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Rencontre avec Noé Giglio, co-fondateur de la première société d’investiessement privée crypto en France

Charles Ledoux
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Noé Giglio est un jeune franco-bésilien de 18 ans qui a co-fondé la première société d’investissement privée spécialisée dans la crypto et le web 3 en France. En effet, White Loop Capital a permis à 5 projets crypto de lever plus de 2 millions d’euros en fonds d’investissements privés. 

Également membre d’Ethereum France, il a aussi travaillé en tant qu’ambassadeur d’Ocean Protocol. Il participe également à l’éducation de cette nouvelle technologie en supervisant le Master en ligne Binance & Founderz et en créant l’Ocean Academy. 

Découvrez Noé et White Loop Capital, son avis sur l’industrie, la réglementation en France et en Europe et bien plus : 

Avant toute chose, comment et quand as-tu découvert la crypto ?

J’ai découvert la crypto en 2019, à travers ma passion pour la cybersécurité et la vie privée en ligne : difficile de passer à côté du Bitcoin (en premier lieu) lorsqu’on s’intéresse à ces sujets.

En 2021 tu décides de co-fonder la société White Loop Capital. Peux-tu nous raconter avec qui tu l’as créé, comment vous vous êtes rencontrés et d’où vous est venu cette idée ? Avec quels objectifs avez-vous décidé de créer WLC ?

J’ai cofondé White Loop en 2021 avec deux amis, Hugo Panczak et Xavier Jeanmonod. On s’était rencontrés quelques mois auparavant sur un groupe de discussion autour de l’investissement en crypto : tous les trois passionnés par l’écosystème, on analysait tous les fondamentaux de projets crypto, et, peu à peu, on s’intéressait tous les trois aux stades d’investissement avant le marché public. En découvrant peu à peu ce monde là, le rôle des fonds et business angels, en essayant nous aussi d’y prendre part tant bien que mal et de construire une certaine expérience, on a voulu professionnaliser la chose. On a d’abord voulu partir de ce groupe déjà existant et le faire évoluer, mais nous n’étions pas les administrateurs et seuls membres, et suite à des désaccords sur le fait de faire évoluer ce groupe en entreprise, on a décidé de se lancer ensemble de notre côté.

Vous avez donc récolté près de 2 millions pour 5 projets différents, dont Ledger. Vous semblez mettre un point d’honneur à vraiment choisir les meilleurs projets possibles en étant très méticuleux. Peux-tu nous dire quelles sont vos exigences particulières lorsque vous recevez un deck ou un projet ? Quels sont les aspects les plus importants à réunir pour un projet web 3 durable selon toi.

Lorsque l’on analyse un projet, une startup, bien que l’on ait certains critères de notation précis avec des pondérations différentes, il y a aussi une grande part qui relève de l’expérience, de l’appréciation personnelle (qui peut être biaisée, mais c’est pour cela que plusieurs personnes sont impliquées dans ce processus), de par la nature récente de l’industrie et du stade d’investissement qui se situe très tôt dans la vie des startups : c’est avant tout une idée, une équipe et un plan, contrairement à des stades plus tardifs où on peut (et on doit) se baser davantage sur des données financières concrètes.

L’aspect le plus important selon moi, pour rester général, est l’équipe, et surtout le dirigeant. Tout le monde n’est pas capable d’avoir une direction claire, de prendre les décisions difficiles au bon moment, de travailler plus que les autres, de se sentir responsable et de chérir son projet.

Vous faites donc du Venture Capital, soit de l’investissement à risque. Vos tickets d’entrée sont de 100K minimum c’est bien cela ? De nouveaux projets comme Blast.Club ou Tudigo prennent  un chemin différent en proposant des tickets d’entrée à 1000 euros. Est-ce que ce genre de crowdfunding vous intéresse ou vous ne comptez pas vous lancer dans ce genre de modèle ? 

