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La Banque des Pays-Bas souligne les bénéfices d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) à laquelle elle consacre une étude détaillée. Elle se dit en outre prête à jouer un rôle moteur en Europe en cas d’expérimentation.
Les banques centrales européennes poursuivent leur montée en compétences sur la question des monnaies numériques. En février, la Suède lançait par exemple un pilote pour sa monnaie nationale (e-krona). Le mois dernier, c’est la banque d’Angleterre qui ouvrait un débat public sur la CBDC.
La banque centrale des Pays-Bas mène elle aussi ses propres travaux. Elle vient d’ailleurs de livrer un rapport détaillé sur la monnaie digitale de banque centrale. La DNB (De Nederlandsche Bank) y détaille les objectifs, conditions préalables et choix de conception d’un tel instrument monétaire.
Le déclin de l’argent liquide légitime un débat sur la CBDC
Et si les Pays-Bas, comme la Suède notamment, s’intéressent de près au sujet, c’est pour une raison principale : le déclin des espèces comme moyen de paiement. La banque centrale souligne que cette tendance est affirmée dans le pays.
Le cash n’est plus roi. En conséquence, les citoyens et les entreprises utilisent de moins en moins l’argent émis par les banques centrales pour payer leurs achats,” relève-t-elle.
Le déclin de l’argent liquide, et donc en parallèle de la place d’une banque centrale, amène celle-ci à s’interroger sur l’opportunité d’une CBDC.
L’annonce de Libra par Facebook, qui a récemment revu ses ambitions à la baisse, est une autre raison justifiant l’étude des CBDC, reconnaît par ailleurs la DNB. Pour ces différents motifs, la banque centrale revendique une « attitude positive à l’égard des CBDC ».
Son introduction pourrait favoriser le bon fonctionnement du système de paiement. Par exemple, la CBDC pourrait servir de sauvegarde pour les paiements effectués en monnaie privée, étant donné que nous devenons extrêmement dépendants de l’argent privé dans un système de paiement qui se numérise rapidement,” met-elle en avant.
Des mesures pour contrôler la circulation de la CBDC
La Banque des Pays-Bas ne méconnaît pas les risques liés à la CBDC cependant. En cas de crise financière, une monnaie de ce type pourrait en effet contribuer à accélérer la faillite d’une banque. Citoyens et entreprises tendraient alors à convertir leurs soldes auprès des banques privées en CBDC.
« Il est donc crucial que des mesures soient prises pour contrôler la quantité de CBDC en circulation » prévient à ce titre l’autorité néerlandaise. Cette dernière fait en outre plusieurs propositions relatives à la conception et au fonctionnement d’une monnaie numérique.
La De Nederlandsche Bank propose par exemple que les entreprises privées développent des applications à destination des ménages et des entreprises pour les paiements en CBDC. L’adoption, au profit de la CBDC, de technologies conçues par des acteurs crypto est une autre de ses préconisations.
La Banque des Pays-Bas appelle donc à « un débat politique plus approfondi sur la CBDC », à l’échelon national, mais surtout européen. Les Etats où les espèces restent très utilisées tendent à demeurer aujourd’hui éloignés de ce sujet.
Le débat doit être mené plus largement dans la zone euro, étant donné que c’est l’Eurosystème qui décidera de l’introduction potentielle de la CBDC. Des réglementations européennes supplémentaires pourraient également être nécessaires,” souligne la DNB.
Celle-ci indique à ce titre que les Pays-Bas sont prêts à jouer un rôle de premier plan en Europe. Ils « constituent un terrain d’essai approprié pour une telle expérimentation » conclut la banque centrale néerlandaise.