La nouvelle puce quantique Willow, dévoilée lundi par Google, suscite l’inquiétude parmi les investisseurs en cryptomonnaies. Surpuissante, elle fait craindre que le systèmes de cryptographie, et donc la blockchain, deviennent obsolètes.
Un changement de paradigme
Les crypto-monnaies sont-elles condamnées ? C’est la question que se posent nombre d’acteurs de l’écosystème crypto depuis lundi.
L’annonce par Google de la mise au point d’une nouvelle puce quantique surpuissante, baptisée Willow, fait peser une menace potentielle sur les systèmes cryptographiques, et donc sur Bitcoin et l’ensemble des blockchain.
En effet, selon le communiqué publié par l’équipe “Quantum AI” de Google, la puce serait capable de résoudre en quelques minutes des opérations que les ordinateurs actuels les plus puissants mettraient 10 septillions (10 000 000 000 000 000 000 000 000) d’années à calculer.
Le CEO de Google, Sundar Pinchai, s’est félicité de cette avancée dans un message posté sur X.
“Voici Willow, notre nouvelle puce informatique révolutionnaire qui permet une avancée majeure, réduisant les erreurs de manière exponentielle alors que nous changeons d’échelle en utilisant davantage de qubits, résolvant au passage un défi vieux de 30 ans. Dans les tests que nous avons effectués, Willow a résolu en 5 minutes un problème informatique qu’un ordinateur surpuissant aurait pris 10^25 années, soit bien plus que l’âge de l’Univers (!)”
Introducing Willow, our new state-of-the-art quantum computing chip with a breakthrough that can reduce errors exponentially as we scale up using more qubits, cracking a 30-year challenge in the field. In benchmark tests, Willow solved a standard computation in
— Sundar Pichai (@sundarpichai) December 9, 2024
En utilisant la mécanique quantique, la puce est capable de démultiplier la vitesse de calcul. Sans rentrer dans les détails techniques, elle utilise le fonctionnement des particules quantiques, qui évoluent à une échelle minuscule, pour fonctionner.
Il s’agit ainsi d’une technologie totalement différente de celle utilisée par les ordinateurs actuels, ce qui pourrait propulser l’informatique, et au passage l’Humanité, dans une nouvelle ère.
Inquiétudes dans l’écosystème crypto
La nouvelle a aussitôt fait réagir au sein de l’écosystème crypto. La majorité des réactions reflétaient l’inquiétude sur l’avenir de la technologie blockchain, qui repose entièrement sur la cryptographie.
Les ordinateurs quantiques sont depuis longtemps considérés comme une menace potentielle, puisqu’ils seraient capables de décrypter n’importe quel système.
Toutefois, il semble que Bitcoin et les cryptomonnaies ne soient pas condamnées, du moins pas à court terme.
Le spécialiste de Bitcoin Ben Sigman, auteur du livre “The Big Bitcoin Book”, a ainsi rappelé que la puissance de calcul actuelle de Willow (105 Qubits) n’était pas suffisante pour menacer les cryptomonnaies. Un Qubit, ou “quantum bit” est l’unité utilisée pour le calcul de la puissance quantique.
Comme il l’a expliqué, Bitcoin repose sur deux types d’encryption. ECDSA 256 pourrait être cracké, mais cela nécessiterait une puissance de calcul de 1 million de Qubits, soit bien plus que les 105 de Willow. Et l’encryption de Bitcoin repose aussi sur SHA-256, qui nécessiterait aussi plus d’un million de Qubits.
Google Willow Quantum vs Bitcoin Encryption
Today, Google announced that Willow has reached 105 qubits with improved error rates. Should Bitcoiners worry?
🚫 Short Answer: No.
🔒 Bitcoin relies on two types of encryption:
1️⃣ ECDSA 256: Vulnerable to “Shor’s algorithm,” but… pic.twitter.com/Baa8lwUVM6
— Ben Sigman (@bensig) December 9, 2024
L’entrepreneur Web3 Kevin Rose, ancien product manager de Google, est également allé dans ce sens. Selon lui, il faudrait 13 millions de Qubits pour décrypter Bitcoin, en l’espace de 24 heures.
Q: Can Google’s Willow crack Bitcoin?
Estimates indicate that compromising Bitcoin’s encryption would necessitate a quantum computer with approximately 13 million qubits to achieve decryption within a 24-hour period.
In contrast, Google’s Willow chip, while a significant…
— Kevin Rose (@kevinrose) December 9, 2024
Une menace lointaine
Vitalik Buterin, le co-fondateur d’Ethereum, avait pour sa part évoqué le sujet dès le mois de mars. Il avait estimé dans un post de blog qu’un simple hard fork pourrait permettre de résoudre le problème en cas “d’urgence quantique”.
Quoiqu’il en soit, il faudra encore plusieurs années, voire des décennies, avant de voir apparaître des ordinateurs quantiques capables de casser les systèmes de cryptage utilisés par les cryptomonnaies.
Quantum computers offer many promising applications dependent on greatly improved performance. Read how we’ve combined quantum error correction w/ our latest superconducting processor, Willow, exponentially reducing error rates w/ increasing qubit scale →https://t.co/flyuINreWy pic.twitter.com/AFcv8bPX5c
— Google AI (@GoogleAI) December 9, 2024
Et comme beaucoup l’ont fait remarquer, des problèmes bien plus importants se poseraient alors. Cela remettrait en cause les systèmes bancaires et la quasi totalité des organisations.
Enfin, rappelons également qu’une telle évolution apporterait des avancées importantes. Le chef du département Quantique du labo de Google ayant créé Willow, Harmut Neven, a cité la conception de réacteurs à fusion nucélaire, le développement de nouvelles batteries de voiture ou encore le développement de nouveaux médicaments.
Sources : Blog Google, X.
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