Tout d’abord, White Loop n’est pas une plateforme publique, un prestataire de services de financement participatif ou autres. Nous sommes un club d’investissement privé, avec un cercle d’associés (personnes morales ou physiques) très restreint. Ces associés, sélectionnés sur candidature, constituent un réseau très qualitatif de personnes aux parcours, métiers et âges variés, mais avec un intérêt commun pour l’investissement : professeurs de finance, gestionnaires de sociétés immobilières, gérants de galeries d’arts, entrepreneurs, développeurs…

Depuis quelques mois, White Loop propose un service de gestion de portefeuille permettant de s’exposer à nos investissements. Ce service est exclusivement à destination d’institutionnels et d’investisseurs qualifiés. White Loop n’a pas pour objectif de s’adresser au grand public directement pour le moment, mais peut envisager de travailler avec d’autres sociétés qui le feraient à travers leurs services.

C’est d’ailleurs un peu ce que proposent les launchpad ou les ICO, IDO… En quoi êtes-vous différents de ces plateformes ? Quels services ou garanties vous offrez à vos investisseurs ? 

Même si cela peut se ressembler à première vue, White Loop est très différent des launchpads ou plateformes d’ICO/IDO : tout d’abord, ces plateformes sont publiques et s’adressent à tous, ce qui n’est pas du tout notre cas. Puis, nos investissements s’effectuent lors de levées de fonds privées, qui sont effectuées avant toute introduction sur marché public. Dans le cas de l’acquisition de parts d’une société, celle-ci peut parfois ne jamais s’introduire sur le marché public, et simplement être rachetée par une autre ou effectuer une autre levée permettant aux investisseurs précédents de vendre leurs parts.

Les ICO ont connu leur plus bas historique en août dernier alors que les launchpads continuent de croître. Tu as déclaré dans un live twitch qu’il y avait des journées à 18 heures de travail et des périodes creuses.  Peux-tu nous décrire ce que tu fais généralement dans une journée de 18 heures chez WLC ?

Je m’occupe principalement de tout ce qui est lié aux affaires et aux relations de la société : mon rôle est de trouver et saisir des opportunités quelles qu’elles soient, d’analyser et de mettre en oeuvre les opportunités d’investissement, de réseauter et me renseigner, de chercher et schématiser des opportunités de croissance et de diversification pour White Loop (services, filiales…). Mais j’ai au final un rôle qui, même s’il reste axé Business Development, peut parfois être assez polyvalent puisque je suis aussi avant tout dirigeant, ce qui exige de sortir souvent de sa zone de confort.

Les journées les plus chargées ont souvent lieu lorsqu’une opération d’investissement est mise en place, que la fin d’année approche, qu’on expérimente de nouveaux potentiels services pour la société et tout ce qui s’ensuit.

Est-ce une période calme ou riche en projets innovants et en levées de fonds ? Tu as également déclaré que les deux sujets principaux qui reviennent dans l’industrie actuellement sont la DeFi et les Rollups. Selon toi, quels projets pourraient “changer le game” ?

On sort d’une période assez calme pour l’écosystème et pour notre industrie, la plupart des acteurs institutionnels sont encore attentistes. Je pense qu’au-delà de l’aspect macroéconomique, beaucoup ont été mis au défi (comme à chaque récession) au niveau de leur croyance et de leur vision pour l’industrie crypto. Les trois sujets qui reviennent souvent sont évidemment la DeFi, qui ne cesse d’innover et d’évoluer, les rollups, mais aussi beaucoup les RWAs, qui amène des actifs du monde “traditionnel” (immobilier, bons au trésor, propriété intellectuelle…) sur la blockchain. C’est à mon avis le sujet le plus bouillonnant actuellement et le plus intéressant pour les institutionnels.

Chez les VC traditionnels, généralement ils reçoivent un deck. Dans le web 3 il y a le whitepaper, la tokenomics et bien plus. Peux-tu nous expliquer comment la tokenomics joue un rôle dans votre prise de décision. Comment l’examiner ?

