La crypto-bourse Huobi, un des principaux exchanges au monde, envisagerait d’acquérir son concurrent coréen Bithumb. Toutefois, des restrictions des autorités chinoises pourraient faire obstacle à une telle transaction.
En matière de Bitcoin, cinq exchanges font aujourd’hui la loi. Coinbase, Huobi, Binance, OKEx et Kraken détiennent à eux seuls 10,6% des bitcoins en circulation. Le second par la taille, c’est Huobi avec 323.665 bitcoins mi-octobre.
Binance, la première des bourses crypto, se place cependant loin devant. Comment Huobi pourrait-il en partie combler ce retard ? Par de la croissance, et notamment externe via des acquisitions. Et le Coréen Bithumb pourrait être une cible toute désignée.
La licence coréenne, un obstacle sévère pour Huobi
Selon le média local The Bell, un tel projet de rachat ne tiendrait d’ailleurs nullement de la fiction. Les dirigeants de Huobi plancheraient même très sérieusement à une reprise de l’exchange sud-coréen. Une telle fusion lui ouvrirait les utilisateurs du pays, ce sans même avoir à obtenir une licence aux conditions strictes.
Comme le souligne Decrypt, s’implanter en Coréen du Sud n’est pas une mince affaire. La réglementation impose des conditions drastiques aux exchanges. Ainsi, seuls Bithumb, Coinone, UPbit et Kobit disposent d’une licence pour fonctionner légalement dans le pays.
Pour la décrocher, les entreprises doivent être pleinement conformes aux politiques en matière de KYC. En clair, l’identité de chaque client doit être connue. D’après nos confrères, en s’emparant de Bithumb, son rival disposerait alors d’un moyen de se développer dans le pays sans avoir à obtenir de licences.
« Huobi, qui a un besoin urgent d’ouvrir un compte de confirmation de dépôt et de retrait en nom réel, semble essayer de résoudre ses problèmes par l’acquisition de Bithumb » analyse ainsi une source dans l’industrie crypto.
Une enquête chinoise empêcherait tout rachat par Huobi
Bithumb présente un autre avantage pour un repreneur que celui de la conformité légale : la rentabilité de ses activités. L’exchange réaliserait ainsi une marge opérationnelle de 60%. De quoi encourager un rachat.
Mais les cadres de Bithumb pourraient eux aussi se montrer attentifs à une proposition de rachat. L’exchange coréen connaît une année 2020 difficile. Plusieurs perquisitions de police ont en effet été menées dans ses bureaux. Des accusations de manipulation des prix des tokens visent notamment l’exchange.
Si la volonté de croissance d’Huobi est là, celle-ci se heurterait en revanche à un obstacle majeur : l’opposition des autorités chinoises. Des procédures légales dans le pays bloqueraient aujourd’hui de tels projets selon le journaliste Colin Wu. Une reprise du japonais Bitflyer pour 500 millions de dollars ne pourrait pas aboutir pour le même motif.
« En raison de l’enquête soudaine menée début novembre, les deux acquisitions seront suspendues jusqu’à la fin de l’enquête du gouvernement chinois. Le fondateur de Huobi n’est pas autorisé à quitter la Chine depuis 2017 » écrit Wu. La crypto-bourse dément cependant l’arrestation ou la détention de tout dirigeant ou fondateur.