, Hazem Qassem, ne plus collecter des fonds via le Bitcoin. Ils ont en effet remarqué “une augmentation des activités hostiles” contre leurs donateurs et souhaitent “les préserver de tout mal”.
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