Il y a quelques jours, Victoria Jacobs a écopé de 18 ans de prison ferme. Reconnue coupable de soutiens financiers à des groupes terroristes, c’est une enquête crypto complète qui a permis de la juger.
Un compte un peu suspect
Tout commence en 2019 lorsque les services de surveillance de la NYPD prennent connaissance d’activités suspectes sur un wallet. Celui-ci envoyait des sommes relativement faibles vers les wallets de groupes armés basés en Syrie. Le 5 septembre 2018, 212$ étaient envoyés.
Après investigation et grâce à Chainalysis, la NYPD conclut que le wallet appartient à une femme du nom de Victoria Jacobs. Les autorités poussent les recherches encore plus loin. D’autres transactions ressortent. Certaines sommes issues de la France et de la Suède ont été envoyées vers la Turquie, au sud du pays plus précisément. Montant total : 4,235.43$.
Les enquêteurs s’interrogent : d’où provient l’argent ? Qui est cette femme de 44 ans ? Victoria Jacobs ne travaille pas et possède un casier judiciaire avec 7 mentions, majoritairement pour des faits de violence. Rien ne pourrait laisser penser que Victoria Jacobs était liée à une affaire de blanchiment d’argent pour le compte de terroristes.
Des intentions sans preuves
La NYPD découvre que Victoria Jacobs possède plusieurs noms. L’un d’entre eux est Bakhrom Talipov. Les réseaux sociaux deviennent alors une source d’information précieuse pour les enquêteurs. Après recherche, ils trouvent plusieurs preuves accablantes pour Victoria Jacobs. Elle entretient des relations semi-romantiques avec des combattants jihadistes basés en Syrie et prône ouvertement son soutien à ces derniers sur les réseaux.
Après avoir remonté ses e-mails, les autorités découvrent plusieurs messages concernant des transactions via MoneyGram, Western Union, MetaBank et divers distributeurs Bitcoin. Face au nombre d’éléments dans les mains des enquêteurs, l’arrestation de Victoria Jacobs a lieu en 2022. Les autorités saisissent plusieurs téléphones, crypto wallets et armes blanches.
Cependant, ces éléments à eux seuls ne permettent pas d’inculper Victoria Jacobs pour financement du terrorisme. Le rôle de Chainalysis est alors devenu crucial et déterminant dans l’affaire.
La Blockchain comme argument
Durant la perquisition, les enquêteurs retrouvent des seedphrases dans les affaires de Victoria Jacobs. Plusieurs échanges par messages, demandes d’argent et autres données sensibles ont permis d’établir le lien entre l’inculpée et les wallets trouvés plus tôt. Cependant, la NYPD manque de preuves recevables devant un tribunal.
Chainalysis a ainsi permis d’établir que Victoria Jacobs était bel et bien aux commandes des wallet clusters en cause dans les échanges entre elle et les terroristes. Victoria Jacobs sera donc jugée pour « avoir utilisé des crypto-monnaies pour financer des groupes terroristes basés en Syrie » et blanchiment d’argent, selon le jugement rendu il y a quelques jours.
« Victoria Jacobs était complètement immergée dans les écosystèmes terroristes en ligne, collectant et blanchissant des milliers de dollars et fournissant des instructions de fabrication de bombes et des couteaux illégaux pour des groupes terroristes syriens », a déclaré le procureur Bragg. « Depuis la sécurité de son appartement de Manhattan, elle a permis à ces groupes d’accéder aux marchés financiers de notre ville afin de les aider à poursuivre leur mission. »
Le 30 avril 2024, Victoria Jacobs, alias Bakhrom Talipov, est condamnée à 18 ans de prison d’États par un jury de la Cour suprême de l’État de New York pour sollicitation et soutien à un acte de terrorisme, blanchiment d’argent et possession criminelle d’une arme, entre autres.
Sources : Jugement du procès de Victoria Jacobs, Chainalysis Links 2024
Sur le même sujet :
- 13 entreprises sanctionnées pour non-respect de l’embargo crypto avec la Russie
- Le Hamas a-t-il été financé en cryptomonnaies ?
- Tornado Cash : le développeur prend 64 mois de prison