Yat Siu, CEO d’Animoca Brands, a bien voulu nous accorder quelques minutes afin de nous expliquer sa solution pour élever le gaming web3. Selon lui, la solution se trouve à la fois dans l’éducation, mais également dans la compréhension du capitalisme.
Yat Siu : rendre forme au capitalisme au travers du web3 et du gaming
À NFT Paris, Yat Siu a profité d’un interlude pour exposer quelques points clé quant au gaming sur le web3. Selon lui, le capitalisme est cassé, et la plupart des scénarios fictifs à son propos tendent à se réaliser jour après jour.
« [Dans le modèle actuel], Ils récoltent vos données, forment un empire de la data, et ne vous donnent rien en retour. Nous ne possédons finalement rien dans le monde digital. C’est pour cela que les US détestent les cryptos : parce qu’on peut enfin être quelqu’un dans le web3 », déclare-t-il sur scène.
La différence culturelle est également un élément à prendre en compte. En Asie, de nombreux pays ont embrassé les NFTs, et un véritable boom est en train d’avoir lieu. Pour Yat Siu, CEO d’Animoca Brands, ce mouvement a du sens :
« Le web3 aligne les participants d’un réseau sur un intérêt commun. Chacun peut participer et obtenir des récompenses. [Le web3] donne aux individus le droit de propriété, la capacité de détenir un bout de réseau. »
La GameFi est-elle réellement en difficulté ?
L’année dernière, CoinGecko publiait un rapport relativement alarmant. Selon l’étude réalisée par la plateforme, 75% des projets GameFi avaient échoué en 2023. Interrogé sur les raisons de cet échec, Yat Siu se veut pourtant rassurant. Selon lui, ces chiffres ne sont, finalement, pas si élevés :
« Il s’agit d’un cycle normal et nécessaire », déclare-t-il, « C’est le capitalisme. C’est ce qui régit ce que le public veut et ne veut pas. Il s’agit d’une sélection naturelle. »
L’homme, à l’inverse, pense que la GameFi n’est pas en difficulté. À titre comparatif, le cap market de la plupart des jeux web3 – lesquels sont très souvent indépendants – est supérieur à celui des jeux traditionnels.
Par ailleurs, il ne semble pas y avoir de corrélation entre le type de jeu et son potentiel en termes de popularité. C’est d’autant plus vrai que de nombreux styles de jeux ne sont finalement jamais parvenus aux joueurs depuis les grands studios :
« Les MOBA étaient très à la mode à une époque, notamment avec League of Legends, ou encore DOTA. Aujourd’hui, le marché des MOBA est complètement saturé. Rappelons que ces jeux n’étaient pas des jeux triples A, à l’origine. L’industrie du jeu vidéo traditionnel s’est tenue à l’écart. »
Le capitalisme : la solution pour le web3 et le gaming
« Aujourd’hui, les plateformes prennent tout de vous, et décident même pour vous. Les utilisateurs pensent qu’ils possèdent, mais ils ne possèdent en fait rien du tout. Pire, ils n’ont même aucun droit de propriété sur leurs propres données. Il est nécessaire de donner aux utilisateurs un moyen d’accéder au capitalisme », déclare Yat Siu.
En effet, le pouvoir et la data paraissent centralisés autour des mêmes entreprises : Apple, Facebook, Amazon, et d’autres encore. Yat Siu pose la question :
« Pourquoi ces entreprises ne réinvestissent pas les bénéfices réalisés grâce à l’exploitation de ces données ? »
En réalité, selon lui, ces entreprises pourraient simplement payer leurs utilisateurs, mais elles décident de ne pas le faire. On revient alors à la notion totalement inverse du web3, mais aussi du capitalisme. Pourtant, d’après le CEO, un utilisateur coûterait environ 86$ aux entreprises spécialisées dans les réseaux sociaux.
Yat Siu pense donc qu’il est indispensable que les utilisateurs soient éduqués au capitalisme. Au travers de l’école, des médias, et de toute solution possible. Ainsi, il n’écarte pas l’idée d’insérer des passerelles vers la notion de capitalisme au sein des jeux vidéo. Cela permettrait non seulement d’onboarder davantage d’utilisateur, mais également de leur rendre leur souveraineté financière et numérique.
Sur le même sujet :
- D’après Yat Siu, l’incertitude réglementaire américaine en matière de crypto pourrait être bénéfique à Hong Kong
- Les jeux NFTs ne font qu’effleurer la surface des possibilités selon Yat Siu d’Animoca
- Animoca Brands investit dans la blockchain TON et en devient le plus gros validateur