En réalité, les VC aux verticales plus “traditionnelles” opèrent de manière assez similaire dans le processus d’analyse et de décision, seuls les documents analysés changent, car certains sont propres à un secteur (dans notre cas, la crypto, on a les “tokenomics”, mais en réalité il s’agit presque simplement d’une extension du modèle économique de la société). Le rôle et l’importance de cette “tokenomics” (modèle économique du jeton) vont varier en fonction du moment où l’on investit : plus on arrive tôt, moins cela a d’importance (contrairement à l’idée, la vision et l’équipe) car c’est de toute façon voué à changer et évoluer en concertation avec les advisors et autres VCs.

vc crypto investissement

Une fois le projet choisi, vous accompagnez également l’équipe dans le processus. Comment accompagnez-vous les projets concrètement ? 

Il y a tout d’abord évidemment l’aspect financier : nous investissons, et contribuons donc financièrement. Puis, de manière assez classique, le conseil : nous sommes présents dans cette industrie depuis de nombreuses années et l’avons explorée en profondeur, avons des parcours et expériences différentes, ce qui nous permet d’apporter un point de vue extérieur et avisé.

Au delà de ces deux points communs à la plupart des investisseurs, nous accompagnons les startups entre autres sur les sujets juridiques et de conformité (notamment concernant la France et l’Europe), sur les sujets de relation publique et de communication (mise en place de campagnes d’influence, de médiatisation…), sans parler de la mise en relation, point où nous avons concentré notre attention pour être en mesure de connecter nos startups à tous les partenaires dont celles-ci pourraient avoir besoin.

Et pour les investisseurs, il y a ce que l’on appelle la période de vesting. Peux-tu nous parler de ce processus et comment il fonctionne et les risques qu’il peut avoir en marge du lancement officiel du jeton ?

Les investisseurs professionnels (fonds, business angels), l’équipe et d’autres acteurs peuvent être encadrés par une période dite de “vesting” lorsque des jetons sont vendus. Cette période, qui commence après la TGE (création du jeton), permet la distribution progressive (sur une durée déterminée) de ces jetons aux investisseurs (par exemple, linéairement sur 36 mois). Ce système fait en sorte que tout le monde ne reçoive pas tout en même temps, permet un meilleur lancement sur le marché public et donc finalement réduit la pression vendeuse.

Tu as déclaré qu’à WLC, une grande partie s’axé sur la réglementation. Peux-tu nous dire à quels types de réglementations vous faites face ? Et que penses-tu de la réglementation actuelle en Europe ?

White Loop étant une société française, dans un secteur aussi jeune que les crypto-actifs et dont la réglementation s’écrit et évolue constamment, nous sommes obligés de consacrer une grande partie de nos efforts sur ces sujets, non seulement pour être en règle, mais pour atteindre la perfection sur ces aspects. La réglementation française a pour mérite d’être plus complète et claire que dans beaucoup d’autres pays, où les aspects “avantageux” relèvent souvent simplement d’une absence de texte. De plus, tout est question de compromis : se tourner vers des pays plus laxistes signifie souvent se fermer certaines portes en termes de partenaires et d’image. Le plus important pour la France et l’Europe sera de continuer d’œuvrer à la rédaction de ces textes en collaboration étroite avec les acteurs concernés par ceux-ci.

Avant de te lancer dans la crypto et l’économie, tu voulais aller vers la cybersécurité. C’est d’ailleurs un point de plus en plus critique dans la DeFi avec la recrudescence de hacks. Quel est ton point de vue sur la situation à ce niveau là ? Penses-tu que l’IA pourrait permettre de réduire ce genre de risques ? 

Je ne me considère pas suffisamment expérimenté en cybersécurité, surtout en cybersécurité axée DeFi, pour pouvoir donner un point de vue très riche et avisé. Mais pour donner un retour plus généraliste, je pense que les hacks font partie intégrante de notre monde, et d’autant plus dans la crypto de par la nature irréversible et transparente de la blockchain. Il n’y a pas moyen d’annuler un transfert ou d’étouffer une affaire comme c’est souvent fait dans le monde “traditionnel”. L’objectif est simplement de perfectionner les normes de développement, démocratiser et optimiser les assurances décentralisées, et comme toujours, d’innover.

Concernant l’IA, il est évidemment très tôt pour se prononcer, mais je pense qu’elle sera et est déjà utile pour ce qui est détection de menaces, de transactions suspectes etc.

