Pour la première fois depuis 2020, le volume de transactions illicites effectuées sur la blockchain a diminué, passant de 39,6 milliards à 24,2 milliards de dollars, selon la société de statistiques crypto Chainalysis. Mais les stablecoins restent le véhicule favori des criminels.
L’état des lieux du crime crypto en 2023
La crypto criminalité perd du terrain. D’après les premiers éléments d’analyse du rapport annuel “Crypto Crime 2024”, rendus publics hier par Chainalysis, la valeur totale des transactions réalisées par des adresses identifiées comme illicites a enregistré un net repli en 2023, de l’ordre de 38%, en s’établissant à 24,2 milliards de dollars.
For the first year since 2020, illicit transaction volume fell, from $39.6B in 2022 to $24.2B. As always, these figures are estimates based on illicit addresses we’ve identified as of now. Read the blog for a breakdown of what we do and don’t count as illicit activity. pic.twitter.com/4Y6OAyL6Pt
— Chainalysis (@chainalysis) January 18, 2024
Cela reste un chiffre conséquent, qui s’explique par plusieurs facteurs. Les 8,7 milliards de dollars des créances de l’affaire FTX ont été intégrés au calcul, alors qu’ils ne l’étaient pas encore en 2022, alors que l’échange crypto venait de faire faillite, après la fraude de son ex-PDG, Sam Bankman-Fried. “Étant donné l’ampleur et l’impact de la situation FTX, nous la considérons comme une exception à notre méthode habituelle on-chain”, précise Chainalysis. Les données excluent également les activités criminelles payées grâce aux cryptomonnaies, mais tiennent compte des fonds volés via des hacks.
Toutes transactions confondues, le “crypto crime” ne représente que 0,34% des transactions sur la blockchain.
Les stablecoins, véhicule préféré des criminels
Mais alors que Bitcoin était la cryptomonnaie préférée des criminels pour opérer leurs activités illicites, jusqu’en 2021, la tendance s’est désormais clairement inversée depuis. Ce sont les stablecoins (USDT, USDC…) qui, dans plus d’un cas sur deux, sont impliqués. Et en particulier, pour contourner les entités ou les juridictions sous sanction, ou pour les arnaques.
Les émetteurs de ces stablecoins peuvent réagir. C’est le cas de Tether, l’émetteur de l’USDT, qui en décembre a gelé 161 adresses sous sanction de l’OFAC, l’Office of Foreign Asset Control. La société basée à Lugano, en Suisse, avait également fait grand bruit en conduisant un freeze de 255 millions de dollars qui appartenait à des trafiquants d’êtres humains en Asie du Sud-Est, en partenariat avec l’échange crypto OKX et la justice américaine.
Les vols de cryptos en baisse, mais plus sophistiqués
Chainalysis publiera dans les prochaines semaines le rapport complet sur l’activité criminelle en crypto. Mais d’ores et déjà, il apparaît que les arnaques et les hacks ont globalement diminué en 2023, respectivement de 29,2% et 54,3%.
Néanmoins, la société pointe du doigt l’ingéniosité des malfaiteurs, qui utilisent désormais des “romances hacks” qui consistent à nouer des relations avec leurs futures victimes, plutôt que de les hameçonner avec de fausses publicités. Des tactiques plus poussées, mais un marché en baisse pendant toute une partie de l’année : c’est peut-être ce qui explique cette baisse des scams. Autre explication : la sécurité des protocoles de DeFi qui se serait améliorée, rendant les piratages plus difficiles.
En revanche, les rançongiciels (ransomwares) et l’activité sur le marché du darknet repartent à la hausse, après une année 2022 qui s’annonçait pourtant comme prometteuse.
Source : Chainalysis.
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