La technologie blockchain apporte avec elle de nombreuses applications, parmi lesquelles les NFT. En l’espace de quelques mois, les NFT ont réussi la prouesse de s’introduire dans beaucoup de milieux. De plus, de nombreuses personnes qui n’appartiennent pas à la cryptosphère savent désormais ce qu’est un NFT. Mais comme tout nouveau outil, il peut être utilisé en bien comme en mal… Découvrez comment et pourquoi les organisations terroristes commencent à s’intéresser aux NFT.
Un NFT suspecté d’appartenir à l’État Islamique
Cet article fait suite à une actualité plutôt glaçante parue dans le Wall Street Journal. L’article indique que l’État Islamique lorgnerait désormais du côté des NFT. C’est la découverte d’un NFT pour le moins suspect qui amène le sujet sur le devant de la scène. Reprenons les faits.
Tout part d’un NFT suspect, celui portant le nom de « IS-NEW #01 ». Vous l’aurez compris, rien que le nom comportant « IS » pour « Islamic State » (Etat Islamique ) ne laisse que peu de doutes sur son affiliation. Son contenu est très clair également. En fait, le NFT comporte l’emblème de l’État Islamique. De plus, il contient un message en langue arabe qui comporte des mentions à « louer Allah », au « Tout Puissant », aux « combattants du Califat », etc. Le message rendrait hommage aux combattants de l’État Islamique qui combattent des positions détenues par les talibans notamment.
Ce NFT a été découvert par Raphael Gluck sur des réseaux sociaux en faveur de l’État Islamique. Raphael Gluck est le co-fondateur de la firme américaine portant le nom évocateur de Jihadoscope ! Ce NFT a été trouvé sur la marketplace OpenSea, la principale plateforme de ventes de NFT à l’heure actuelle. L’entreprise a rapidement supprimé le listing de ce NFT en vertu de sa « politique de tolérance zéro sur l’incitation à la haine et à la violence ».
Le créateur du NFT « IS-NEW #01 » n’en est pas à son premier NFT
Sans savoir s’il est membre de l’État Islamique, le créateur de ce NFT en est clairement un admirateur et supporter. D’ailleurs, cette même personne avait déjà créé deux NFT le 26 août. Sur un NFT on pouvait voir un combattant de l’État Islamique enseignant à ses élèves comment faire une bombe. L’autre NFT comportait un message qui condamnait l’usage de la cigarette. Ces deux NFT ont été présents sur deux plateformes de vente NFT dont Rarible, un concurrent d’OpenSea. Rapidement, ces NFT ont été supprimés par les plateformes.
Pourquoi les organisations terroristes pourraient se tourner vers les NFT pour leur financement ?
Si ces NFT n’ont pas été vendus, pour Raphael Gluck, ce n’est pas anodin. Il s’agirait d’une tentative pour voir comment les NFT pourraient profiter à l’organisation terroriste.
« C’est très certainement une expérience (…) pour trouver le moyen de créer des contenus indestructibles ». Raphael Gluck, co-fondateur de la firme Jihadoscope
Pour le Wall Street Journal, ce n’est plus qu’une « question de temps » avant que des organisations terroristes débarquent sur le terrain des NFT.
« Jusqu’à présent, les autorités occidentales ont paralysé d’autres canaux financiers de l’Etat Islamique, notamment en fermant les sites web de collecte de fonds et de propagande. Les plateformes de réseaux sociaux sont également devenues plus réactives aux appels des législateurs à censurer les messages jugés contraires à leur code de conduite. » Wall Street Journal
Les NFT intéressent les organisations terroristes pour deux raisons principales.
Les NFT, un nouveau type de financement
Tout d’abord, le marché des NFT représente un nouveau levier pour leur financement. Le trading de NFT est désormais une activité qui peut rapporter gros. Pour rappel, le marché des NFT a explosé suite au boom crypto de 2021. En 2021, le marché crypto a représenté une valeur totale de 41 milliards d’euros.
Si vous suivez l’actu crypto, vous avez d’ailleurs sûrement entendu parler de NFT vendus à des prix records. Certains NFT appartenant à des collections phares (Bored Ape Yacht Club, Mutant Ape Yacht Club, etc.) sont vendus pour plusieurs millions d’euros. Un beau gâteau dont certaines organisations terroristes voudraient donc avoir une part.
L’irréversibilité de la blockchain
Une autre raison provient de la nature même des NFT. Pour rappel, un NFT est un « jeton non fongible ». Cela signifie que chaque NFT est associé à un jeton (ou token) qui permet d’authentifier l’œuvre en question. Chaque jeton est unique et il est stocké sur une blockchain. Une fois que le jeton du NFT est mis sur la blockchain, personne ne peut plus l’enlever. Cette immuabilité est donc tentante pour des organisations terroristes.
« Il n’y a pas vraiment de moyen de faire tomber ce NFT » Mario Cosby, ancien analyste du renseignement général américain spécialisé dans la blockchain
Heureusement, comme l’exemple du NFT « IS-NEW #01 » l’a montré, les plateformes NFT gardent la main et peuvent décider de ne pas lister un NFT. A défaut d’empêcher son existence, ce contrôle peut permettre de réduire le trading de NFT visant à financer le terrorisme.