
Mastercard a claqué la porte du projet de crypto-monnaie Libra en octobre dernier. Et pour son PDG Ajay Banga, cette décision s’explique par des doutes sérieux sur le modèle économique de Facebook et par un risque réglementaire.
Se brouiller avec les autorités de régulation pour faire avancer le projet Libra porté par Facebook ? Nombre d’entreprises ralliées à la crypto-monnaie ont choisi de préserver ces relations, à l’image de PayPal, comme l’expliquait son patron quelques mois plus tôt.
Ajay Banga, le PDG de Mastercard, estime lui aussi dans un entretien au Financial Times que Libra comporte des risques majeurs en termes de conformité. Identification du client, lutte contre le blanchiment d’argent, gestion des données, autant d’aspects sur lesquels les membres de Libra ne s’engageaient pas formellement, regrette le dirigeant.
Libra : d’une monnaie à un wallet Facebook
Mais les réserves de Mastercard ne se cantonnaient pas à la conformité. Ajay Banga déclare que son attitude à l’égard de Libra s’est dégradée à mesure que Facebook clarifiait ses ambitions. Selon lui, le cœur du projet n’était plus la création d’une monnaie électronique universelle, mais de soutenir le développement d’un wallet propriétaire, Calibra.
« Ils sont passés de cette idée altruiste à leur propre portefeuille » considère le PDG, pour qui un tel changement n’était pas acceptable. Et cela l’était d’autant moins que le modèle économique de Libra demeure indéterminé.
Quand vous ne comprenez pas comment l’argent est gagné, il est gagné d’une manière que vous n’aimez pas,” prévient Ajay Banga.
Collaborer à un projet en apparence non rentable et bénéficiant avant tout au portefeuille Calibra de Facebook, les atouts de Libra faisaient défaut pour Mastercard.
Mais le retrait de l’entreprise est vraisemblablement aussi motivé par des motifs concurrentiels, suggère un analyste interrogé par FT. Un système de paiement basé sur la blockchain pourrait à terme se transformer en un réseau de paiement mondial en temps réel, constituant une « menace existentielle » pour les réseaux privés tels que Mastercard.