C’est Eric Larchevêque qui déclarait qu’investir dans le web 3 était actuellement compliqué et encore plus risqué. Sur quoi l’industrie devrait se focaliser selon toi pour réduire le gap en 2024 ?

La crypto est et restera une classe d’actif risquée pendant longtemps, même s’il faut distinguer les cryptos (et les cryptos entre elles) des boîtes de ce secteur, qui elles peuvent être plus ou moins risquées. Globalement, il s’agit d’une industrie naissante, en pleine ébullition, et dans une stratégie globale et plus patrimoniale, risquée.

Il n’y a à mon sens pas de focus particulier si ce n’est de continuer d’évoluer, de prendre en maturité et en reconnaissance.

De nombreuses personnes sur les réseaux ont déclaré qu’une migration des L2 vers Ethereum commençait à se préparer. Selon eux, Ethereum deviendra le seul et unique L1 avec des centaines de projets L2 construits dessus. Partages-tu cette opinion ?

Ethereum est une très bonne blockchain, avec un très bon modèle économique et quantité d’applications pertinentes, mais c’est aussi une caisse à outils avant tout : on peut construire ce que l’on souhaite par dessus. Il est à mon avis sain et intéressant d’avoir des L2 sur Ethereum, c’est d’ailleurs le focus de la roadmap d’Ethereum même. Je souhaiterais simplement voir davantage de L2 spécialisés plutôt que généralistes.

Penses-tu que les Appchains seront essentielles dans le développement de l’écosystème ? Et quels sont les besoins spécifiques les plus urgents à optimiser dans l’industrie selon toi ?

Oui, c’est typiquement ce à quoi je fais référence et ce que je pense essentiel. Évidemment pas que des appchains propres à une application, mais plutôt des appchains pour des cas généraux et utilisables par plusieurs projets, c’est essentiel.

Concernant les besoins dans l’industrie de manière plus large, je pense qu’il faut se concentrer davantage sur les applications et l’utilisateur, plutôt que de se focaliser en majorité sur l’infrastructure, mais je conçois qu’il existe plusieurs écoles sur ce sujet.

Noé Giglio aura su se lancer très tôt dans l’entrepreunariat. Sa passion pour l’industrie le pousse, lui et ses amis, à accompagner les meilleurs projets web 3 du moment. Malgré un écosystème relativement calme, White Loop Capital se tient prêt à contribuer à l’évolution de l’industrie. 

Selon Noé, il faut se concentrer sur l’innovation et les utilisateurs pour accélérer le développement et l’adoption. De plus, il ajoute que les RWA sont en passe de devenir le sujet incontrounable en 2024. 


Source : Interview de Noé Giglio  (co-fondateur), White Loop Capital.


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Charles Ledoux

Charles Ledoux

Charles Ledoux est un rédacteur pour Cryptonaute avec une expertise pour les crypto-monnaies et la technologie blockchain. Grâce à sa formation dans la « Crypto-Academy » du célèbre YouTubeur Pompliano, il a pu passer un mois à se former avec les meilleurs spécialistes de l’industrie des crypto-monnaies. C’est en observant des similitudes frappantes entre la permaculture et la technologie du Bitcoin qu’il a réussi à avoir une perspective et une expertise rare sur la technologie et son fonctionnement.

Après avoir écrit son premier livre à 10 ans et plusieurs autres ouvrages depuis, Charles met désormais en pratique son talent d’écrivain pour apporter le meilleur contenu possible aux lecteurs de Cryptonaute. Après avoir rencontré des dizaines d’acteurs majeurs de l’industrie et s’être créé un réseau de centaines de builders web 3, il apportera de nombreux contenus originaux comme des interviews, ou encore des enquêtes exclusives. En plus de son expertise technique sur la technologie blockchain, Charles permettra aux lecteurs d’être au “cœur” de l’industrie crypto.

Déterminé à créer le meilleur contenu possible, il a également le souhait de relayer des informations exclusives qui apportent de la véritable valeur ajoutée à l’industrie florissante des médias crypto.

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