Malgré les défections, la crypto-monnaie Libra poursuit son chemin et vise plus de 100 membres dès 2020. David Marcus de Facebook oppose innovation et politiques, très hostiles à Libra. Le projet a pourtant déjà contribué à faire évoluer le système financier.
Touché, mais pas coulé. Ces dernières semaines, le projet de cryptomonnaie de Facebook a connu quelques déconvenues. Plusieurs de ses membres, dont Stripe, Mastercard et Visa, ont ainsi jeté l’éponge.
Pour ne pas risquer un appel d’air, la firme a réuni en Suisse les 21 partenaires restants et formé le conseil d’administration de la Libra Association. Celui-ci est ainsi composé de cinq personnes, parmi lesquelles David Marcus, en charge de Libra chez Facebook.
Libra, l’histoire de l’innovation bridée par la politique
Conscient des pressions politiques, qui ont d’ailleurs contribué aux défections, Marcus passe à l’offensive. Interrogé par Bloomberg, le dirigeant donne le ton : « Nous allons aller de l’avant. Nous allons ajouter de nouveaux membres. »
Lundi, la Libra Association assurait que 1500 organisations avaient exprimé leur intérêt. Environ 180 répondraient à ses critères pour adhérer. Facebook prévoit d’ailleurs de porter à plus de 100 le nombre de partenaires d’ici le lancement en 2020.
Pour David Marcus, les dirigeants politiques font fausse route en s’opposant à Libra. Ils dissuaderaient ainsi « d’explorer l’innovation. » Car pour le chef de file du projet de cryptomonnaie, il ne fait aucun doute qu’il faut innover dans ce secteur.
“Le cœur de notre système financier n’a pas beaucoup évolué. Les consommateurs du monde entier en paient le prix”, souligne-t-il.
Facebook se voit donc en véritable artisan du changement. Et il aurait face à lui des partisans de l’immobilisme, hostiles à « l’innovation ». Une rhétorique pas très innovante cependant.
La position de Marcus, nombre de banquiers centraux ne la partagent sans doute pas. Le directeur de la banque centrale suédoise, Stefan Ingves, reconnaît même volontiers que Libra a joué un véritable rôle de catalyseur du changement.
Le système de paiement a besoin d’innovation, mais régulée
Interviewé par CNBC, Ingves explique notamment que cette initiative privée a encouragé les banques centrales, dont la Riksbank suédoise, à se réformer, et rapidement. La Riksbank envisage ainsi un pilote de crypto-monnaie nationale, « l’e-couronne ». D’autres banques centrales planchent sur le sujet.
La Banque d’Angleterre n’est pas plus hostile à l’innovation et partage le constat de David Marcus. Son gouverneur défend sans ambiguïté le concept des cryptomonnaies. Mark Carney souligne ainsi les lacunes des systèmes de paiement existants, dont les coûts de transfert et leur durée.
“Ce n’est pas suffisant à notre époque. Ces paiements devraient être instantanés, ce devrait être la même chose que d’échanger un billet de banque en ligne. Il devrait être pratiquement gratuit et il devrait être résilient à 100 %”, défend-il sur Bloomberg.
Mais innover ne signifie pas pour autant se rallier à Facebook et se précipiter. « Ce ne sera pas comme pour les réseaux sociaux » prévient-il. Pas question de lancer et de réfléchir ensuite à la régulation. La solution, « soit elle sera réglementée et surveillée comme il se doit, soit elle ne le sera pas » considère le gouverneur de la banque centrale britannique.
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