En l’espace de 6 mois, le marché crypto a dévissé de 3 000 à moins de 900 milliards de dollars. Après des sommets atteints à l’automne dernier, le bear market s’est durablement installé. Pour mieux “nettoyer” le marché ? C’est en tout cas l’avis de Jon Cunliffe, sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre qui considère que les survivants de ce bear market deviendront les acteurs dominants de demain. Et pour cela, le déploiement d’outils comme les CBDC pourrait être une des clés.
Une analogie avec la bulle internet !
C’est en partant d’une analogie avec l’explosion de la bulle internet que le sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre est parvenue à la conclusion que les survivants d’aujourd’hui pourraient bien devenir les gagnants de demain. Selon lui, la technologie sous-jacente devrait perdurer, mais le crash que nous traversons actuellement devrait être fatal pour un certain nombre de projets.
Comme l’a détaillé Jon Cunliffe lors du Forum Point Zéro à Zurich :
L’analogie pour moi est le boom des dot-com lorsque 5 000 milliards de dollars ont été effacés des valeurs. Beaucoup d’entreprises ont disparu, mais la technologie n’a pas disparu. Elle est revenue 10 ans plus tard, et celles qui ont survécu – les Amazon et les eBays – sont devenus les acteurs dominants. Quoi qu’il arrive aux crypto-actifs dans les prochains mois, je m’attends à ce que la technologie et la finance cryptographiques se poursuivent. Elle a la possibilité d’énormes gains d’efficacité et de changements dans la structure du marché.
Mais selon Cunliffe, l’analogie ne s’arrête pas à une restructuration des acteurs du marché. Pour lui, le marché crypto va encore continuer à s’étoffer et les principaux projets pourraient devenir les GAFAM de demain.
Marché crypto : Le précédent de 2018
Si l’analogie avec les valeurs boursières a du sens, il existe aussi un précédent dans l’univers crypto, après le crash de début 2018. La plateforme Coinmarketcap compile les données du marché crypto depuis près de 10 ans. Et elle propose une fonctionnalité qui permet de retrouver à quoi ressemblait le marché à une date particulière. Fin 2017, le cours du Bitcoin connaît son premier très gros rallye. Celle qui est déjà la mère des cryptomonnaies vient alors flirter pour la première fois de son histoire avec le seuil des 20 000 dollars. Avant de sombrer. Le premier tableau ci-dessous reprend l’état du marché le 17 décembre 2017, soit au plus haut du pic du Bitcoin.
Quelques semaines plus tard, le cours du Bitcoin s’est effondré, entrainant avec lui l’ensemble du marché crypto. Et vice-versa. Le second tableau reprend une photographie du marché crypto le 4 février 2018, soit à peine 45 jours plus tard.
Entre ces 45 jours, 3 projets avaient disparu du top 10, au profit de 3 autres. Ainsi, Neo, Stellar et EOS sont venus remplacer IOTA, Dash et Monero. Il est très intéressant de noter que les trois projets sortis du top 10 entre ces deux photographies, n’ont plus jamais réussi à le réintégrer. Aujourd’hui, Dash évolue à la soixante-douzième position tandis que Monero est vingt-neuvième du classement des plus gros marketcap. Le projet IOTA occupe quant à lui la cinquante-deuxième position.
Néanmoins, le propos mérite d’être nuancé. Car ni Neo (65 ème aujourd’hui), ni EOS (47 ème) ne sont venus se démarquer plus durablement. Stellar est le projet qui a le mieux tenu puisqu’il est aujourd’hui dans le top 25 des plus gros projets crypto. Quoi qu’il en soit, à l’époque, Bitcoin, Ethereum, XRP ou Cardano avaient conservé leurs places dans le top 6. Aujourd’hui, ces projets restent toujours solidement ancrés. D’autres comme Bitcoin Cash ou Litecoin sont aussi sortis du top 10.
Les CBDC peuvent-elles jouer un rôle ?
C’est en tous les cas l’avis partagé par le sous-gouverneur de la BoE, banque centrale du Royaume-Uni. Selon lui, les stablecoins et les monnaies numériques banques centrales pourraient jouer un rôle considérable dans l’essor des actifs numériques. Et de facto, contribuer à la remontée.
La récente chute de l’écosystème Terra a exacerbé les pro-régulations qui estiment désormais impensable de ne pas réguler les stablecoins. Et parmi ces voix, s’élève celle de la Bank of England qui considère ces stablecoins comme particulièrement instables. Pour continuer à dynamiser l’écosystème la BoE compte sur les monnaies numériques banques centrales. Il faut dire que sur cet axe, l’entité plaide pour sa paroisse.
Mais de nombreuses questions restent encore en suspens sur les monnaies numériques banque centrale. Ainsi, la BoE se demande si elle doit créer une CBDC totalement indépendante ou un système plus souple et finalement plus proche des initiatives de stablecoins privés. Car derrière ce dilemme, se cache également la question de la régulation du système. Et de sa faisabilité, aux yeux des techniques cryptographiques déjà en place.
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Charles Ledoux
