
C’est souvent l’une des premières questions que posent les “non-initiés” : que peut-on acheter en cryptomonnaies en France ? Disons-le tout net, pas grand chose. Du moins pour le moment. Mais les choses évoluent rapidement, grâce aux passerelles de paiement en crypto.
Les paiements en cryptomonnaies
Gucci qui accepte les paiements en ApeCoin, Tesla et The Boring Company qui vendent leurs produits dérivés en Dogecoin, ou même la compagnie aérienne espagnole Vueling qui rend ses billets payables en Ethereum et Litecoin … Ces derniers mois, les exemples d’entreprises qui ont décidé d’accepter les cryptomonnaies pour leurs services ne manquent pas.
Leur point commun : l’utilisation d’une passerelle de paiement en crypto. Une société technologique avec un agrément de type bancaire qui accepte les cryptomonnaies, les convertit en devises traditionnelles (euro, dollar, …), puis les transfère directement à l’entreprise bénéficiaire.
Dans le cas Gucci et Vueling, le partenaire en question n’est autre que BitPay. C’est le plus ancien acteur du marché, lancé en 2011 dans la ville d’Atlanta en Géorgie (Etats-Unis). La Croix-Rouge américaine, Microsoft et Twitch font partie de ses nombreux clients. Même la Wikimedia Foundation figure sur la liste des “marchands” utilisant BitPay.
Avec le module BitPay, un marchand rajoute en quelques minutes un plugin à son site – une boutique Shopify, par exemple – au milieu d’autres options de paiement. Son client n’a plus qu’à choisir la cryptomonnaie avec laquelle il souhaite payer, reçoit un QR code qu’il lui suffit de scanner pour réaliser la transaction. Et voilà. Il faut ensuite attendre plusieurs confirmations de bloc pour être sûr que la transaction soit sécurisée, un processus parfois long. Il ne vous aura pas échappé que sur Bitcoin (BTC), il faut parfois attendre pas moins de vingt minutes pour que trois blocs soient minés.

Fonctionnement des passerelles de paiement en crypto : l’exemple BitPay
BitPay, avec son concurrent Coinbase Commerce, domine pour le moment en matière de paiements crypto auprès des entreprises. Créé en 2011, Bitpay vise à fournir aux clients un accès facile à la cryptographie grâce à des produits innovants et plutôt conviviaux à l’usage.
Techniquement, BitPay fonctionne grâce à un plugin compatible avec presque tous les CMS de e-commerce, y compris WordPress, Prestashop, Shopify, WHMCS, EDD, Magento, Drupal. Il se rémunère avec 1% de frais, et son services nécessite de passer des procédures de connaissance-client (KYC).
Tout n’est pas parfait : BitPay a été critiqué en 2019 pour avoir bloqué des fonds destinés à des organes de presse indépendants basés à Hong Kong, un évènement qui a amené la communauté crypto à qualifier la société de plateforme centralisée, à la solde des gouvernements.
Les principaux points forts de BitPay :
- Plugin quasi-universel, compatible avec tous les CMS populaires du marché
- Choix étendu de cryptos prises en charge : Bitcoin, Bitcoin Cash, Dogecoin, Ether, Gemini US Dollar, Circle USD Coin, Paxos Standard USD, Binance USD, Dai, Wrapped Bitcoin et Ripple.
- Sécurisé, aucun hack d’envergure à notre connaissance
- Prend en charge les paiements sur Lightning, la seconde couche de Bitcoin
Les inconvénients :
- Entreprise centralisée
- Pas d’anonymat possible, il faut s’identifier et détenir un BitPay Wallet
Passerelles de paiement crypto : décentralisées ou centralisées ?
Une distinction-clé entre les différentes passerelles de paiement tient à leur degré de décentralisation.
Par Décentralisé, il faut entendre le processus selon lequel la passerelle est libre de traiter toutes les transactions qui lui sont soumises, en s’affranchissant de tout contrôle centralisé. Pour un processeur de paiement, cela signifierait concrètement :
- Aucune vérification d’identité : pas de procédure KYC à passer pour les clients.
- Paiements non dépositaires : les paiements ne sont jamais sous la garde d’un tiers, directement traités de pair à pair.
Par Centralisé, il faut comprendre une passerelle offrant une configuration moins technique et plus facile à l’usage, mais dont les paiements sont généralement détenus par des sociétés tierces, ce qui les rend légèrement risquées. Cela signifie :
- Une stricte conformité KYC/AML : pour éviter toute forme d’abus.
- Des règlements fiduciaires directs : pour éviter la volatilité de la crypto.

En France, le paiement crypto avance avec les géants Binance et Coinbase
Très actifs en France, les géants Binance et Coinbase proposent chacun leur passerelle de paiement crypto. Avec plusieurs arguments qui leur permettent de grappiller rapidement des parts de marché face aux passerelles historiques telles que BitPay.
Coinbase Commerce se destine avant tout aux grandes entreprises et aux PME commerciales utilisant Shopify et Woocommerce. Elle prend en charge dix devises numériques, incluant Bitcoin et Ethereum. Les paiements sont automatiquement convertis en USD par Coinbase Commerce, et Coinbase n’a aucun accès aux fonds reçus par les marchands, ce qui signifie que si une phrase de départ de 12 mots est perdue, Coinbase ne peut pas récupérer les fonds. De plus, avant de verser des fonds sur des comptes marchands, Coinbase facture des frais de transaction de 1 % pour la réception de paiements cryptographiques.
Binance Pay perce davantage auprès des commerces physiques. Binance Pay peut être configuré dans votre magasin physique pour une expérience de paiement crypto sécurisée et sans contact simplement en affichant le code QR. Une fois que vous avez intégré la solution de paiement, les clients peuvent scanner un code QR unique pour ouvrir leur portefeuille sur leur application Binance et payer instantanément.
Pour des raisons de coût, la démocratisation des paiements crypto passera nécessairement par le Lighting Network pour Bitcoin, et les Layer 2 pour Ethereum et les autres. Les solutions de seconde couche visent précisément à permettre aux blockchains de passer à l’échelle et d’absorber une plus grande quantité de transactions à frais réduits.