
Si désormais 51% de la population française a connaissance de la crypto-monnaie, seuls 14% manifestent un intérêt à son égard. Son utilisation, d’abord comme moyen d’investissement, est ainsi réservée aux jeunes Français aisés.
D’après un récent sondage, 3,86% de la population britannique possèdent des crypto-monnaies. Une enquête d’ING datée de 2018 évaluait cette proportion en France à environ 6%. Depuis, l’adoption a nettement progressé selon l’étude « Cryptocurrencies and the Future of Money. »
La connaissance de ces actifs a pourtant, elle, peu évolué sur un an. Ainsi, 51% du panel de Français déclarent avoir entendu parler des crypto-monnaies. En revanche, l’intérêt a fortement augmenté. Il aurait même doublé en l’espace d’un an. Ils seraient 14,3% à détenir de tels actifs numériques.
La crypto-monnaie, un placement pour jeune Français fortuné
Cette adoption est toutefois loin d’être généralisée dans la population. En effet, l’acquisition de crypto-monnaies paraît d’abord réservée à une frange aisée des Français – jeunes en outre (moins de 34 ans). La possession de crypto avoisine les 70% parmi ceux dont le revenu annuel dépasse les 300.000 euros.
Elle décroît ensuite avec ces mêmes revenus. Ainsi, parmi les Français dont la rémunération est inférieure à 60.000 euros, le taux de possession en crypto chute à 6% – et à 4% pour la tranche de Français gagnant moins de 20.000 euros.
Cette corrélation entre détention de crypto-monnaies et niveau de revenu s’explique par l’usage principal de ces produits financiers, à savoir l’investissement. Seuls 29% détiennent de la crypto comme un moyen d’achat.
« La petite niche des détenteurs de crypto-monnaies a tendance à être jeune et riche et se trouve sur le marché des crypto-monnaies pour rentabiliser l’investissement plutôt que de l’utiliser comme une forme de monnaie » constatent les auteurs de l’étude (IE Center for the Governance of Change).
Un tel profil sociologique ne contribue pas aujourd’hui à une démocratisation de l’usage des crypto-monnaies. Par ailleurs, les Français sont nombreux à les considérer comme trop risquées. Parmi les non-possesseurs, c’est même la principale raison (49%) de ne pas en détenir.
Un rôle de monnaie peu probable dans un avenir proche
Ils sont en outre 29% à avoir la conviction que la crypto-monnaie n’est pas utile pour faire des achats. Une telle perception joue en sa défaveur. En conséquence, « il semble peu probable que la crypto-monnaie prenne le rôle de monnaie en France dans un avenir proche. »
La marge de progression est donc plus que conséquente. Cependant, il sera au préalable indispensable d’établir « la confiance avec le public grâce à une meilleure éducation et communication » souligne l’étude.
Or cette confiance pourrait être acquise plus aisément par un acteur privé, plutôt qu’une institution ou l’autorité publique. 36% des sondés se disent prêts à utiliser une monnaie privée dès lors qu’elle permettrait des achats du quotidien et dont la valeur serait stable.
Cette différence d’intérêt par rapport aux crypto-monnaies existantes pourrait justement tenir au fait que celles-ci ne répondent pas à ces critères d’efficacité en tant que moyen de paiement et de stabilité de leur prix.
Les Français seraient-ils dès lors disposés à accueillir Facebook et le Libra ? L’ouverture à un acteur privé est significative, mais elle a ses limites. 94% des sondés répondent catégoriquement non à une monnaie fournie par Facebook.