Un employé de Binance aurait été licencié après avoir révélé les preuves d’une manipulation de marché de la part d’un client cher à son employeur. La plateforme rejette les allégations.
Licencié pour avoir dit la vérité
Selon un rapport du Wall Street Journal, Binance a licencié l’un des membres de son personnel qui a découvert une manipulation de marché de l’un de ses plus gros clients. Le client en question, DWF Labs, aurait procédé à des stratagèmes de pump and dump et de wash trading.
L’employé en question avait également signalé des activités similaires chez d’autres clients VIP. Les clients VIP de Binance sont les clients qui négocient plus de 100M$ par mois sur la plateforme.
DWF Labs aurait effectué pour plus de 4 milliards de dollars de trades entre début 2023 et aujourd’hui sur Binance.
Binance et DWF Labs nient les allégations
Sans surprise, Binance a rejeté les accusations du rapport :
« Il a été porté à notre attention qu’un article récent contient de nombreuses allégations que nous pensons infondées et qui ne représentent pas fidèlement nos pratiques commerciales éthiques […] Binance rejette catégoriquement toute affirmation selon laquelle son programme de surveillance du marché a permis la manipulation du marché sur notre plateforme », a déclaré un porte-parole de la plateforme.
L’employé et son équipe se sont ainsi retrouvés à la porte après avoir allégué que DWF Labs avait manipulé les prix du marché via des transactions d’une valeur totale de 300 millions de dollars en 2023.
In response to WSJ, we affirm our strict market surveillance program. We do not tolerate market abuse.
Over the last three years, we have offboarded nearly 355,000 users with a transaction volume of more than $2.5 trillion for violating our terms of use.
Market maker…
— Binance (@binance) May 9, 2024
La manipulation aurait eu lieu via le token YGG. En parallèle, Binance a déclaré ne « pas être au courant » des documents relatifs à DWF Labs. La plateforme a également affirmé qu’il s’agissait d’allégations « très préoccupantes ». De son côté, DWF a publié une annonce sur X :
« À nos précieux partenaires : Nous tenons à préciser que de nombreuses allégations récentes rapportées dans la presse sont infondées et déforment les faits. DWF Labs opère selon les normes les plus élevées d’intégrité, de transparence et d’éthique, et nous restons déterminés à vous soutenir, vous et nos plus de 700 partenaires à travers l’écosystème crypto. »
To our valued partners: We want to clarify that many recent allegations reported in the press are unfounded and distort the facts.
DWF Labs operates with the highest standards of integrity, transparency, and ethics, and we remain committed to supporting you and our over 700… pic.twitter.com/aydp1hoham
— DWF Labs (@DWFLabs) May 9, 2024
Binance joue-t-il (encore) avec le feu ?
Ce n’est pas la première fois que le bien fondé de Binance est remis en cause. Outre l’affaire CZ et sa récente condamnation, la plateforme avait, dans ses débuts, pour habitude de se jouer des règles et des lois encadrant les cryptos. En effet, au tout début de la vie de l’entreprise, les crypto-monnaies étaient très peu encadrées, et la plateforme l’avait bien compris.
Récemment, dans son livre Going Infinite, Michael Lewis revenait sur les pratiques douteuses de Binance peu de temps avant l’arrestation de SBF, l’ex-PDG de la plateforme FTX.
Selon lui, une équipe de trader dédiée s’évertuait à manipuler les prix des actifs de manière récurrente. Pire encore, Binance n’était pas le seul. Les traders de Jane Street et des autres plateformes crypto considéraient ces pratiques comme étant la norme.
Ainsi, le licenciement de l’enquêteur de chez Binance représente potentiellement un cas de tentative de faire bonne figure de la part de la plateforme. Toutefois, il semblerait que, cette fois, Binance ait eu une longueur de retard.
Sources : Wall Street Journal
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Romaric Saint Aubert
Crypto-journaliste
